Il y a environ 107 partis légalement reconnus au Niger. D’autres sonnent encore à la porte. Il y a bien sûr lieu de réguler ce monde où l’éthique semble être la chose la moins partagée. Combien de partis sont aujourd’hui représentés au parlement et dans les conseils locaux ? Combien tiennent-ils régulièrement leurs instances statutaires ? Combien se présentent-ils aux élections alors que la vocation d’un parti politique est de conquérir et d’exercer le pouvoir ? Combien de partis sont financés à travers le paiement régulier des cotisations des militants ? A toutes ces questions, on répondra que très peu de partis politiques répondent aux exigences légales.
Les partis sont financés par leurs chefs souvent avec l’apport de quelques bailleurs de fonds qui ne manquent pas de dicter leurs lois aux militants, de décider envers et contre tout de ceux qui seront nommés ministres, députés, cadres de commandement etc. Les chefs et les bailleurs de fonds font la promotion, de qui ils veulent, excluent qui ils veulent. Ces partis n’en sont pas moins que des Sociétés à responsabilité limité (SARL). C’est pourquoi ils ont tendance à pousser comme des champignons. Pour une petite incompréhension, certains ont tendance à vouloir casser la baraque pour créer leur parti politique. C’est pourquoi, à notre humble avis, il faut inverser cette tendance en régulant ce domaine au nom de l’intérêt général.
La Cour des comptes tire la sonnette d’alarme…
La Cour des comptes a révélé des bizarreries très graves dans la gestion des partis politiques. Entre autres anomalies, l’on retient le fait que certains partis politiques n’ont même pas de compte bancaire, sans siège, pas de tenue de comptabilité, non-respect des conditions légales d’utilisation de la subvention octroyée par l’Etat. C’est ainsi que même au niveau des 13 partis politique qui ont présenté leurs comptes en 2013, on en trouve qui ne tiennent pas de journaux comptables, qui n’ont pas de pièces comptables, qui ne disposent pas de plan de compte, qui ne disposent pas d’un système d’enregistrement des opérations sur ordinateur etc.
Pour remédier à ces différentes anomalies, la Cour a formulé des recommandations à l’endroit des ministères de l’intérieur et Finances et des partis politiques eux-mêmes. L’Etat doit ‘’veiller au respect de la règlementation relative aux critères d’attribution de la subvention afin d’éviter des paiements indus susceptibles de constituer des fautes pénales ou de gestion ; contrôler l’effectivité de l’existence d’un siège pour chaque parti politique et contrôler l’effectivité de l’existence d’un compte bancaire ouvert au nom de chaque parti politique’’.
A l’endroit des partis politiques, la Cour recommande de ‘’mettre en place une organisation et un système comptables ; faire certifier les comptes et respecter les postes de répartition de la subvention de l’Etat’’.
Selon ce rapport 2014 de la Cour des comptes, dans la kyrielle des partis politiques 13 seulement sont en règle. Et ce rapport accable des grandes formations politiques et non des moindres. Celles-ci doivent se reprendre au risque de subir la rigueur de la loi. Lorsqu’on se donne pour mission de diriger le pays au sommet, il importe de savoir prêcher la vertu par l’exemple.
Il y a beaucoup de partis qui n’ont pas la tradition d’aller aux élections qui siègent au CNDP et qui décident, suivant leurs intérêts, de l’avenir du pays. Il faut que les modes de fonctionnement du CNDP soient revues en faisant surtout place aux partis, dans le sens noble du terme. Pour le reste, le Ministère de l’Intérieur, qui assure la tutelle des partis politiques, doit faire application de la loi dans toute sa rigueur. La bonne gouvernance prend pied à partir de là.
Tiemago Bizo
Liste des partis ayant déposés leurs comptes en 2013
ARD Adaltchi Mutuntchi, CDS Rahama, MDC Yarda, PDP Annour, PNA-Al-oumma, PNDS Tarayya, PTN Saa-aaye, PUND Salama, RACCIN-Hadin Kay, RDP Jama’a, UDPS Amana, UDR Tabbat et UDSN Talaka le Bâtisseur.