Reporters sans frontières (RSF) dénonce fermement les nouvelles poursuites judiciaires contre le journaliste nigérien Ali Soumana, accusé d’avoir publié dans son journal des documents volés. Le journaliste connu pour ses critiques contre le gouvernement de Niamey risque cinq ans de prison.
Lundi 3 juillet 2017, Ali Soumana a été incarcéré pour avoir publié, dans l’hebdomadaire Le Courrier dont il est fondateur, le réquisitoire du procureur de la république dans une affaire opposant depuis 2012 le Niger et la société Libanaise Africard.
D’abord poursuivi pour violation du secret d’instruction, les chefs d’accusation à son encontre ont été requalifiés, après une garde à vue de 4 jours et la perquisition de son domicile et des bureaux du journal. Ali Soumana est désormais accusé de “soustraction frauduleuse d’une pièce” d’un dossier judiciaire, un délit passible de un à cinq ans d’emprisonnement, selon l’article 194 du Code Pénal.
Une incarcération en violation de la loi sur la presse
Le Niger s’est doté en 2010 d’une ordonnance sur la liberté de la presse, qui interdit toute peine d’emprisonnement pour des faits commis par voie de presse, et qui ne prévoit que des amendes pécuniaires pour ces délits. Bien qu’Ali Soumana ait agi dans le cadre de son activité de journaliste, les chefs d’accusation retenus contre lui permettent de contourner cette loi sur la presse, et de le poursuivre en fonction du code pénal – dont les peines sont bien plus sévères.
RSF dénonce une violation criante de la loi de la presse. En poursuivant Ali Soumana de la sorte, les autorités nigériennes veulent de toute évidence faire pression contre le journaliste et avoir accès à ses sources, alors que l’article 16 de l’ordonnance de 2010 garantit le secret des sources. Nous demandons aux autorités d’annuler les charges retenues contre le fondateur du Courrier, et de cesser l’acharnement contre les journalistes au Niger qui ne font que leur travail d’information.
Bien connu de RSF, Ali Soumana avait déjà été poursuivi l’année dernière, il avait été écroué dix jours puis condamné à trois mois de prison avec sursis, pour “divulgation de documents saisis lors d’une perquisition et jet de discrédit sur une décision de justice”.
Le Niger a perdu 9 places depuis 2016 au Classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2017. Le pays occupe désormais la 61ème place.
Le 6 juillet 2017