Moins de deux (2) mois après sa soutenance, Dr SIDI Mahamane Laouali, Inspecteur Principal des Impôts, souligne dans cet article à paraître dans le prochain numéro de la Revue Internationale des Sciences Fiscales, la nécessité de connaître notre histoire fiscale pour mieux combattre l’incivisme fiscal et rétablir le monopole fiscal de l’état cher aux autorités de la 7 ème République. Découvrez avec nous un avant goût de cette précieuse production intellectuelle.
«C’est bien souvent en scrutant le système fiscal d’un peuple qu’on peut pénétrer sa vie intérieure, jauger sa vitalité, comprendre souvent sa grandeur et sa décadence. »
L’étude de l’histoire fiscale connaît un regain d’intérêt depuis quelques années. En se référant aux travaux récemment publiés sur le cas de la France , on se rend compte que ce site d’investigation peut se révéler fécond pour l’étude de la dynamique de l’Etat nigérien.
Ainsi, cette étude a-t-elle pour objet de démontrer qu’à partir ses dimensions socio-politiques, l’impôt est une des clés pour la compréhension de la gouvernance des entités précoloniales. Concrètement, elle a pour ambition de revisiter l’histoire précoloniale du Niger en présentant l’impôt comme un révélateur des relations entre l’Etat et les citoyens.
A cet effet, elle s’inscrit, de manière générale, dans la continuité des travaux consacrés à la construction de l’Etat en Afrique et des rapports de pouvoir qui l’accompagnent. Il ne sera donc pas question d’étudier ici les différents types de prélèvements en vigueur à cette période, encore moins les opérations s’y rapportant , mais plutôt les aspects liés à au consentement à l’impôt et à ses justifications. D’ailleurs, il y a fort à parier qu’un tel exercice puisse admirablement offrir un véritable terrain d’entente entre les fiscalistes et les historiens.
Cela étant, il nous paraît important d’apporter quelques précisions sur le Niger précoloniale en tant qu’espace-temps de manière à mieux encadrer notre objet d’étude :
– au plan spatial, il s’agit d’un vaste territoire appartenant au grand ensemble autrefois dénommé Bilad al Sudan ou « le pays des noirs » qui correspond à toute la bande sahélienne s’étendant de l’Ouest à l’Est du Cap Vert au Nil. Il déborde largement les frontières du Niger actuel allant de l’empire du Kanem-Bornou à l’Est, l’empire Songhaï à l’Ouest, le sultanat de l’Aïr au Nord, l’empire de Sokoto et les Etats Hausa au Sud; et
– sur le plan temporel, la période indiquée remonte au néolithique voire au paléolithique. Cependant, pour des raisons pratiques liées à une contrainte concernant la disponibilité et surtout la précisions des données, nous choisissons délibérément de commencer notre raisonnement par la période communément appelée le “Moyen-Age”. Selon le Professeur Jean Suret-Canale, « ce terme qui situe une période entre l’antiquité et les temps modernes ne présuppose aucun contenu spécifique, ce contenu n’étant pas le même évidemment en Afrique noire et en Europe. Toutefois, comme en Europe: la période qui va des premiers siècles de l’ère chrétienne aux XVème et XVIème siècles présente ici une unité incontestable».
L’un des faits marquants de cette période fut l’apparition des premiers grands Etats politiquement organisés et dont l’influence politique, voire économique, était parfois très étendue. Mais quelle est donc la relation entre l’impôt et ce contexte ? Pour répondre à cette interrogation, nous allons, en combinant des méthodes mises à jour par l’anthropologie et la sociologie fiscale, essayer d’aborder le rôle de l’impôt dans l’évolution des sociétés précoloniales (I) et avant de mettre en évidence son caractère à la fois religieux et politique (II).
Article à lire dans le prochain numéro de la Revue Internationale des Sciences Fiscales, inch Allah.
Par Dr SIDI Mahamane Laouali
Juriste’fiscaliste
Chevalier de l’Ordre du Mérite
MF/DGI- Niger
Tel : 0022796968816 – Email : [email protected]