Lutte contre le paludisme au Niger : Nécessité du maintien et de la poursuite des efforts en cours

Première cause de morbidité et de mortalité dans les groupes les plus vulnérables, notamment les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes, le paludisme est endémique dans tout le Niger.

En 2020, le pays représentait 3,3% des cas mondiaux de paludisme, 2,8% des décès dus au paludisme dans le monde et 6,7 % des cas de paludisme en Afrique de l’Ouest.

Des efforts inestimables ont toutefois été consentis par l’Etat et ses partenaires dans la lutte contre cette maladie, ce qui a permis au Niger d’enregistrer une baisse sensible du taux de mortalité dû au paludisme.

L’amélioration de la qualité du traitement hospitalier des cas de paludisme grave, le renforcement des capacités des établissements de soins de santé en matière de traitement des cas de paludisme, la formation des agents de santé au traitement des cas de paludisme, la disponibilité des ressources de diagnostic et de médicaments pour la prise en charge du paludisme sont autant des facteurs qui expliquent cette baisse du taux de mortalité.

La lutte se poursuit inexorablement au Niger comme en atteste l’introduction du vaccin contre le paludisme (RTS, S) dans le Programme Élargi de Vaccination de routine. Pour l’heure, cette vaccination ne cible que les enfants âgés de 6 à 16 mois.

« L’introduction de ce vaccin dans la vaccination de routine va renforcer les multiples efforts et constituer un levier essentiel, en complément à toutes les stratégies déjà utilisées contre le paludisme », a souligné le Ministre de la Santé Publique, de la Population et des Affaires Sociales, le Colonel-major Garba HAKIMI, à l’occasion de la cérémonie officielle consacrant l’introduction de ce vaccin dans le Programme Élargi de Vaccination de routine.

  • Diagnostic et traitement

Au Niger, tout cas suspect de paludisme doit être confirmé par un test de diagnostic (test de diagnostic rapide (TDR) ou microscopie), suivi d’un traitement par une combinaison thérapeutique à base d’artémisinine (CTA). Ce sont les Directives nationales sur le diagnostic et le traitement du paludisme, mises à jour en décembre 2017, qui recommandent ledit protocole.

Pour diagnostiquer la maladie, la microscopie est effectuée dans les hôpitaux de district et dans le secteur privé, tandis que les TDR sont utilisés dans les centres de santé et au niveau communautaire. Selon des données du ministère de la santé publique, en 2019, « 91% des établissements de santé offraient des tests de diagnostic rapides (88% en 2015) et « 24% la microscopie (20 % en 2015). Il est à noter aussi que « 61% des établissements de santé publique ont un agent de santé formé au diagnostic et au traitement du paludisme ».

 

  • Le paludisme chez la femme enceinte

C’est au quatrième mois de la grossesse (après accélération) jusqu’à l’accouchement, avec un intervalle d’un mois entre les doses, que le traitement préventif intermittent pour les femmes enceintes (TPI) doit commencer et ce, conformément aux Directives nigériennes sur le diagnostic et le traitement du paludisme.

Tous les cas de paludisme simple au cours du premier trimestre doivent être traités à la quinine orale en trois doses quotidiennes pendant sept jours, car les CTA sont contre-indiqués pendant cette période.

Aux deuxième et troisième trimestres, tous les cas simples doivent être traités oralement par CTA (ou avec de la quinine orale pendant sept jours s’il n’y a pas de CTA disponibles). Pour le paludisme grave, les femmes enceintes doivent recevoir de l’artésunate ou de la quinine injectable si l’artésunate n’est pas disponible ou n’est pas toléré.

Toutefois, il est malheureusement constaté que les femmes enceintes « attendent souvent leur dernier mois de grossesse avant de demander des soins ». en effet, une enquête menée en 2019 (Évaluation sur la disponibilité et la capacité opérationnelle des services, SARA) a montré que si 80% des établissements offrent des services TPI, seuls 47% d’entre eux ont des prestataires de soins de santé formés au TPI. Outre les frais de la carte de santé (200 francs CFA), tous les autres services ANC et TPI sont gratuits.

Entre 2017 et 2020, indiquent les mêmes données, « le pourcentage de femmes bénéficiant du TPIg a fortement augmenté ». Selon des rapports trimestriels du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), une diminution de la proportion de femmes recevant d’autres doses après la première a été constatée.

Le maintien de la dynamique actuelle de lutte contre le paludisme au Niger doit être préservé et renforcé à travers la poursuite de la gratuité des médicaments antipaludiques dans les formations sanitaires publiques et au niveau communautaire ; les campagnes de chimio prévention du paludisme saisonnier (CPS) ; la prévention du paludisme chez la femme enceinte ; la lutte contre les vecteurs à travers le traitement des gites larvaires, la pulvérisation extra-habitation ; la distribution gratuite des moustiquaires imprégnés ; etc.

 

Oumar Issoufa