Des grands hommes politiques, dirigeants des partis politiques de gauche et membres de l’internationale socialiste. Le premier Alpha Condé, Président de RPG est resté pendant des longues années, leader historique de l’opposition politique guinéenne. Le second, Bazoum Mohamed, N°2 du PNDS-Tarayya a aussi trusté des longues années de lutte politique à l’opposition. Malgré une différence d’âge, ils ont appris à cultiver une forte estime l’un de l’autre. En témoignent ces moments pleins d’émotions aux termes d’une grande rencontre de l’internationale socialiste zone Afrique qui s’est tenue à Niamey.
Bazoum Mohamed et Alpha Condé, bras dessus-bras dessous devant le portail du Grand Hôtel de Niamey. Bazoum Mohamed qui exprimait des vives prières pour que Condé soit élu Président de la Guinée, et le PNDS ira en Guinée pour s’offrir une grande célébration. Une prière à l’allure d’un rêve chimérique, parce qu’à cette époque, la Guinée connaissait l’une des plus atroces dictatures militaires de la sous région. Et pourtant, en 2010, cette prière est exaucée, Alpha Condé est président de la Guinée.
Tous les deux ont côtoyé une autre grande figure politique, Issoufou Mahamadou, le président du PNDS-Tarayya, leader de l’opposition politique au Niger à l’époque. Bazoum Mohamed comme camarade du parti et Alpha Condé, depuis les luttes syndicales estudiantines et plus tard au sein de l’organisation des partis de gauche, l’internationale socialiste.
Des années de pratiques qui ont forgé le respect
Des rapports de ces deux hommes politiques, Bazoum Mohamed et Alpha Condé avec Issoufou Mahamadou est né un grand respect, tous ont fini par apprécier les qualités de l’homme. Bazoum comme Alpha Condé ont tous appris à mesurer le leadership du Président Issoufou. À divers époques, dans diverses circonstances, ils ont témoigné de cet esprit visionnaire qui a caractérisé le président historique du PNDS Tarayya.
Parlant justement de cet esprit visionnaire, Alpha Condé, à l’époque Président de la Guinée a rappelé la position du Président Issoufou Mahamadou sur la situation de la Libye, c’était au cours d’une grande rencontre des chefs d’État d’Afrique. Alpha Condé disait ceci : « A Deauville, Issoufou et moi ont mis les grandes puissances en garde. N’intervenez pas en Libye, votre intervention va avoir deux conséquences : la somalisation de la Libye et la prolifération des armes chez nous. Qui connait comment la Libye était gouvernée sait que si Kadhafi n’est pas là, chaque tribu va prendre son indépendance. Donc, il n’y a pas d’État. Et tout le monde sait que la Libye est un arsenal. Voilà aujourd’hui les conséquences que nous subissons « . Alpha Condé qui témoigne ainsi de la vision d’Issoufou d’avant la crise libyenne et les conséquences au Sahel.
Des années plus tard, après les deux mandats du Président Issoufou Mahamadou, Bazoum Mohamed sera élu à la présidence de la République. Lui aussi témoignera à propos d’Issoufou Mahamadou : ce parti que vous voyez (le PNDS Tarayya), si ce n’est pas que Dieu a décidé que c’est Issoufou qui en assume la direction, et que Dieu l’a doté des qualités particulières, un bon cœur, avec un esprit visionnaire, une patience à toute épreuve, eh bien, on n’en serait pas là où nous sommes. Le premier dans la grandeur du parti, c’est d’abord Issoufou Mahamadou à travers le leadership qu’il a eu. Dieu nous a doté d’un grand leader, c’est Issoufou Mahamadou (…) ».
Destin identique
Aussi étrange que cela puisse paraître, Alpha Condé comme Bazoum Mohamed vont avoir le même parcours. Après avoir témoigné des qualités d’Issoufou, ils ont voulu aussi comploter contre lui. Qu’est-ce qui pourrait expliquer ce retournement de la situation ? Il n’y a aucune adversité entre Issoufou Mahamadou et le Président guinéen ou entre Issoufou Mahamadou et son dauphin Bazoum ? Seule explication possible, peut-être l’un comme l’autre, Alpha Condé et Bazoum Mohamed ont dû souffrir de l’ombrage que leur faisait Issoufou Mahamadou. Après ces deux mandats constitutionnels, Issoufou Mahamadou s’apprêtait à quitter le pouvoir pour organiser régulièrement des élections afin de designer son successeur.
Ce qui n’est pas dans l’ère du temps où les présidents africains s’illustrent surtout dans la rallonge de leurs mandats. Condé était justement à la manœuvre pour s’octroyer un troisième mandat. La décision d’Issoufou de quitter ne pouvait manquer de jeter une malédiction sur son projet. Condé sera renversé par un coup d’État mené par le Colonel Mamadou Doumbouya. Avant sa chute, le Président guinéen a manœuvré aussi pour torpiller la campagne d’Issoufou Mahamadou pour Bazoum. Il aurait à cet effet approché des candidats comme Mahamane Ousmane ou encore Hama Amadou qu’il aurait entrepris de financer contre la candidature de Bazoum Mohamed, soutenue par Issoufou Mahamadou.
Bazoum a-t-il aussi trahi Issoufou ? L’a-t-il fait avec une ferme intention ? Des questions que se posent beaucoup de nigériens encore. Sitôt après son élection au terme d’une campagne politique menée de bout en bout par Issoufou Mahamadou, Bazoum va vouloir prendre ses distances avec l’ancien Chef de l’État. Mieux, Bazoum va vouloir poser ses marques en tournant le dos à l’ancien président Issoufou. Dans certains milieux politiques, on parlera presque de divorce. L’entourage de Bazoum va jusqu’à mettre sur pieds, un semblant de campagne médiatique contre Issoufou Mahamadou et le parti PNDS.
Le 26 juillet 2023, un putsch militaire balaie le gouvernement de Bazoum. C’est peut-être encore un autre enseignement qui est là, porté par la fin de ces deux hommes, Alpla Condé et Bazoum Mohamed. La trahison se paie cash en politique.
Ibrahim Elhadji dit Hima