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Flambée du prix des denrées alimentaires : Le désarroi des consommateurs

La crise économique actuelle à laquelle vient s’ajouter la hausse généralisée du prix des denrées alimentaires laisse sans nul doute un goût amer chez nombre de consommateurs. Alors que s’approche à grands pas le mois du jeûne de  Ramadan, les citoyens déjà au désarroi, observent impuissants, l’envolée drastique des prix des produits alimentaires face à un pouvoir d’achat de plus en plus faible.

Dans les principaux marchés de la capitale, tout comme chez le boutiquier du quartier, les prix des denrées alimentaires ont repris leur courbe ascendante au grand dam des consommateurs. En l’espace de deux ou trois semaines seulement, les prix de certains produits ont connu une hausse avoisinant les 20 à 30%.  Rien qu’en prenant l’exemple du haricot, communément appelé ‹‹ waké ››, la mesure d’un bol qui se négociait avant à 1000 fcfa, passe maintenant à 1300 FCFA la mesure au moment où nous mettons sous presse, soit une augmentation d’environ 30% en un lap de temps, ‹‹ alors même que le Ramadan n’a pas commencé d’abord ››, s’exclame un client désabusé devant l’étal d’Ousmane le commerçant.

‹‹ Le maïs qui était à 750 francs, il y deux semaines, est passé à 800f  tandis que le mil, auparavant 750f la mesure, se négocie aujourd’hui  entre 800f et 850f ». Une hausse qui ne s’explique pas du tout, rétorque  Ousmane, commerçant au marché Dar-es Salam de Niamey.

Même s’il faut reconnaître que le prix de quelques denrées a été revu à la baisse, cela n’a guère d’incidence significative sur le portefeuille du consommateur lambda. Comme par exemple, l’huile de cuisson qui est descendue à 1000f le litre contre 1300f il y a de cela deux semaines. Idem pour le sucre qui était à 900 fcfa, revenu aujourd’hui à 800f  le kilogramme.

À dire vrai, dans la situation actuelle, beaucoup de citoyens continuent de tirer le diable par la queue pour s’offrir le repas quotidien, tant l’inflation oblige.

Maintenant, avec un pouvoir d’achat complètement réduit, ce sont les commerçants dits véreux qui arrivent à tirer leur épingle du jeu en imposant leur diktat aux consommateurs, ceci en dépit des nombreux appels à la solidarité nationale et à l’élan patriotique à la suite des sanctions de la CEDEAO contre le Niger.

Pour M. Sidi Fodi Hamidou du RASCONI (Réseau des Associations des Consommateurs du Niger), il s’avère impérieux de briser ce cercle vicieux qui consiste pour les commerçants de spéculer sur le dos des citoyens durant surtout les périodes du jeûne de Ramadan. ‹‹ La flambée des prix des denrées alimentaires semble devenue une coutume dans ce pays où chaque année, les commerçants véreux font de la fluctuation incompréhensible sur les marchés ››,  déplore l’acteur de la société civile qui milite en faveur de la défense des droits du consommateur. Il indexe surtout le laxisme des autorités publiques pour voler au secours des consommateurs. Pour lui, il incombe à l’État de ‹‹ prendre toutes ses responsabilités pour pouvoir contrôler les prix des différents produits sur les marchés ››.

Prenant la défense des consommateurs, Sidi Fodi Hamidou dit qu’il est inconcevable que les gens, parlant des commerçants, font ce que bon leur semble, alors que l’État dispose de moyens pour fixer les prix des produits alimentaires et les faire respecter par les commerçants et soulager ainsi la souffrance des populations. ‹‹ Maintenant, si rien n’est fait, ce serait un chaos ››, alerte -t-il.

La vérité est que difficilement la majorité des citoyens arrive à joindre les deux bouts. Certes, cela est dû à plusieurs facteurs exogènes, tels que la guerre en Ukraine ou encore la hausse à l’échelle mondiale du prix de l’énergie, toute chose qui a engendré la flambée des prix des produits de première nécessité.

Cependant, au Niger, il faut reconnaître tout de même que les commerçants en sont aussi pour quelque chose. D’après la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), la hausse des prix des denrées alimentaires, constitue le principal moteur de l’inflation dans l’espace de l’Union Économique Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA). Ce qui pénalise évidemment le consommateur qui observe  impuissant l’envolée des prix sur les marchés.

Une chose est sûre, seuls les gouvernants peuvent voler au secours des consommateurs désormais pris au sandwich. Mais jusqu’à quand ?

Koami Agbetiafa