Tentation d’un régime militaire indéterminé : Un coup de couteau dans le dos du peuple

La transition nigérienne semble être sous les feux de tous les tourments. Ces tourments viennent de toutes parts. Elle n’a pas fini d’endiguer les « irresponsabilités » de certains de ses animateurs, qu’elle doit faire face aux assauts de quelques « idéologues » des temps perdus qui aspirent lui donner une orientation qui ne fera plus d’elle une transition.

La dernière trouvaille de ces ouailles est d’inciter les militaires à s’éterniser au pouvoir. Pour des raisons encore inconnues, ils ne veulent plus d’une transition mais d’un régime militaire sur la durée, faisant ainsi fi du choix du peuple nigérien à la Conférence nationale souveraine et maintes fois réaffirmé dans les constitutions successives adoptées par référendum.

Le peuple nigérien a fait le choix de la démocratie comme mode de gouvernance de la chose publique. Ce choix, même s’il est tempéré par l’acceptation des transitions, ne souffre d’aucune ambiguïté. Du reste, les transitions n’interviennent que pour réguler un dysfonctionnement, puis remettre le pays sur les rails de la démocratie lorsqu’à la suite d’un événement exceptionnel, il les a quittés. Pas plus ni moins!

Tel un patient qui séjourne à l’hôpital le temps d’une cure, les régimes d’exceptions ne peuvent être que des parenthèses, des exceptions courtes qui laissent place à la norme : la démocratie.

Le soutien populaire dont ont bénéficié les transitions précédentes et celle en cours ne s’inscrivent que dans cette logique. Toute autre interprétation n’est que lourde méprise.

Cette méprise est le fruit de réflexions de quelques allergiques des régimes démocratiques. Ils se caractérisent principalement en deux catégories de citoyens. La première est constituée des profanes à qui l’on ne peut reprocher l’absurdité de leur raisonnement. Tels des incultes en politique, ils sont irresponsables socialement de leurs sottises et ne méritent point que l’on s’y attarde si ce n’est pour tenir pour responsables, ceux qui leur offrent les tribunes pour s’exprimer.

La seconde catégorie se scinde en deux sous-groupes qui ont en commun d’être capables juridiquement, mais différents dans leurs motivations. Les uns se perdent dans leur désir ardent de soutenir la marche actuelle du pays en poussant le curseur au plus haut point. Se faisant, ils perdent de vue les véritables enjeux ainsi que les conséquences qui pourraient découler d’un régime militaire à durée indéterminée. Ils sont certes excusables mais à la condition qu’ils se ressaisissent illico avant de causer à la Nation et aux générations futures des torts irrémédiables.

Les autres, quant à eux, sont totalement au fait de leurs dires ; ils en mesurent pleinement la portée et escomptent même en tirer avantage. Dans leurs calculs, ils auraient des places et des rôles à jouer dans l’appareil étatique si les organisations politiques en sont écartées. Ils sont pour l’essentiel des frustrés qui n’ont pas réussi à se faire une place dans un monde concurrentiel qu’est la démocratie et qui voient en un régime d’exception, l’occasion de prendre leur revanche sur l’histoire.

Sauf qu’une fois installé le régime d’exception qu’ils appellent de leurs vœux, rien ne leur garantit la liberté de jouir des avantages qu’ils visent. Un tel régime ne sera soumis à aucune règle de droit ; aucune limite ; aucun contre-pouvoir ; aucune fin programmée ; aucun compte à rendre…, bref un bond en arrière de plus de trente ans.

C’est donc la quête de la réalisation d’ambitions personnelles qui conduit cette bande de nostalgiques et de néo-fascistes à vouloir plonger le Niger dans les dédales de l’absolutisme autocratique. Chose qu’il sera difficile à faire passer du fait que les militaires du CNSP ont la pleine conscience de leur mission ; celle de conduire une bonne transition au Niger. Ils n’ignorent point non plus, le caractère irréversible du choix de la démocratie comme mode de gouvernance. La République est certes malade ; elle suit actuellement une cure et elle se remettra en marche avec une place plus grande à l’expression populaire à travers les élections.

Oumou Gado