Violences familiales : La stigmatisation des enfants naturels

Les enfants naturels désignent ceux-là qui sont conçus hors mariage. Dans plusieurs de nos sociétés traditionnelles, ces enfants sont le plus souvent victimes de diverses formes de violences liées justement à leur statut d’illégitime. Selon Mr Alzouma Ibrahim, chargé des programmes à l’ONG SOS FEVVF (Femmes et Enfants Victimes de Violence Familiale), les enfants nés hors mariage sont stigmatisés aussi bien dans la sphère familiale que dans la communauté.

Considérés comme de seconde zone, car arrivés en dehors du cadre légal du mariage ou par accident de l’un des conjoints avant le mariage, ces enfants subissent des formes de violences, allant de violences physiques aux violences psychologiques. Pour Alzouma Ibrahim de l’ONG SOS FEVVF, ‹‹ ces enfants ne sont responsables de leur état. Ils n’ont pas choisi venir au monde de cette manière-là. Ils ne doivent donc en aucune façon payer les frais des erreurs de leurs parents ››.

Même si aujourd’hui, les mentalités ont un peu évolué sur cette question aussi sensible, il existe encore des enfants qui, du fait de leur statut d’illégitime dans la famille et dans la communauté continuent à subir diverses formes de violences. Au nombre de ces violences, l’on peut citer entre autres, la maltraitance, la stigmatisation, le harcèlement physique ou psychologique, la négligence ou encore les privations de toute sorte.

Au niveau de l’ONG SOS FEVVF, les cas d’enfants naturels victimes de violences sont « traités au même titre que les cas de violences faites sur les enfants de façon générale », explique M. Alzouma Ibrahim. ‹‹ Des fois, quand on pousse les investigations, on arrive à savoir que cet enfant là est né hors mariage, soit sa mère n’est pas dans la maison, soit le père n’est pas là. Là, ils sont vraiment marginalisés et victimes de plusieurs sortes de violences psychologiques ››, a-t-il martelé.

Mettre fin à la stigmatisation des enfants naturels

Pour mettre fin à la stigmatisation des enfants naturels, explique M. Alzouma Ibrahim, « il importe de mettre l’accent sur la sensibilisation, le moyen idéal pour amener les parents ou ceux qui ont la charge de l’enfant, à comprendre les droits de chaque enfant, fut-il illégitime ou conçu avant le mariage. ‹‹ En face des cas de violences faites aux enfants nés hors mariage, nous sensibilisons les parents à considérer ces enfants comme étant des enfants à part entière et donc qui ont besoin du soutien de toute la famille ainsi que de la communauté ››, a-t-il indiqué.

Pour le chargé des programmes à l’ONG SOS FEVVF (Femmes et Enfants Victimes de Victimes de Violence Familiale), « ce n’est qu’au niveau de la loi islamique qu’il y a une différenciation entre les enfants qui sont nés au sein du couple marié et ceux issus de l’adultère ou enfants naturels ». Cependant, a-t-il fait noter, « la loi nigérienne est claire sur cette question et par conséquent, considère les enfants comme étant tous égaux des personnes humaines jouissant tous des mêmes droits ».

Afin de pallier toute éventualité, M. Alzouma Ibrahim préconise au père ou à la mère de prendre des dispositions de leur vivant pour  permettre à l’enfant naturel d’accéder à une donation de son héritage, le mettant ainsi à l’abri des ennuis, après son décès. Puis de préciser que ‹‹ l’enfant qui est né hors mariage n’a pas demandé à naître ainsi. C’est plutôt le fruit des erreurs de ses parents qui l’a fait venir au monde. Et si Dieu a fait qu’il soit venu au monde, je pense qu’il a des droits que les parents doivent respecter pour son épanouissement ››.

En la matière, le Niger a ratifié plusieurs instruments juridiques garantissant à tout enfant des droits, cela sans distinction d’origine sociale, de naissance ou tout autre statut. Et ce, en vertu de la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant (CADBE), ratifiée en 1996 par le Niger, visant à promouvoir et à protéger les droits des enfants en tant que personne humaine à part entière.

Koami Agbetiafa