Bazoum lâché : L’heure du difficile choix pour son entourage

Silence général dans l’entourage du désormais ancien président de la République Bazoum Mohamed. Depuis le sommet des Chefs d’État des pays membres de la CEDEAO qui s’est tenu le 10 décembre dernier à Abuja et qui s’est penché sur la situation du Niger, née du coup d’État du 26 juillet dernier que le sommet vient enfin d’entériner, aucun commentaire n’est intervenu du côté de l’entourage politique de Bazoum, d’ordinaire très actif notamment sur les réseaux sociaux.

Aucune réaction, le clan semble être en observation ou en train de changer de posture pour s’aligner sur la position de la CEDEAO, celle-là même qui, à travers des subterfuges a accepté à son sommet des Chefs d’État, la participation de certains anciens dignitaires du régime déchu, notamment l’ancien Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou et l’ancien ministre des affaires étrangères.

Pour les anciens membres du cabinet Bazoum, Daouda Takoubakoye ou encore Oumar Moussa, tous semblent marquer une pause. « On attend ». C’est le mot d’ordre de cette équipe qui pourtant, a été très active dès les premiers jours du putsch quand ils se sont retrouvés à l’extérieur du pays pour animer la communication politique relative à l’irruption de l’armée au pouvoir sous la conduite du Général de Brigade Abdourahmane Tiani.

L’ordre du jour de cette équipe d’acteurs politiques en exil s’il s’inscrit dans la logique de la CEDEAO pourrait être le lâchage du Président Bazoum Mohamed, ou en tout cas, la rupture nette avec la situation première affichée par tous les relais de soutien à Bazoum. La CEDEAO et la France, les proches de Bazoum, tous étaient pour le rétablissement de Bazoum dans ses fonctions, tous jusqu’à sa famille politique, à savoir le PNDS Tarayya avant que la menace d’une intervention militaire sur le territoire du Niger en vigueur à l’époque ne le pousse à se rétracter.

Le sommet du 10 décembre dernier a tout remisé, l’intervention militaire dont déjà plus personne ne parle apparaît très lointaine. Le communiqué final des Chefs d’Etat est encore allé plus loin, il a reconnu les autorités de la transition militaire au Niger. L’expression « tentative de coup d’État » est abandonnée, la demande de rétablissement de Bazoum dans ses fonctions tout aussi est abandonnée.

Bazoum n’est pas en prison…

Qu’est-ce qui reste désormais dans l’agenda de la CEDEAO sur la question du Niger ? La libération de l’ancien président Bazoum Mohamed, l’établissement d’un chronogramme de la transition et le sort des proches de Bazoum en exil. Pour l’entourage de Bazoum autant dire que la partie est perdue. Dès lors qu’il n’est plus question de restaurer le pouvoir de Bazoum, ce sur quoi ils se sont toujours battus, il n’y a plus aucun enjeu.

Lorsqu’on a perdu le pouvoir, on ne doit pas perdre le retour au pays. Aujourd’hui, c’est peut-être cela le principal enjeu de l’entourage de Bazoum : négocier une amnistie, obtenir des garanties de non poursuite judiciaire pour pouvoir rentrer au pays en toute tranquillité. Le silence de l’équipe est peut-être à ce prix là, « sauver ce qui peut l’être ». C’est-à-dire obtenir un retour au pays. De toute évidence, ils ont bien décrypté le discours du Président Tiani Abdourahmane qui dit que Bazoum Mohamed n’est pas en prison mais dans les locaux du palais de la présidence, là où il a toujours vécu.

Bazoum n’est pas en prison, donc il n’est point question de le libérer. La tentative d’évasion de l’ancien Président Bazoum et cette affaire du quartier Tchangaray en plus de certaines connexions présumées avec les milieux terroristes sont autant de choses qui ne plaident pas pour une remise en liberté totale de Bazoum par les autorités militaires au pouvoir à Niamey. Bazoum est dans son palais et pourrait y rester longtemps encore. Et la CEDEAO et l’entourage politique de Bazoum savent qu’ils ne pourront rien y faire. Les Chefs d’État de la CEDEAO et la famille politique ne pourront que lâcher Bazoum pour aller vers d’autres négociations beaucoup plus pratiques. C’est-à-dire celles relatives à l’amnésie et aux discussions sur le contenu d’un retour à l’ordre constitutionnel normal. La page Bazoum est aujourd’hui en train de se refermer.

Ibrahim Elhadji dit Hima