Verdict du coup d’Etat manqué du 31 Mars 2021 : Fin de partie pour les putschistes !

 

The game is over, disent les anglophones. Le jeu est bel et bien terminé pour le Colonel-major Hamadou Djibo, le Capitaine Gourouza, le Lieutenant Abdrahamane et coaccusés, fixés sur leur sort depuis le vendredi 24 Février 2023. Au total, le tribunal a condamné 27 personnes et acquitté 35 autres. Le tribunal militaire a fait montre de discernement en condamnant les vrais responsables. L’on constate la clémence du tribunal pour certains soldats qui ont eu même à tirer du fait qu’ils n’étaient que des subalternes obéissant à l’ordre de leurs supérieurs. En cela, le tribunal militaire a suivi les avocats qui ont plaidé dans ce sens, en demandant au tribunal de tenir compte de la situation des soldats qui doivent obéir sans murmure ni discussion.  

Le Colonel-major Hamadou Djibo, considéré par le ministère public comme le cerveau N°1 du coup d’Etat n’a pas reconnu les faits sur toute la ligne. Mais ses coaccusés Gourouza et Abdrahamane qui ont reconnu les faits l’ont clairement enfoncé en ce sens qu’il était l’initiateur du projet de déstabilisation.

Les principaux cerveaux, à savoir le Colonel-major Hamadou Djibo, le Capitaine Gourouza Saley Sani, le Lieutenant Abdrahamane Morou, l’Adjudant Adamou Seyni, l’Adjudant Mahamadou Halidou et l’adjudant Issaka Hamadou sont condamnés à 20 d’emprisonnement ferme. S’ajoutent 5 personnes (fugitives) qui écopent d’un emprisonnement à vie.

Quant à Amadou Boureima dit Papa, Boubacar Bagouma et Me Djibo Ibrahim, ils sont condamnés à 10 ans d’emprisonnement et 9 autres personnes à 5 ans d’emprisonnement. Puis, 1 personne à 4 ans d’emprisonnement, 1 autre à 2 ans et 2 personnes à 1 an d’emprisonnement ferme.

Le Général Bagué Seydou écope lui de 4 ans de prison ferme et le Colonel-Major Aboubacar Oumarou Dan Azoumi dit Lion de 2 ans de prison ferme. Ce sont également les cerveaux du putsch qui vont payer les 50 millions de dommages subséquents au coup d’Etat.

« Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude », dit-on. C’est du moins ce qu’on pourrait reprocher aux officiers conspirateurs du putsch manqué du 31 mars 2021. A l’annonce de cette tentative du coup d’Etat, l’on a entendu çà et là, des supputations tendant à justifier la théorie du complot ourdi à l’encontre des militaires arrêtés dans le cadre des investigations en cours pour instruire le dossier. Mais à l’épreuve des faits, il n’y a aucun doute que ces soldats sont victimes de leur propre turpitude dans leur tentative de déstabilisation des institutions de la République.

Face au tribunal militaire, le Capitaine Gourouza Sani et le Lieutenant-colonel Abdrahamane Marou ont reconnu les faits. Ceux qui ont suivi les auditions des auteurs du putsch au tribunal ont été édifiés sur cette conspiration. Ce qui place en mauvaise posture les uns et les autres, tous ceux qui auraient joué un rôle dans le cadre de cette forfaiture.

Ceux qui voudraient faire croire à la théorie du complot ont tendance à reprocher aux autorités de l’époque de vouloir diviser pour mieux régner. Il y a des plus légers, à l’image d’un certain Kaocen Maiga qui a tenu un discours truffé d’antivaleurs dont lui seul a le secret.

C’est indécent de rapporter ici ses propos, en ce sens que l’armée nigérienne est une institution républicaine. N’est-ce pas contreproductif que les plus hautes autorités de la République s’abaissent à traiter de façon discriminatoire les officiers, au regard de leur attachement aux valeurs républicaines ?

Dans le sens de la théorie du complot, on peut lire le Mondafrique qui publie le 19 mai 2021, l’article « Niger, le Président Bazoum décapite l’armée ». De façon tendancieuse, comme toujours sur le Niger, il est écrit : « Alors que les menaces terroristes se multiplient, le président Bazoum, à peine élu, coupe les têtes au sein de l’armée nigérienne ». C’est pour parler des arrestations de certains officiers, pris dans le cadre du coup d’Etat avorté du 31 mars 2021 que ledit article a été publié par ce média.

Pour parler des « têtes coupées » au sein de la grande muette, Mondafrique a cru utile de citer des noms : « L’ancien chef d’état-major de l’armée de terre nigérienne, le général Seydou Badié, relevé de ses fonctions, a été arrêté dans le cadre de l’enquête sur la tentative de coup d’Etat manqué du 31 mars dernier. Avant lui, le chef des opérations à l’état-major général des armées nigériennes, le colonel-Major Amadou Djibo qui avait été arrêté dans le même cadre, tout comme le Commandant de la zone de défense de Tillabéri, une partie du territoire nigérien se trouvant dans la zone dite des trois frontières ».

Aussi, à l’annonce du putsch manqué du 31 mars 2021, d’aucuns ont cru à une machination du pouvoir. Malgré l’arrestation des officiers déserteurs de l’armée, il y en a encore des esprits sceptiques. Mais pour les esprits rationnels, l’on ne saurait nier les faits. Et les faits sont têtus, notamment lorsque les auteurs du putsch eux-mêmes sont passés aux aveux.

C’est dire que les menaces de certains leaders, pendant la campagne électorale, ont eu des effets au sein de la grande muette. Certains chefs des opérations imprudents ont été manipulés pour détourner les hommes et les armes de leur objectif dans le seul but de remettre en cause l’ordre constitutionnel normal.

Aujourd’hui, c’est un truisme que de dire l’affaire du coup d’Etat manqué du 31 mars 2021 est loin d’être une fiction. Il y a des faits et des actes posés par des hommes, nommément identifiés. Ces derniers doivent assumer leur responsabilité. Le tribunal militaire vient de prononcer la sentence qui sied aux uns et autres, selon leur degré de responsabilité. Certains ont même été acquittés.

Elh. M. Souleymane

 

Verdict du tribunal militaire :
 *A* – *condamnés*
1. Les accusés Issa Hassane Garba, Abdoul Aziz Hama Bingui, Mamane Sani Abdoulaye, Issa Bossou et Yasser Ali Djibo, tous condamnés à l’emprisonnement à vie.
2. Hamadou Djibo, Sani Saley Gourouza, Abdourahamane Morou Idrissa, Adamou Seyni Alias Adams, Mahamadou Halidou alias étudiant et Issaka Hamadou tous condamnés à 20 ans d’emprisonnement ferme
3. Boubacar Bagouma Amadou Boureima dit Papa, Ibrahim Djibo et Moussa Hamadou condamnés à 10 ans d’emprisonnement ferme chacun
4.salifou Kaka, Hamani Oumarou, Hamani Mounkaila, Ibrahim Abdou, Boubacar Garantche, yacouba Hamadou Mamane Nouri Amadou et Moussa Abdoulaye condamnés à 5 ans d’emprisonnement chacun
5. Seydou Badje 4 ans d’emprisonnement ferme
6. Aboubacar Oumarou dan Azoumi 2 ans d’emprisonnement ferme
7. Abdou Haladou 1 an d’emprisonnement ferme
8. Seydou Soumaila 1 an d’emprisonnement ferme
 *B- Acquittés
Ousmane Cissé,
Issa Na Allah, Mourtala Diori et les soldats
Niger Inter Hebdo N0103 du Mardi 28 Février 2023