Hassane Idrissa, CMANI

Entretien avec le1er Vice-Président de la CMANI : « Le président de la CMANI doit tirer les conséquences de la décision de l’AG de Dosso », dixit Idrissa Hassane

Le 1er Vice-Président de la CMANI était face à la presse hier lundi 26 Décembre 2022. Dans un article paru en septembre dernier dans Niger Inter Hebdo, nous faisions cas de la mal gouvernance à la CMANI. Cette dernière se caractérise par le non-respect des instances statutaires et la gestion opaque et solitaire d’Alassane Abdou, le président de la Chambre des Métiers de l’Artisanat du Niger (CMANI). Le 17 décembre dernier à Dosso, l’Assemblée générale a rejeté par un vote massif, le bilan moral et financier d’Alassane Abdou. En dépit de ce désaveu, l’homme s’accroche encore au lieu de tirer les conséquences de ce camouflet. Dans l’entretien qui suit, Idrissa Hassane, 1er vice-président de la CMANI renseigne sur l’AG de Dosso et l’état des lieux de cette structure.

 

Niger Inter Hebdo : La Chambre des Métiers de l’Artisanat du Niger vient d’organiser à Dosso son Assemblée Générale (AG). Comment s’est déroulée cette instance de votre Association ?

 

Hassane Idrissa : Merci de nous donner l’occasion de partager avec vos lecteurs, la situation de la Chambre des Métiers de l’Artisanat du Niger. Pour votre information, cette instance a été retardée. Elle vient de se tenir pour la première en deux, ce qui est en porte-à-faux avec les statuts de la CMANI. Et même quand le Président du Bureau exécutif, M. Alassane Abdou a décidé d’organiser cette AG, dans son entendement, ce n’est qu’une simple formalité pour valider son bilan et projet de budget. C’est pourquoi il a prévu que tout devait se passer en une demie journée pour examiner deux rapports d’activités, deux rapports financiers, un projet de budget et questions diverses. On comprend donc aisément que le Président voulait simplement que les consulaires applaudissent et s’en est fini. Il a espéré ainsi obtenir leur quitus pour continuer sa gestion opaque et cavalière. Mais c’était sans tenir compte du fait que l’AG est souveraine et grande fut sa surprise de constater la détermination des délégués de débattre sans tabou sur la marche de l’organisation en examinant sans complaisance les questions soumises à leur appréciation. En substance, les consulaires ont relevé des manquements et ont exprimé leurs vœux de voir la CMANI gérer et fonctionner conformément à ses statuts et règlement intérieur.

 

Niger Inter Hebdo : Selon nos sources, le bilan moral et financier du Président Alassane Abdou n’a pas été validé par l’AG. Pouvez-vous donner les raisons de ce rejet ?

 

Hassane Idrissa : Effectivement, l’Assemblée Générale a rejeté le bilan moral et financier du Président et ce, pour plusieurs raisons. La première, c’est que tous les programmes d’activités et les budgets ont été conçus et exécutés par le Président tout seul. Aucune instance n’a participé ni à l’élaboration, ni à la mise en œuvre des deux exercices. Le Bureau exécutif, la Commission permanente et l’Assemblée Générale ont été royalement ignorés durant ces deux années de léthargie. Il est donc logique que les consulaires déclinent leur responsabilité par rapport à cette gestion chaotique. Deuxièmement, les fonctions de représentation ont été exercées par le Président tout seul. Il n’y a eu aucun rapport de commissaire aux comptes. Pourtant, l’article 14 des statuts précise que c’est l’AG qui vote et approuve le budget et les comptes en son alinéa 5. L’article 15 quant à lui précise que l’AG se réunit une fois par an et peut aussi se réunir en session extraordinaire sur convocation du président ou à la demande des 2/3 au moins de ses membres. L’article 27 dit que le Bureau dirige les actions de la CMANI, il prépare le budget et veille sur la tenue des comptes. Très malheureusement, Alassane Abdou s’est substitué au Bureau et a géré tout seul.

Niger Inter Hebdo : Dans un article paru en septembre dernier dans Niger Inter Hebdo, nous faisions cas de la mal gouvernance à la CMANI. En tant que 1er Vice-Président, vous infirmez ou confirmez nos sources ?

 

Hassane Idrissa : Je confirme la mal gouvernance à la CMANI étant donné que le président en deux ans de gestion, donc jusqu’à la parution de votre article, n’a jamais réuni ni le Bureau exécutif, ni la Commission permanente encore moins l’AG. Après le désaveu qu’il a enregistré à Dosso, à sa place, je rends le tablier parce que désavoué par l’Assemblée générale qui est souveraine et qui s’est tenue à Dosso le 17 Décembre 2022.

Niger Inter Hebdo : Selon vous, comment restaurer l’image et la   crédibilité de la CMANI ?

 

Hassane Idrissa : Je pense qu’il y a effectivement nécessité de restaurer l’image de la CMANI et sa crédibilité. Pour le moment, son audience se limite aux seules gesticulations le plus souvent maladroites de son président. L’Etat a confié à la CMANI une mission, elle doit l’exercer dans toute sa plénitude. Les textes qui régissent cette organisation ont prévu son mécanisme de fonctionnement. Il importe de sauver ce cadre pour le bien de la corporation et du pays. En effet, notre pays est en retard à comparer avec nos voisins. La raison principale de ce retard est liée à la mal gouvernance de la CMANI.

Niger Inter Hebdo : Quel est votre message à l’endroit de tous les acteurs et partenaires de la Chambre des Métiers de l’Artisanat du Niger ?

 

Hassane Idrissa : D’abord, je pense que le président de la CMANI doit tirer les conséquences de la décision de l’AG de Dosso qui l’a désavoué en rejetant son bilan moral et financier par un vote de 23 voix contre 13. En démocratie, on ne peut continuer à diriger les gens contre leur volonté. Je demande aux partenaires de continuer à soutenir et à accompagner la CMANI. Et à l’Etat de mettre davantage des moyens à la CMANI et d’exiger la bonne gouvernance au sein de cette organisation dans l’intérêt de ses membres et du Niger.

Propos recueillis par Elh. M. Souleymane

 

Niger Inter Hebdo N° 93 du mardi 27 Décembre 2022