Au Niger, la fin des vacances du président de la République est devenue un sujet de toutes les spéculations politiques, même les plus abjectes. Depuis la présidence d’Issoufou Mahamadou, à chaque fois que le Chef de l’Etat s’apprête à regagner Niamey après ses quelques jours de repos en campagne, les rumeurs autour d’un remaniement ministériel inondent les conversations.
Dans tous les milieux, notamment au niveau des états major des partis politiques, qu’ils soient de la majorité au pouvoir ou de l’opposition politique, au sein des structures de la société, au niveau de l’administration publique et surtout dans le milieu de la presse, le sujet à l’ordre du jour est bien entendu, « l’imminence d’un remaniement ministériel avec beaucoup de départs ».
Pour la fin très prochaine des vacances annuelles du président de la République, Mohamed Bazoum, l’heure est à toutes sortes de supputations sur un probable remaniement du gouvernement.
Citant des sources politiques anonymes, les médias ne font que rapporter avec une certaine assurance pour certains et un zèle affiché pour d’autres, comme s’ils sont dans le secret du président de la République à qui la loi fondamentale a conféré un pouvoir discrétionnaire en la matière, que tel ou tel autre ministre sera remplacé du gouvernement au profit de telle autre personnalité.
Une autre source de spéculations, c’est aussi les soubresauts et les luttes de positionnement au sein des partis politiques de la majorité au pouvoir.
Volonté de nettoyer les écuries d’Augias
« Indélicatesse de certains ministres dans la gestion de la chose publique, insuffisance de résultats pour d’autres, perte de confiance avec la direction de leurs formations politiques », telles sont entre autres raisons invoquées par les médias et certains analystes politiques pour justifier le départ très prochain de plusieurs membres de l’actuelle équipe gouvernementale à la faveur d’un remaniement du gouvernement.
La lutte contre la corruption et le détournement des deniers publics, bien qu’étant des tares difficiles à combattre, surtout dans un environnement sociopolitique comme le nôtre, reste et demeure un chantier prioritaire dans l’agenda du président de la République, Mohamed Bazoum. Et on le sait, la Cour des comptes a révélé le fait que certains membres du gouvernement traineraient des casseroles. Ceux-là ont de gros soucis à se faire au regard de la volonté du Chef de l’Etat d’asseoir une gouvernance vertueuse. « C’est pourquoi, je voudrais dire clairement ici, que quiconque a une responsabilité dans l’administration publique, répondra désormais tout seul et entièrement de ses actes. Son parti politique, sa « base », sa famille, sa communauté ne lui seront d’aucun secours au cas où son comportement devrait commander une mesure coercitive à son encontre », avertissait le président Mohamed Bazoum dans son discours d’investiture.
La détermination constante du président de la République à nettoyer les écuries d’Augias constitue une raison sur laquelle repose la rumeur persistante d’un remaniement du gouvernement.
Donner un nouveau souffle à la gouvernance
En tout état de cause, le remodelage d’une équipe gouvernementale a toujours répondu à une situation bien donnée qui peut être le contexte sociopolitique, le renforcement de l’action gouvernementale ou la réorientation de certains axes du programme politique du président de la République.
Contrairement à certaines opinions, le remaniement du gouvernement n’est pas synonyme de défaillance d’un régime, mais participe non seulement à la vitalité de la démocratie dans un pays, mais aussi au renforcement et à l’efficacité de l’action gouvernementale dans la conduite des affaires de l’Etat.
Il intervient surtout, et dans la plupart des cas, après une évaluation approfondie de l’action gouvernementale afin que des réajustements, s’ils s’imposent, soient apportés dans la mise en œuvre du programme de gouvernance sur la base duquel le président de la République a été élu par son peuple.
Toute autre considération autour d’un remaniement du gouvernement n’est que pure supputation politique, généralement entretenue par le camp adverse, juste pour amuser la galerie. Au fond, il n’en est rien de tous les calculs politico-politiciens qui sont faits par des acteurs politiques et sociaux, chacun dans l’optique d’assouvir ses intérêts ou ceux de son clan.
Mieux, quoi de plus normal pour un régime élu pour cinq (5) ans, de réajuster, au fur et à mesure qu’il s’installe, sa marche vers la réalisation des objectifs qu’il s’est fixés pendant la durée de son mandat ? Remaniement ou pas ? La question reste posée.
Oumar Issoufa
Niger Inter Hebdo N°77 du 30 Août 2022