L’on se souvient sans doute du concept philosophique de « volonté de puissance » emprunté à l’Allemand Friedrich Nietzche qui désigne l’« essence la plus intime de l’Être ». Ce concept renvoie à une pulsion fondamentale chez l’homme, qui cherche l’accroissement de la puissance. Sauf qu’autant la volonté de puissance peut être positive, c’est-à-dire créatrice, exaltant la vie, autant elle peut être négative, c’est-à-dire animée par le ressentiment, la haine, la volonté de nuire ou de dégrader. Cette deuxième version de la volonté de puissance semble être celle qui anime l’opposant Ladan Tchiana, depuis qu’il s’était autoproclamé de garde dans ce contexte où le vide semble majoritaire chez une opposition à convictions plurielles.
C’est du moins ce que l’on peut retenir en lisant les sorties sporadiques de l’opposant Ladan Tchiana, chaque fois que l’envie lui vient de s’attaquer au Président Mohamed Bazoum, dans un duel qui de toute évidence donne l’impression d’opposer une souris à un éléphant. L’un est pleinement préoccupé par l’idée qu’il est en situation de combat pendant que l’autre ne le ressentant pas, demeure serein sur les véritables préoccupations du moment, au point qu’il pourrait même piétiner un « adversaire » non identifié dans le sillage de ses pas pesants.
La vision superficielle de Ladan Tchiana, son analyse tortueuse des faits politiques et des relations internationales montrent suffisamment que les nigériens avaient vraiment eu raison en lui donnant la part du chat lors des dernières élections. Le monsieur est vraiment loin de pouvoir mériter la confiance des nigériens pour présider à leur destinée. Il aurait sans nul doute eu de meilleurs jours dans les affaires peut-être, où l’intérêt particulier est la règle générale. L’on comprend à présent qu’il fait partie de ces hommes politiques difficilement différentiables des illettrés, qui pensent du fond de leur myopie des affaires publiques que le pouvoir est le successeur naturel de l’argent.
Pour revenir sur la question du Mali qu’il considère toujours comme tremplin pour s’attaquer au président Bazoum, Ladan Tchiana semble ne pas être capable de commenter un texte, alors qu’un élève de première le ferait assez mieux. L’appel au Mali pour revenir assurer ses responsabilités est un appel naturel, du moment où le Mali est le seul pays qui a fui ses responsabilités au niveau de la zone des trois frontières. Et cette fuite de responsabilité de l’Etat malien représente la principale impédance aux efforts déployés par ses voisins et surtout par le Niger. Notre pays aurait longtemps enterré les incursions terroristes si le Mali assurait la sécurité exclusive de ses frontières. Mais le Mali a malheureusement fait cadeau de ses frontières aux terroristes de tout acabit, qui y élisent leur quartier général et perturbent les pays voisins.
Et quand Assimi Goïta, Colonel de son état, avait préféré la fraicheur du salon de Koulouba, plutôt que son rôle régalien de défendre l’intégrité territoriale de son pays, il avait en même temps opéré le choix d’offrir gracieusement le territoire malien aux terroristes, qui sont aujourd’hui devenus pour le Mali ce que le glaucome est pour l’œil. Et ce que Ladan Tchiana n’avait pas compris, le Niger de Mohamed Bazoum n’appelle pas le Mali à protéger notre territoire. Il a juste besoin que le Mali déterre la graine qu’il avait semée à nos frontières, et qui n’est pas sans impact sur l’efficacité de nos efforts. Même dans la plus parfaite obscurité, il n’est pas possible de loger une cuillère dans le nez.
Le Mali est malheureusement devenu, du seul fait d’une vision pervertie de certains hommes, ce pays à l’image de l’homme qui sous l’effet de la chaleur saute et atterrit dans le feu. Il n’a donc pas fini de sauter. Quelqu’un d’autre ne saurait aussi compter sur lui pour éteindre le feu qu’il a lui-même fui. Il n’est de ce fait pas dans la position de l’expéditeur de l’assistance. Il en est le destinataire. Et les efforts louables déployés dans la dignité et avec un sens élevé de l’hospitalité africaine, depuis dix ans par le rempart nigérien à l’endroit des populations sœurs maliennes ayant fui pour leur vie mettent cela hors de doute.
C’est pourquoi, plutôt que de se ridiculiser en interprétant tortueusement les propos du Président Mohamed Bazoum, Ladan Tchiana aurait dû soumettre ces propos aux vrais produits de la FAC, qui ne sauraient tout de même manquer dans sa petite troupe, car les mots du philosophe-président Bazoum s’interprètent dans les amphithéâtres et non au marché. Bazoum est un homme d’Etat dont l’aura est déjà allé très loin.
Disons juste que Dieu nous avait donné une chance en or, en ne nous ayant pas jetés dans les mains d’une race de politiciens qui de toute évidence comprennent les choses moins que nous-mêmes, alors qu’ils aspirent à nous diriger.
Asmane Saadou
Niger Inter Hebdo N°77 du mardi 30 Aout 2022