Hausse du prix du Gasoil : Sécuriser la consommation domestique et sauver le mécanisme national d’absorption des chocs

Le gasoil est vendu à 668f à la pompe au Niger à compter du début 1er Août contre 538f depuis 2013. Une hausse de l’ordre de 130f qui paraît incomprise par beaucoup de consommateurs. La raison est que notre pays produit et raffine ledit produit. Un argument léger et fortement trompeur au regard du contexte international. Explications !

La stabilité des prix observée ces 9 dernières années était le résultat d’une subvention de l’Etat méconnue du grand public. Elle a consisté à vendre à la SORAZ le pétrole brut 40% en dessous du marché international. Pour être plus concret, l’Etat du Niger renonçait ainsi à 10 dollars sur chaque baril ce qui représente un manque à gagner de 43 milliards de FCFA/an.

En plus de cela, la SONIDEP (une société d’Etat) a supporté, depuis 206, plus de 5 milliards d’incidence par an, afin d’absorber l’augmentation du prix de cession pratiqué par la SORAZ. Ajoutez-y « supporte plus de 13 milliards de FCFA de différentiel par an » dans la cession du carburant à la NIGELEC afin de favoriser un fonctionnement régulier des centrales et surtout assurer un prix bas de l’électricité. Il est également bon de rappeler ici la péréquation effectuée par la SONIDEP sur le transport qui permette un prix identique du carburant sur toute l’étendue du territoire national. Autant de charges sur les finances de la SONIDEP qui n’ont pas manqué d’impacter son équilibre.

Ce sont donc ces mécanismes qui ont permis à notre pays d’échapper aux fluctuations observées sur le marché international ces dernières années, contrairement à la vision fantasmagorique répandue. Quand la colonne vertébrale de ce mécanisme est affaiblie il faille la consolider afin qu’elle continue à jouer ce rôle ô combien important pour notre économie.

Du reste cette constance du prix bas du gasoil a été la principale cause de la ruée vers le Niger des consommateurs sous régionaux car le produit reste disponible et son coût est resté inchangé et bas. Cette ruée a fait exploser la consommation intérieure de gasoil qui est passée de 23 millions de litres à 50 millions de litres. Ce doublement de la consommation a également doublé le montant de la subvention de l’Etat mais au profit cette fois-ci des consommateurs extérieurs ayant trouvé au Niger l’eldorado.

« Il a, à ce titre, été observé il y’a de cela quelques semaines, un risque important de pénurie du gasoil sur l’ensemble du pays (…) conséquence en réalité d’une consommation essentiellement étrangère sûre et en dehors du territoire nigérien », indique une source officielle.

Que faire ?

C’est à cette question pratique que les autorités nigériennes viennent d’apporter une réponse réalité pour ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Et dans l’impossibilité de raréfier le produit pour les autres, à cause de la porosité des frontières et de la libre circulation des véhicules et des biens, une analyse approfondie a permis de déceler la réalité d’une diminution de ce phénomène, par la réduction de l’écart des prix entre le Niger et ses voisins. C’est pourquoi aligner le prix du gasoil à ceux pratiqués dans la sous-région parait être la chose la plus judicieuse à faire pour garantir la disponibilité du produit sur le marché domestique.

Ainsi en alignant le prix du gasoil sur celui du Bénin d’où proviennent près de 70% du trafic des camions en provenance des ports de Cotonou, Lomé, Tema etc… ces camions s’approvisionneront ailleurs qu’au Niger et ce faisant la pression subit par la SONIDEP se réduira lui permettant de sécuriser la consommation domestique et reconstituer les stocks et parer, malgré tout, à une probable pénurie;  les prix d’achats à l’international étant beaucoup plus élevés que ceux nouvellement adoptés au Niger.

Ces deux derniers points sont les principales raisons ayant guidé cette décision et c’est cela que doivent comprendre les nigériens. Gouverner c’est prévoir, dit-on. Les plus hautes autorités ont décidé de mettre en avant les intérêts du pays. Entre deux maux, la sagesse nous recommande de choisir le moindre. Autrement dit, face à une alternative où chaque issue est douloureuse, il faut quand même se résigner à faire un choix raisonné. C’est ce que le gouvernement du Niger a fait sous l’impulsion du chef de l’Etat, SEM Mohamed Bazoum.

Oumou Gado

www.nigerinter.com