« A part cet incident de fraudes qui est désormais derrière nous, tout est rentré dans l’ordre et le processus se passe normalement », déclare le Haut-commissaire Ibrahim Kaigama
Le processus du Hadj 2022 est à un tournant décisif. Le 1er vol est prévu pour ce 23 juin 2022, selon le Haut-commissaire du COHO, Monsieur Ibrahim Kaigama. Dans l’entretien qui suit, il fait un état des lieux de l’organisation de l’édition du Hadj 2022.
Niger Inter Hebdo : Monsieur le Commissaire, quel est l’état des lieux de l’organisation du Hadj 2022 ?
Ibrahim Kaigama: Nous sommes aujourd’hui à l’organisation pratique du Hadj. Nous venons de tenir une réunion avec tous les membres de l’organisation du Hadj. Tous les comités sont mis en place et leurs responsables désignés. Ils doivent s’atteler à exécuter les tâches à eux confiés. Nous avons fini avec la phase inscription des pèlerins à travers le système de gestion automatisée pour le Hadj et Oumra (GAHO). A partir du dimanche 18 juin, c’est la phase pratique qui commence, c’est-à-dire comment s’organiser pour faire en sorte que l’embarquement qui est prévu le 23 juin prochain puisse être effectif comme prévu. Il incombe alors au ‘’Comité opérations’’ de créer toutes les conditions pour que le 1er vol ait lieu à la date et heures programmées. Le COHO a pu constituer les différents groupes et l’équipe d’encadrement technique en prélude à l’embarquement des pèlerins pour la terre sainte.
Niger Inter Hebdo : Il était question de fraudes à l’ouverture des inscriptions sur le système GAHO et vous avez même eu à sanctionner certaines agences de voyage Hadj et Oumra. Qu’en est-il des suspicions de fraudes dans l’organisation de l’édition du hadj 2022 ?Ibrahim Kaigama : Ces questions d’inscription et de fraudes sont aujourd’hui derrière nous. C’était le 6 juin au lancement des inscriptions que nous avons eu à faire à ce que vous venez d’évoquer. Cela est lié à certains défauts dans le système. En effet, on ne s’attendait pas à se retrouver avec jusqu’à 1400 utilisateurs en même temps sur notre serveur. Le système est conçu pour 210 utilisateurs qui correspond au nombre des agences agréées et qui sont autorisées à inscrire leurs pèlerins. Mais contre toute attente, le premier jour du lancement, on avait constaté qu’il y avait plus de 1400 utilisateurs au lieu de 210 attendus au maximum. Après ce constat, notre investigation nous a permis d’identifier les responsables. C’est justement à la suite de cela que six (6) agences ont été sanctionnées. A part cet incident de fraudes qui est désormais derrière nous, tout est rentré dans l’ordre et le processus se passe normalement.
Niger Inter Hebdo : Qu’en est-il du respect des conditions du Hadj 2022 telles qu’édictées par le royaume d’Arabie Saoudite ?
Ibrahim Kaigama: Dès l’annonce des conditions du Hadj 2022 par les autorités saoudiennes, nous avons en temps réel convoqué tous les chefs d’agences de voyage à une réunion d’informations pour qu’ils puissent se conformer rigoureusement aux nouvelles exigences du Hadj. Il faut dire que le Hadj 2022 est un Hadj spécial : spécial dans le nombre des pèlerins autorisés pour le Hadj, spécial également parce que nous avons raté deux éditions, ce qui fait que le nombre de candidats au Hadj est très important. Le Hadj 2022 est spécial aussi parce qu’une catégorie de personnes a été exclue notamment les personnes âgées de plus de 57 ans. Je puis vous dire qu’à l’étape actuelle, les chefs d’agences ont satisfait aux conditions du Hadj 2022.
Niger Inter Hebdo : Le transport aérien constitue la pomme de discorde dans l’organisation du Hadj au Niger. Peut-on dire qu’il n’y a pas de soucis à se faire cette année ?
Ibrahim Kaigama : Je ne vois pas cela en termes de pomme de discorde. Je dirais plutôt que la principale difficulté à laquelle le COHO est confrontée c’est la désorganisation de l’embarquement où le COHO n’arrive pas vraiment à maitriser le flux des pèlerins. Pour mieux maitriser la situation, cette année, nous avons pris des dispositions de nature à nous donner le chiffre exact des pèlerins. En effet, nous avons décidé d’instaurer un système (le tourniquet) qui permet de contrôler à l’embarquement que les pèlerins régulièrement inscrits à l’aide d’un appareil adéquat. En amont, le tourniquet est synchronisé au GAHO (système automatisé pour le Hadj et la Oumra). C’est dire que ce système ne reconnaitra que ceux qui sont inscrits dans le GAHO. Et tous les inscrits auront une carte d’accès à l’aérogare. A la fin du passage des pèlerins, le tourniquet va nous délivrer le manifeste de tous ceux qui ont pu traverser. Tout fraudeur sera détecté par l’appareil qui signale automatiquement la fraude à travers une sonnerie. En principe, ce système sonne le glas de la fin de la pagaille dans l’organisation du Hadj au Niger.
Niger Inter Hebdo : Cette année, le prix du Hadj est jugé très élevé par rapport aux éditions antérieures. Comment expliquez-vous cette hausse du tarif du Hadj 2022 ?
Ibrahim Kaigama: Par rapport au prix, c’est vérifié que le prix du Niger est l’un des plus faibles de la sous-région. Ailleurs, on est à plus de 4 millions, nous sommes à 3 millions. Certes, c’est élevé par rapport au train de vie des nigériens, mais à comparer avec les autres pays, on peut dire que c’est acceptable. Et je dois vous avouer que ce résultat obtenu au niveau de ce prix découle des efforts des plus hautes autorités qui ont veillé à ce qu’on ait le tarif le moins disant. L’Etat subventionne le COHO en faisant en sorte que le pèlerin ne paie rien dans le fonctionnement et les prestations du COHO. Toutes charges et missions sont prises en charges par l’Etat de sorte que le COHO ne demande pas un franc au pèlerin. Nous avons fait 3 missions au royaume d’Arabie Saoudite pour négocier le tarif et d’autres prestations à la charge de l’Etat. Dans certains pays, même les frais de communication du Commissaire et de son équipe, sont pris en charge par les pèlerins. Je profite de cette occasion pour remercier les plus hautes autorités de notre pays pour leur soutien au COHO pour faciliter le Hadj aux pèlerins du Niger.
Niger Inter Hebdo : Le Niger est un mauvais élève en Arabie Saoudite en matière d’hygiène, à comparer avec les autres pays. Que comptez-vous pour soigner l’image du Niger au royaume ?
Ibrahim Kaigama: Cette année, nous comptons prendre des mesures pour que les conditions de séjour s’améliorent. Je vous informe que même le royaume d’Arabie Saoudite a pris des mesures. Nous venons de tenir une réunion avec les acteurs, c’est l’un des points qui a été largement débattu. Cette fois-ci, nous allons faire en sorte que les membres de l’organisation du Hadj à tous les niveaux s’impliquent de bout en bout pour le respect de l’hygiène. Le deuxièmement, c’est la sensibilisation des pèlerins. La réalité aussi, c’est que beaucoup de pèlerins viennent du monde rural. Ils ne sont pas habitués aux nouvelles conditions de vie du pèlerin. Il faudrait que les agences mettent un accent particulier sur la sensibilisation.
Niger Inter Hebdo : En tant que premier responsable de l’organisation du Hadj au Niger, quel est votre message à l’endroit des pèlerins, les responsables d’agences et tous ceux qui interviennent dans le processus d’organisation du Hadj ?
Ibrahim Kaigama: Je voudrais que les gens comprennent que cette année, c’est un Hadj spécial et chacun doit s’ajuster pour assurer un Hadj dans des conditions acceptables à nos concitoyens candidats à ce voyage singulier. Mon vœu, c’est de voir tout le monde assumer sa part de responsabilité pour un bon déroulement de ce processus du Hadj 2022.
Interview réalisée par Elh. M. Souleymane et Abdoul Aziz Moussa
Niger Inter Hebdo N°68 du Mardi 21 juin 2022