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Choguel Maiga et Abdoulaye Diop : Deux ‘’scieurs de bois et porteurs d’eau’’ de la junte malienne

Le jeu trouble de la junte malienne a apparemment atteint ses limites objectives avec le désaveu asséner par Poutine à Goïta et Choguel dans leur prétention de traiter d’Etat à Etat avec les russes. Les effets des sanctions de la CEDEAO et l’érection d’une opposition composée d’une coalition de partis politiques sont en passe de marquer un coup d’arrêt à la posture d’autarcie et de défiance de la Communauté internationale. Dans cette épreuve infligée aux maliens, le Premier ministre Choguel Kokalla Maiga et Abdoulaye Diop, ministre des affaires étrangères constituent les fossoyeurs aux cotés de la junte.

Dans l’œuvre de démolition des régimes démocratiques en Afrique de l’Ouest, le cas du Mali constitue un exemple type de fuite en avant, une régression démocratique et des relations internationales dans ce pays. Sous Goïta, le Mali a fait le choix de la facilité sur fond de ‘’victimisation et martyrisassion’’, pour parler comme le diplomate malien Cheikh Sidi Diarra. Si ça ne va pas au Mali, c’est la faute de la France et les autres. Et on impose au peuple cette pensée unique érigée en philosophie politique comme s’il suffisait de se replier sur soi pour transformer la réalité. Tout malien digne de ce nom doit s’y conformer de sorte que, de proche en proche, le Mali vit un air d’authenticité et d’unanimisme à la Mobutu de l’ex Zaïre. Tout celui qui ose dire non au nouvel ordre politique au Mali serait un mal pensant, un criminel qu’il faut juger et condamner selon les desiderata des maitres de Bamako. L’économiste Etienne Fakaba Sissoko a eu presque le sort de Galilée pour avoir alerté l’opinion que le Mali ne tiendrait pas deux mois sous l’embargo de la CEDEAO. Il croupit en prison après été jugé comme un renégat.

Le très controversé Choguel Maiga

Ingénieur des télécommunications de profession, il est proche de Moussa Traoré. Il a été membre de l’Union nationale des jeunes du Mali, association fondée par le régime dictatorial. En février 1997, il devient président du Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR), parti politique se réclamant de Moussa Traoré. »

En 2002, il se présente à l’élection présidentielle où il obtient 2,73 % des voix au premier tour avant de soutenir au second tour Amadou Toumani Touré.

 En vue des élections législatives de 2002 il s’allie au Rassemblement pour le Mali (RPM) d’Ibrahim Boubacar Keïta et au Congrès national d’initiative démocratique (CNID) dans la coalition Espoir 2002. Choguel Kokalla Maïga a été ministre de l’Industrie et du Commerce dans les gouvernements d’Ahmed Mohamed ag Hamani du 16 octobre 2002 au 28 avril 2004 et d’Ousmane Issoufi Maïga du 2 mai 2004 au 27 septembre 2007.

En janvier 2015, il fait son retour au gouvernement en étant nommé ministre de l’Économie numérique, de l’Information et de la Communication2. Le 7 juillet 2016, à l’occasion d’un remaniement, il n’est cependant pas reconduit à son poste et est remplacé par Mountaga Tall.

Le 28 mai 2021, peu après son coup d’État contre N’Daw et Moctar Ouane, Assimi Goïta, annonce que le poste de Premier ministre reviendra au M5. Celui-ci désigne Choguel Maïga pour la fonction. Choguel Maïga est formellement nommé le 7 juin 2021, après la prestation de serment de Goïta à la Cour suprême, renseigne Wikipédia sur la biographie de Choguel Kakalla Maiga.

Tanguy Berthemet écrivait en octobre 2021 dans le Figaro :« Si la crise et les secousses qui déchirent la relation entre la France et le Mali devaient avoir un visage, ce serait sans nul doute celui de Choguel Kokalla Maïga. Un concept à la mode le dirait clivant ». Dans sa propagande populiste pour asseoir la ‘’Refondation’’, Choguel a crié sur tous les toits comme un perroquet que le Mali entretient des relations d’Etat à Etat avec la Russie non pas avec les mercenaires du Groupe Wagner.

Très malheureusement, Poutine désavoue ce Premier ministre et idéologue de la junte et dément la présence au Mali de formateurs militaires russes au Mali. Un confrère d’ivoirsoir.net commentait : « Cette sortie en forme de gifle aux autorités maliennes de transition – du locataire du Kremlin – prouve bien que la Russie préfère continuer à vendre son gaz à prix d’or à l’Europe plutôt que de s’aliéner ses clients pour un lointain pays du Sahel parmi les plus pauvres de la planète. »

Mais Choguel n’est pas à son premier écart. C’est sa nature apparemment de dire une chose et son contraire. Le comble du ridicule, c’est quand, dans une autre posture, Choguel haranguait sur le régime militaire. Il disait dans une vidéo qui a fait un effet viral : « Nous avons aujourd’hui un gouvernement militaire, composé des militaires, les civils qui sont là sont nommés par les militaires. Et aujourd’hui ils veulent une Assemblée dont les membres sont nommés par les militaires et présidée par des militaires. Le M5-RP ne peut pas se rendre complice de l’installation du régime militaire qui ne rend service ni au Mali ni à la démocratie et à notre armée». Quelques semaines après, il est nommé Premier ministre par les militaires et se pavane en tenue militaire pour mener les maliens en bateau.

Abdoulaye Diop, ministre ‘’girouette’’

L’actuel chef de la diplomatie de la junte malienne, Monsieur Abdoulaye Diop a travaillé pour toutes les autorités maliennes depuis 1991, dont la corruption et l’incompétence sont aujourd’hui dénoncées par la junte malienne. Abdoulaye Diop a notamment œuvré pour un 3ème mandat d’Alpha Oumar Konaré, lorsqu’il était président-fondateur du comité de soutien à l’ancien chef de l’Etat, apprend-on. Il aurait ainsi poussé un projet de modification de la constitution malienne pour qu’Alpha Omar Konaré puisse briguer un mandat supplémentaire.

Diop a été favorisé, dans sa désignation au poste de ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale en 2014, par sa proximité avec Karim Keita, fils du président Ibrahim Boubacar Keita (IBK), qu’il a rencontré au Canada. Il aurait rendu des services à la famille Keita lorsqu’IBK connaissait de difficultés financières.

Abdoulaye Diop a été le principal artisan de l’accord d’Alger que les autorités maliennes critiquent aujourd’hui. C’est même lui qui l’a signé, en tant que Ministres des affaires étrangères, sous IBK. A. Diop était francophile, alors qu’il était directeur de cabinet du président de la Commission de l’Union africaine, rappelant régulièrement, lors de réunions multilatérales, que la France était ‘’incontournable au Sahel’’.

Le chef de la diplomatie de la junte serait évincé de l’Union Africaine dans des contions mystérieuses. Alors qu’il était directeur de cabinet du président de la commission de l’union africaine Mahamat Moussa Faki, une enquête a été menée à partir de juin 2018 au sein de la structure au sujet d’allégations de harcèlement de discrimination et de corruption, apprend-on des sources bien renseignées. Le rapport d’enquête, sous la direction de Bineta Diop, n’a pas été rendu public, mais Abdoulaye Diop a quitté l’institution.

Selon certaines sources, c’est justement par des affaires de prévarication que Abdoulaye Diop serait tenu en respect par la junte. Sa position actuelle au sein de la junte est fragile dans la mesure où celle-ci est due à des dossiers de prévarication que ‘’tiendrait’’ la junte contre lui et qui le forcerait à être ‘’jusqu’au boutiste’’ contre la CEDEAO et la France.

Tiemago Bizo

Niger Inter Hebdo N°55 du mardi 15 février 2022