Ibro Na Allah Amadou, journaliste à la retraite

Médias : La pratique du journalisme au Niger vue par Ibro Na Allah Amadou

 

« Ce déficit de la presse nigérienne est lié au fait que beaucoup de personnes embrassent ce métier sans connaître le b.a.-ba du journalisme », déclare Ibro Na Allah Amadou

Ibro Na Allah Amadou est journaliste à la retraite. Il a fait sa carrière à l’Office de radio et télévision du Niger (ORTN). Il fut également Directeur général de l’Agence nigérienne de presse (ANP). Il a animé récemment une formation sur les genres rédactionnels à l’atelier de renforcement de capacités des journalistes organisé par l’Institut national de la statistique dans le cadre du recensement général de la population et de l’habitat. A travers cet entretien, il donne son opinion sur la presse au Niger et renseigne sur la pratique journalistique.

Niger Inter Hebdo : Avec le recul, quel est votre regard du professionnel aguerri sur la presse nigérienne tant publique que privée ?

Ibro Na Allah Amadou : Merci de m’avoir donné la parole. Je suis effectivement à la retraite depuis plus d’un an. Cependant, je continue à enseigner notamment à l’Institut de formation aux techniques de l’information et de la communication (IFTIC). Concernant la presse au Niger, je constate tout simplement qu’elle est en déclin depuis plusieurs années maintenant. Certes, il y a eu quelques avancées dans le domaine de la liberté de la presse. Mais beaucoup reste néanmoins à faire, surtout dans le domaine de la formation et de l’appui financier et matériel à apporter aux médias tant publics que privés.

Niger Inter Hebdo : Votre communication a porté sur les genres rédactionnels.  Comment réussir son reportage ou son interview ?

Ibro Na Allah Amadou : Pour réussir son reportage ou son interview, il faut toujours se documenter. Dans tous les cas, un journaliste doit avoir une bonne culture générale mais aussi et surtout une bonne maîtrise de la langue, notamment la langue française en ce qui nous concerne.

Niger Inter Hebdo : Le reportage et l’interview sont considérés comme des genres majeurs en journalisme, à l’image de l’enquête, le commentaire ou le portrait. Très peu de journalistes font de reportage et d’interview aujourd’hui dans la presse nigérienne. Comment expliquez-vous ce déficit de notre presse ?

Ibro Na Allah Amadou : Ce déficit de la presse nigérienne est lié au fait que beaucoup de personnes embrassent ce métier sans connaître le b.a.-ba du journalisme. Or, c’est un métier comme un autre qui a ses règles qu’il faut respecter.

Niger Inter Hebdo : Vous êtes également formateur à l’IFTIC, on se rend compte que la baisse de niveau affecte également les étudiants sortis de l’IFTIC. Que faire pour inverser cette tendance ?

Ibro Na Allah Amadou : Pour remédier à la baisse du niveau des étudiants et autres apprenants aussi bien à l’IFTIC que ceux des autres établissements, il est impératif qu’on améliore de prime abord leur niveau en français. Cela est valable pour tous les ordres d’enseignement.

Selon vous, qu’est-ce qui incombe aux acteurs pour une presse responsable et de développement au Niger ?

Ibro Na Allah Amadou : Il faut que les journalistes soient bien formés et qu’ils respectent l’éthique et la déontologie du journalisme. Mais aussi l’ensemble des textes régissant le secteur des médias. Cela est également valable pour les acteurs politiques, économiques, etc…

Propos recueillis par Elh. M. Souleymane