Ladan Tchiana et Soumana Sanda

Accusation de trahison au sein de l’opposition : Ladan Tchiana accuse ses amis de duperie !

La réplique de Ladan Hamidou Tchiana à un message d’un activiste de Lumana sur Facebook conforte la déchirure profonde au sein de l’opposition politique. Le leader de Amen Amine accuse ses amis politiques de négocier en catimini d’avantages et faveurs du régime. Pire, il classe d’autres dans la catégorie des complices ou détourneurs des deniers publics. Mais Tchiana se prend-il au sérieux en taxant de trahison ses amis de Lumana ?

 

Réduite à sa plus simple expression depuis que le Président de la République, Mohamed Bazoum, a véritablement pris les règnes du pouvoir, l’opposition politique nigérienne en dépit de sa posture post-électorale iconoclaste, commence à faire le deuil de sa cohésion et son unité. Un régime qu’elle disait ne pas reconnaitre aux termes d’un processus électoral inclusif, transparent et honnête, salué par l’écrasante majorité des Nigériens et de part et d’autre à travers le monde.

Jusqu’à l’investiture du Président Bazoum, le 2 avril 2021, l’opposition explorait, à travers divers subterfuges, les voies et moyens devant conduire à la remise en cause du processus ayant permis au Niger de réussir sa première alternance démocratique.

Des nombreux recours fantaisistes auprès de la Cour constitutionnelle ont également été formés par l’avocat du candidat malheureux à la présidentielle du 21 février 2021, le président du RDR Tchanji, Mahamane Ousmane. Et comme on pouvait s’y attendre aucun des recours exercés n’a pu prospérer devant le juge constitutionnel. Après tous ces épisodes d’échec, l’opposition avait annoncé qu’elle portera son contentieux devant la Cour de justice de la CEDEAO. Depuis lors, plus rien. Mahamane Ousmane se trouve seul avec quelques bras cassés à mener la bataille post-électorale.

A l’épreuve des faits, et devant les multiples échecs de leurs ses plans machiavéliques visant à semer la chienlit dans le pays et le rendre invivable, les faiseurs de roi au sein de l’opposition semblent à tout point de vue revenir à la raison, d’autant plus qu’ils sont convaincus de la faiblesse de leurs arguments et du caractère anachronique de leur posture politique.

Ladan Tchiana accuse….

En dépit de sa trahison en quittant Lumana, Hama Amadou avait fini par pardonner à Ladan Tchina. A preuve, son retour au bercail en compagnie de ce dernier en dit long sur la complicité entre les deux hommes politiques. Mais, comme qui dirait, le diable est dans le détail. Un activiste des réseaux sociaux Lumana FA écrit sur Facebook : « Notre opposition n’est championne qu’en selfie photos aux baptêmes et aux mariages ».

Sur son compte twitter, Omar Hamidou Tchina alias Ladan Tchiana réplique en ces termes : « Prière de préciser que ces champions de selfies, le sont également dans la négociation en catimini d’avantages et faveurs avec @mohamedbazoum tandis que d’autres se rendent complices des atteintes aux deniers publics par des marchés frauduleux. » Et comme pour confondre Ladan Tchiana, un autre leader de Lumana renchérit sur Facebook : « En politique, la trahison de la trahison est-elle une trahison ?» Ces échanges traduisent le profond malaise au sein de l’opposition nigérienne. Le moins qu’on puisse dire c’est que cette opposition a fait le deuil de son unité et de sa cohésion. Elle est au bord du gouffre, pour ainsi dire, tant son éclatement ne souffre d’aucune ambiguïté au regard de sa nouvelle configuration. Une opposition politique désagrégée, très diminuée, avec à sa tête des leaders peu représentatifs. Une opposition boudée par le principal parti de l’opposition, à savoir le Moden Fa Lumana qui compte plus de députés à l’Assemblée nationale que les autres partis membres de la coalition, dont le RDR Tchanji du candidat malheureux au second tour de l’élection présidentielle. Disons-le tout net, aujourd’hui on ne peut parler que de portions de l’opposition tant elle est éclatée et éparpillée en différentes obédiences.

L’amnésique Ladan Tchiana…

Après avoir été limogé du gouvernement, Ladan Tchiana fut éjecté de la majorité malgré lui. Ce qui constitue en soi un camouflet car il faut savoir quitter les choses avant qu’elles ne vous quittent, dit-on. Le dimanche 29 juillet 2018, le parti Amen Amine que préside l’ex ministre d’Etat Omar Hamidou Tchiana venait de souffler ses 3 bougies. Ladan Tchiana, comme l’appellent ses intimes, était dans une sorte d’hibernation depuis sa disgrâce lorsqu’il a été limogé du gouvernement. Cet anniversaire avait mis en évidence l’immaturité politique de cet homme à la fois passionné et imprudent.

Un anniversaire qui avait vu la participation des partis politiques de la mouvance présidentielle ainsi que de l’opposition. Dans son allocution à cette occasion, l’on retient surtout sa critique de la loi des finances, son départ du gouvernement et aussi et surtout ses regrets tardifs à l’endroit de ses anciens amours.

« Je présente au président Hama Amadou et aux militants du Moden LUMANA mes regrets pour mes propos tenus lors du départ de LUMANA de la MRN en 2013 ». Cette bévue traduit, s’il en est besoin, l’immaturité politique d’Omar Hamidou Tchiana. A notre sens, de deux choses l’une : soit Omar Tchiana avoue à l’opinion publique qu’il n’était pas maître de lui-même quand il avait quitté Lumana pour la Renaissance,  soit il était dans une posture de mauvais perdant à l’image de l’hyène aveugle dont parlait Diado Sekou. En effet, depuis son éjection du gouvernement Ladan Tchiana donnait l’impression justement d’être dans un doute hyperbolique à savoir qu’il ne savait plus que faire ni où aller jusqu’à son adhésion à l’opposition et son new deal avec Hama Amadou.

En effet, après tout ce qu’il avait mis en avant à l’époque (les archives sont encore là) pour faire croire que sa décision de quitter Lumana était murement réfléchie, pour justifier son retour à Canossa, à la surprise générale, Ladan Tchiana a fait montre aux yeux du monde qu’il n’est qu’une mauviette, un populiste en herbe qui avait agi avec passion et maladresse.

Sinon comment comprendre que c’est sur le tard que Ladan Tchiana réalise que son acte avait fait mal à Hama Amadou et Lumana ? Ce populisme en dit long sur l’état de santé ‘’politique’’ de Ladan Tchiana car en voulant faire plaisir à ses anciens amis par ce clin d’œil assez maladroit, il donne également l’impression d’être loin du politiquement correct aux yeux des observateurs avertis des dynamiques politiques et sociales au Niger.

Ce petit bout de phrase de Ladan Tchiana est à la limite du cynisme politique lorsqu’on peut à un moment faire montre d’activisme pour se hisser au sommet de la montagne au détriment de ses amis politiques et lorsque le rythme de la musique change on peut s’apitoyer sur le sort de ses camarades qu’on avait délibérément abandonné. Des larmes de crocodile, comme qui dirait.

Et c’est peut-être à dessein que Soumana Sanda lui avait fait la leçon (en son temps) en répliquant : « il faut qu’il s’arme dès à présent de courage pour la suite ». C’est dire que Ladan Tchiana a manqué de la rigueur dans les principes, comme il prétend en avoir dans sa vie. C’est dire que pour avoir trahi le premier, Ladan Tchiana fait certainement rire ses amis de Lumana qu’il accuse des noms oiseaux sauvages. Ce qui donne tout son à la question du Dr Saidou Hangadumbo de Lumana lorsqu’il dit : « En politique, la trahison de la trahison est-elle une trahison ?»

Tiemago Bizo

Niger Inter Hebdo N°43 du 23 novembre 2021