Participation du Niger à la COP26 : Dr Manzo Haboubacar fait le point

La 26ème Conférence des Nations unies pour le climat (COP 26) s’est déroulée du 1er au 12 novembre 2021 à Glasgow en Ecosse. Organisée cette année en partenariat avec l’Italie, la COP réunit tous les ans les pays signataires de la Convention-cadre des Nations unie sur les changements climatiques (CCNUCC). Dans l’entretien qui suit, Dr Manzo Haboubacar, un des délégués de notre pays à la COP26, fait le point sur la participation du Niger à ce rendez-vous mondial sur le climat.

 

Niger Inter Hebdo : En tant que participant du Niger à la Cop26 qu’est-ce qui vous a le plus marqué à la rencontre de Glasgow ?             

Dr Manzo Haboucar : Merci à la Rédaction de Niger Inter de nous permettre de parler de la participation du Niger à la COP26. Je commencerais par dire que Glasgow a mobilisé près de 40 000 participants, c’est du jamais vu en 20 ans d’organisation de la conférence des parties, depuis 2001. La vingt-sixième session de la Conférence des Parties (COP 26) est une COP différente dans la préparation, l’organisation et les contenus en tant qu’activités.

La Conférence des Nations Unies sur le climat (COP26) a été un rendez-vous de vérité, une rencontre de responsabilité et de ce qu’il faut concrètement faire pour inverser la tendance du changement climatique et ses conséquences.

Plusieurs dirigeants du monde se sont retrouvés à Glasgow pour discuter sur l’avenir du climat à l’occasion de la COP26 qui doit répondre à quatre grands enjeux. Il s’agit d’abord, de rehausser l’ambition climatique. En effet, les Etats qui ne se sont pas encore engagés doivent annoncer leur nouvelle ambition climatique, via la mise à jour des contributions déterminées au niveau national (CDN) et la publication de stratégies de long terme à l’horizon 2050.

Niger Inter Hebdo :   Le vrai débat autour du changement climatique n’est-ce pas une affaire de comportement responsable face à la nature qu’une affaire d’argent ?                              

Dr Manzo Haboubacar : La responsabilité est située en termes de causes naturelles et anthropiques. Les premiers responsables sont les pays développés qui assument les 80% des émissions de gaz à effet de serre. Mais les pays les moins avancés-PMA aspirent au développement et par conséquent, empreintent la voie des pays développés. Et au rythme des activités tant au nord, qu’au sud de la planète, nous risquons d’atteindre le seuil critique fatal. Il faudrait que toutes Parties contribuent à réduire leur émission, a mieux s’adapter et à s’engager dans des actions volet par volet qui permettent d’inverser la tendance et maintenir d’ici 2030, la température a 1,5 degré Celsius ou tout au plus 2 degrés Celsius. La menace pèse sur le monde entier, il faut qu’on réagisse tous pour ne pas dépasser le seuil de 2 C, qui entraînerait une augmentation du niveau de la mer de plus de 7 m à 54 m d’ici 2100.

 

Niger Inter Hebdo : Quelle la contribution du continent africain pour inverser la tendance à la pollution ?                          

Dr Manzo Haboubacar : l’Afrique a une population et une économie en croissance qui dépend d’une exploitation des ressources naturelles et fossiles qui sont responsables en grande partie de l’émission du CO2. Quel sera le niveau d’émission des pays africains quand la population atteindra 2 milliards et au même moment à quoi serviraient les réponses des pays développés pour réduire leur émission ? Ce sont les questions essentielles qui préoccupent les chercheurs comme les décideurs du monde.

Niger Inter Hebdo : Le président Bazoum a prononcé un discours à la Cop où il mis en exergue les défis du Niger, en tant chercheur comment selon vous le Niger pourra faire face au changement climatique ?                          

Dr Manzo Haboubacar : Le Niger comme les autres pays sahéliens subissent les conséquences du changement climatique avec une perturbation des saisons, des phénomènes naturels inhabituels, des phénomènes exceptionnels, qui rendent les populations plus vulnérables avec plus de victimes des sécheresses, d’inondations, de maladies climatiques, de famine, de perte de ressources productives, de territoires, de conflits liés aux ressources naturelles qui font éclore les conflits armés et l’instabilité. Pour le Niger, la lutte contre le changement climatique est la même qu’on doit mener contre l’insécurité alimentaire, contre la pression sur les ressources naturelles, contre l’instabilité et les conflits, l’extrémisme et le banditisme armé.

Par ailleurs, à la COP26, un membre de la délégation du Niger, ma modeste personne, a eu l’idée d’une Alliance des pays africains pour un projet fédérateur d’éducation au climat, accepté et partagé par une douzaine de pays. Cette initiative africaine de Glasgow, que j’ai baptisée GIECA-Glasgow (Initiative pour l’éducation au climat en Afrique). L’inspiration est tirée du programme phare du Président Mohamed Bazoum. L’Alliance est portée par le Député ministre Ghanéen Dr Rashid Pelpuo qui fera, de cette initiative venue du Niger, un projet d’envergure pour toute l’Afrique en organisant une rencontre de formalisation afin de donner au projet un contenu et son plan et feuille de route de sa mise en œuvre. Et pour attester de sa pertinence, des ateliers d’animation ont été organisés le mercredi, le jeudi et le vendredi 10, 11 et 12 novembre durant la COP 26, qui ont drainé beaucoup de délégués et participants.

Niger Inter Hebdo : En substance quelles sont les recettes des experts pour surmonter les défis du réchauffement climatique, la pollution, bref le changement climatique en question ?

Dr Manzo Haboubacar : Pour lutter contre le changement climatique, il faut éduquer les populations sur le climat, sur les causes du changement climatique, ses conséquences pour qu’elles soient à mesure de concevoir des idées, des projets, à réaliser des actions adaptées et réalistes à notre environnement, impactantes et durables. Avant de demander à quelqu’un d’agir, fait le savoir quoi, pourquoi et comment.

Interview réalisée par Elh. M. Souleymane

Niger Inter Hebdo N°42 du mardi 16 novembre 2021