Plongée dans un profond sommeil depuis l’échec de sa tentative de créer la chienlit dans le pays après la proclamation des résultats globaux définitifs de la présidentielle du 21 février 2021, l’opposition politique nigérienne a refait surface, mais de la façon la plus lamentable. A l’épreuve des faits, le moins qu’on puisse dire c’est que l’opposition nigérienne a fait le deuil de son unité et de sa cohésion. Elle est au bord du gouffre, pour ainsi dire, tant son éclatement ne souffre d’aucune ambiguïté au regard de sa nouvelle configuration.
Pour marquer son difficile retour sur la scène politique nationale, l’opposition a choisi de rendre publique une déclaration sur la situation sociopolitique du pays. C’était le 27 juillet dernier au siège du RDR Tchanji à Niamey.
Mais c’est une opposition politique désagrégée, très diminuée, avec à sa tête des leaders peu représentatifs, qui s’était adressée à une poignée de militants qu’elle a d’ailleurs eu du mal à mobiliser pour la circonstance. C’est fût ensuite la déception chez les militants, après avoir pris connaissance du contenu de la déclaration. Une déclaration crue, vide de sens, de logique, de cohérence et de clarté.
Mieux, cette déclaration a été boudée par le principal parti de l’opposition, à savoir le Moden Fa Lumana qui compte plus de députés à l’Assemblée nationale que les autres partis membres de la coalition, dont le RDR Tchanji du candidat malheureux au second tour de l’élection présidentielle.
Aucun cadre de Lumana n’était présent à cette déclaration. Des partis comme le MPN Kiishin Kassa de Ibrahim Yacouba, le PJD Doubara de Salou Djibo, Ameen Amin de Ladan Tchiana se sont fait représentés. Quant aux autres partis membres de la coalition, ils ont délibérément choisi de boycotter cette déclaration qui, en réalité n’engageait que Mahamane Ousmane et quelques petits partis politiques de la CAP20/21dont leurs leaders cherchent par tous les moyens à s’affirmer sur la scène politique nationale.
S’agissant du contenu de cette déclaration, il faut tout de suite le souligner que dans la marche actuelle du pays, telle que le président Mohamed Bazoum conduit les affaires de l’Etat, l’opposition n’a aucun argument à mettre en avant pour inventer du mensonge et salir son régime. Elle ne peut non plus mentir aux nigériens, comme elle a l’habitude, sur certains aspects de la gestion actuelle du pouvoir. Des raisons pour lesquelles d’aucuns considèrent « inopportune » la déclaration de presse de la coalition de l’opposition en date du 27 juillet dernier.
Une déclaration « coquille vide »
En réalité, l’opposition politique n’avait aucunement rien à dénoncer ou à reprocher à la gouvernance du président Bazoum. Cette dernière a vainement cherché à trouver des poux sur un crâne rasé avant de se résigner, au risque de se ridiculiser face à une opinion publique nationale très favorable au président de la République Mohamed Bazoum et à son modèle de gouvernance qu’il est en train d’imprimer dans la gestion du pouvoir d’Etat. Dans le propre camp de l’opposition, il a d’ailleurs été constaté que Bazoum ne tarit pas d’éloges dans sa manière de gouverner.
A travers certaines de leurs publications sur les réseaux sociaux, tout comme leurs interventions sur des médias, bon nombre de militants, jadis présentés comme des inconditionnels de l’opposition politique, dont certains qui se réclament être des communicateurs, apprécient à leur juste valeur, les actions que mène le président de la République à la tête de l’Etat.
Conscients donc de cet état de fait, Mahamane Ousmane et ses amis de circonstance, à l’exemple du néophyte Kané Kadaouré Habibou (président de SDR-Sabuwa) se sont finalement résolus à parler vaguement, dans cette déclaration, de la situation sécuritaire du pays, en faisant une sorte de fixation sur les attaques ciblées des jihadistes contre les populations civiles, voulant ainsi faire porter la responsabilité sur l’Etat dont elle accuse d’être « absent dans les zones reculées ».
Au plan éducatif, l’opposition, en manque d’arguments pour accuser le régime Bazoum de la situation dans laquelle végète l’école publique nigérienne s’est contentée de porter la responsabilité, non pas sur l’Etat, mais sur le PNDS-Tarayya.
Son procès d’intention, tantôt contre le pouvoir en place, tantôt contre le principal parti au pouvoir, s’est poursuivi sur le plan diplomatique, où la coalition de l’opposition, sans honte ni vergogne, a pris position en faveur d’un groupe d’intérêts étrangers (les putschistes au Mali) contre leur propre pays, le Niger et contre la démocratie.
Tous les autres aspects de la déclaration, évoqués par l’opposition, ne sont que des grossières chimères, tels : « la Coalition CAP20-21/ACC/FRC et Alliés ne reconnait pas l’élection de Bazoum MOHAMED à la Présidence de la République du Niger » ; « le recours introduit par le Conseil du Candidat Mahamane Ousmane auprès de la Cour de Justice de la CEDEAO aux fins de constater et condamner les multiples violations de ses droits dans le traitement du dossier des élections présidentielles du 21 février 2021, par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) et la Cour Constitutionnelle », pour lequel elle dit « avoir foi dans l’issue favorable de cette requête, en dépit du contexte ».
Connaissant d’avance le contenu de cette déclaration qui n’est rien d’autre qu’un maillage des inepties, juste pour paraitre, le parti Lumana qui n’est plus en odeur de sainteté avec Mahamane Ousmane et son Tchanji, a jugé utile de ne pas cautionner un tel « cirque ». Même un simple militant de base du parti Lumana ne s’est pointé à cette déclaration.
Preuve que la cassure entre Ousmane et Hama Amadou, et au-delà, le RDR Tchanji et le Moden Fa Lumana, ne souffre d’aucune ambigüité. Cette posture de Lumana vis-à-vis de Mahamane Ousmane, apprend-on, est largement partagée par certains partis membres de la coalition CAP20-21/ACC/FRC et Alliés, notamment le Mouvement patriotique nigérien (MPN Kiishen kassa), l’Alliance des mouvements pour l’émergence du Niger (Ameen-Amin), le Parti Nigérien pour la Réforme (PNR MUDUBA-MUGANI) qui a d’ores et déjà officialisé son départ de l’opposition pour soutenir les actions du président de la République. Aux dernières nouvelles même le parti Hankuri, fidèle parmi les fidèles d’Ousmane, boude ce dernier à telle enseigne que Narfako se retrouve esseulé avec quelques bras cassés recrutés parmi les novices du landerneau politique nigérien.
A en croire nos sources, au stade actuel des rapports entre les différents partis politiques qui composent la coalition CAP20-21/ACC/FRC et Alliés, plus rien ne va. De façon individuelle, les partis politiques sont en train de prendre leur distance, principalement avec Mahamane Ousmane, le candidat qu’ils ont soutenu au second tour de la présidentielle.
Au regard donc de la situation que vit actuellement la coalition de l’opposition, l’on peut affirmer sans risque de se tromper que cette dernière est au bout de l‘éclatement.
Oumar Issoufa
Niger Inter Hebdo N°31