Economie : L’agriculture, un secteur clé pour booster davantage l’économie du Niger

 

 

Au Niger, tout comme dans de nombreux pays en développement, le secteur agricole est au cœur de l’économie du pays. Avec une contribution de 36 % du PIB, l’agriculture au sens large, dont plus de 80 % de la population tire sa subsistance, a continué à afficher de solides performances, selon la Banque Mondiale (2020).

La production agricole a augmenté de 5,1 %, participant ainsi à la croissance du PIB à hauteur de 1,9 point de pourcentage. Ce bon résultat s’explique en grande partie par de bonnes précipitations et une productivité plus élevée. Dans le cadre de sa Stratégie 3N, le Niger a étendu ses zones irriguées et amélioré leur gestion. Selon la Banque Mondiale, le développement de l’agriculture est l’un des leviers les plus puissants sur lequel agir pour mettre fin à l’extrême pauvreté, renforcer le partage de la prospérité et nourrir les 9,7 milliards de personnes que comptera la planète en 2050. Par rapport à d’autres secteurs, la croissance de l’agriculture a des effets deux à quatre fois plus efficaces sur l’augmentation du revenu des populations les plus démunies.

L’agriculture : un moteur de croissance et de lutte contre la pauvreté

 

Bien que l’agriculture occupe un pan très important de l’économie du pays, sa contribution dans la lutte contre la pauvreté reste peu significative. Pourtant, selon de nombreux experts, l’agriculture est essentielle à la réalisation des objectifs mondiaux de réduction de la pauvreté. D’où l’importance de mettre l’accent sur le développement des chaines de valeur des produits agrosylvopastoraux. Ainsi, pour la période 2021-2025, S.E Bazoum Mohamed envisage de poursuivre ce volet de l’initiative 3N à travers un certain nombre d’actions. Il s’agit notamment de :

– Adopter et mettre en œuvre des stratégies pertinentes pour (i) produire la viande de meilleure qualité à des prix compétitifs dans le contexte de la ZLECAF, (ii) inverser la tendance des importations des produits alimentaires comme le riz, le lait, le sucre, à travers la mise en œuvre des programmes spécifiques, (iii) accroitre la production de Moringa pour améliorer l’état nutritionnel des populations nigériennes ;

– Adopter et mettre en œuvre des stratégies pour diminuer la pénibilité des travaux agricoles et augmenter les productions vivrières (notamment à travers la vulgarisation à grande échelle des motoculteurs adaptés au contexte local) ;

– Adopter et mettre en œuvre des stratégies de création massive d’emplois dans le milieu rural en faveur des jeunes et des femmes en lien avec les chaines de valeur et la Maison du Paysan ;

– Mettre en place un dispositif efficace d’impulsion, de pilotage et de suivi de la mise en œuvre des chaines de valeur prioritaires et des programmes phares adoptés par la gouvernance de l’I3N ;

– Soutenir le développement d’acteurs privés nationaux actifs sur les différentes chaines de valeurs.

Pour mettre en œuvre cette politique, le gouvernement va consacrer 15 % du budget national à l’agriculture sur les 5 prochaines années. Ce qui devrait à terme contribuer la part de ce secteur dans la lutte contre l’extrême pauvreté, source de prospérité et d’accroissement de la croissance économique dans le pays.

Continuer à mettre l’accent sur la sécurité alimentaire

 

De nos jours, l’Initiative 3N « Les Nigériens Nourrissent les Nigériens », adoptée en 2012, visant essentiellement à « contribuer à mettre durablement les populations nigériennes à l’abri de la faim et de la malnutrition et leur garantir les conditions d’une pleine participation à la production nationale et à l’amélioration de leurs revenus », reste le cadre de référence pour les interventions en matière de développement agricole et de sécurité alimentaire et nutritionnelle dans le pays. Grâce à un ensemble cohérent de reformes et d’actions d’investissements, la mise en œuvre de cette Stratégie a sans doute permis de remédier à certaines causes profondes de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle. Malgré les succès obtenus avec l’Initiative 3N, des ajustements sont nécessaires, notamment en ce qui concerne la gouvernance opérationnelle et la mise en œuvre de programmes phares pertinents permettant d’amplifier les résultats de cette stratégie et limiter le risque lié à l’insécurité alimentaire. Une nécessité quand on sait que depuis la crise liée au Covid19, la sécurité alimentaire est devenue une préoccupation mondiale. La question de la sécurité alimentaire est structurée habituellement en quatre composantes : disponibilité des denrées alimentaires, accès à l’alimentation, utilisation de l’alimentation et la stabilité alimentaire. Ces quatre composantes constituent le cadre général de la définition établie par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) : « La sécurité alimentaire est une situation caractérisée par le fait que toute la population a en tout temps un accès matériel et socioéconomique garanti à des aliments sans danger et nutritifs en quantité suffisante pour couvrir ses besoins alimentaires, répondant à ses préférences alimentaires, et lui permettant de mener une vie active et d’être en bonne santé ». La sécurité alimentaire doit être donc un fondement très important de la sécurité nationale. Le fait d’assurer la sécurité alimentaire doit être une question de premier plan concernant le développement national et le bien-être de la population. Il devient donc impératif d’étudier et d’améliorer les politiques de sécurité alimentaire, de faire du renforcement des capacités de production une tâche fondamentale et d’exploiter le potentiel de production céréalière à partir des terres agricoles et de la technologie.  Par ailleurs, cette dernière est de plus en plus utilisée par des pays en développement comme le Nigeria pour combattre l’insécurité alimentaire. Il serait donc souhaitable que le Niger s’en inspire en signant notamment des partenariats avec des entreprises locales et internationales lui permettant d’accéder à des données satellitaires pour mieux surveiller les conditions des cultures, mais aussi à d’autres données inhérentes au climat sur la sécheresse, les ravageurs et les maladies pour favoriser une meilleure gestion des exploitations, accroitre les rendements agricoles et promouvoir la sécurité alimentaire nationale.

Adamou Louché Ibrahim, économiste