Dans l’optique d’un retour prochain au bercail des déplacés de Diffa et de Tahoua, le Chef de l’État Mohamed Bazoum a échangé le 22 juin dernier, avec les ambassadeurs et organismes internationaux exerçant au Niger, sur le retour au bercail des déplacés de Diffa et Tahoua. Au regard des enjeux de l’heure, un appel à la mobilisation générale de ceux-ci est donc lancé, dans ce projet cher au Président de la République.
Ramener les déplacés internes comme externes dans leurs milieux naturels, fait bien partie des promesses de campagne du Président Bazoum. Le sujet a été évoqué lors de cette rencontre entre le Président de la République et les ambassadeurs et organismes internationaux exerçant au Niger, la semaine dernière.
La décision du retour de ces déplacés est motivée d’une part, par la situation sécuritaire actuelle et d’autre part par la volonté des autorités de créer des conditions de lendemain meilleur à ces centaines de milliers de personnes qui n’ont eu jusque-là de survie que grâce à l’assistanat comme pitance, de la part du gouvernement nigérien et du système humanitaire international.
Un état d’incertitude sur l’avenir, estime le Chef de l’État, qui ne saurait perdurer.
À Diffa ils sont environ plus de 300 000 personnes déplacées qui ont fui depuis 2015, les atrocités de l’organisation terroriste Boko Haram au Nigéria.
C’est ainsi que se sont dressés sur des kilomètres de Mainé à Nguigmi, de part et d’autre de la route nationale n°1 des camps de réfugiés. Six ans après, pour des enfants qui sont devenus des adolescents maintenant, l’horizon d’un avenir meilleur est totalement sombre. De ce fait, ceux-ci constituent une proie facile et même vite tentée de rejoindre le banditisme et l’extrémisme violent.
Face à cette situation et après avoir créé le rapport de force sur le plan militaire et sécuritaire, le Président de la République ‹‹ a décidé de ramener les populations chez elles ››. Une décision largement appréciée par les concernés, après plusieurs années d’attente.
D’ailleurs, le Chef de l’État l’a fait savoir, ‹‹ l’opération pilote ›› qui a consisté à ramener 5000 personnes dans la ville de Baroua, est couronnée de réussite, au vu de l’émotion et la joie qu’elle a suscité en elles.
Suivant la planification qui a été faite, ‹‹ c’est de ramener les villages qui sont le long du goudron de la Nationale n°1 à part Baroua, et qui ont été abandonnés ou plus ou moins désaffectés ces dernières années ››, explique Mohamed Bazoum.
La phase une du projet concerne les villages qui sont situés le long de la route nationale n°1 (RN1), ensuite suivront les autres villages où la problématique de la sécurisation est un peu délicate, le long de la rivière Komadougou précisément.
Selon le Président Bazoum, ce projet de ramener au bercail les déplacés, revêt une double connotation. Celle de la vocation pionnière et celle de la prise en charge totale de la sécurisation des populations, avec la mise en place des services sociaux de base, condition sine qua none pour la relance des activités économiques dans la région.
S’agissant de la région de Tahoua, le gouvernement a décidé de ‹‹ démanteler la zone d’accueil pour réfugiés (ZAR) d’Itkane › ›. Cette décision, explique le Chef de l’État, tient du fait que ‹‹ les populations qui se trouvent dans cette zone ne sont pas des Maliens ››. Des enquêtes menées par les autorités ayant permis de se rendre compte que ‹‹ ce sont des populations honnêtement de la région qui venaient à la fin du mois prendre des vivres et retourner ››, déclare Mohamed Bazoum, faisant allusion aux populations de Tassara, Konni, Tchintabaraden et d’un peu partout de la région de Tahoua. Puisqu’un camp est installé dans la région, alors ‹‹ tout le monde est devenu réfugié malien ››, a-t-il déclaré.
Ce qui est marrant, c’est dans cette grande infrastructure où se sont installés la plupart des parents des jeunes gens nigériens qui sont dans le terrorisme, que s’est érigé au fil des années ‹‹ un foyer d’insécurité ››.
Il s’est avéré, d’après les explications du Chef de l’État, que des attaques qui ont été perpétrées contre les FDS, sont le plus souvent, le fait des gens qui ont quitté la ZAR en question.
Ainsi en décidant de fermer cette ZAR, le gouvernement souhaite que les gens se dispersent et que chacun regagne sa demeure.
Aussi pour couper l’herbe au pied de ceux qui spéculent sur un quelconque redéploiement des personnes de la ZAR, au Chef de l’État de préciser que ‹‹ nous n’attendons pas prendre des réfugiés fictifs les ramener ailleurs ››.
Toujours dans la même optique, une rencontre avec le gouverneur de l’État de Borno du Nigeria, est au menu de ce processus de ramener les déplacés au bercail. À ce propos, il est essentiel de rappeler que la plupart des réfugiés ou déplacés de Tahoua proviennent de cet Etat du Nord du Nigeria.
De tout ce qui précède, il n’est pas superflu de dire qu’en prenant une telle décision de ramener les déplacés chez eux, les gouvernants leur rendent un grand service. Le vœu de tous, c’est de les voir sortir progressivement de cet état d’assistanat contre leur gré et de s’offrir une vie meilleure et digne.
Koami Agbetiafa