Déclaration de la CAP 20-21 : Une litanie à refrains plaintifs

 

 

La déclaration rendue publique, ce 11 janvier 2021, par la Coalition pour l’alternance politique (CAP 20-21) et Alliés, a été juste une litanie à refrains plaintifs, des lamentations servies au public qu’elle a mobilisé au Palais des sports. Cette déclaration ou simple jérémiade a été lue par le très controversé Amadou Boubacar Cissé, leader d’un parti minuscule qui a moins d’1% de l’ensemble des suffrages consentis par les Nigériens. Il faut retenir que Hama Amadou, autorité morale du MODEN Fa Lumana Africa, et quelques candidats malheureux aux élections présidentielles, premier tour, étaient présents à cette occasion autour d’un Mahamane Ousmane réduit à un rôle de faire valoir.

 

Avant de verser dans des accusations de toutes sortes et de lancer des jets d’anathèmes sur le pouvoir en place, les partis membres de la CAP 20-21 se sont adonnés à un exercice d’autosatisfaction par rapport à leur score aux élections locales, régionales et présidentielles couplées aux législatives. Ils ne se sont pas empêchés de prétendre qu’à l’occasion des élections du 27 décembre dernier, « le peuple nigérien a mis en échec la volonté irréaliste du camp présidentiel » qui, d’après eux, consistait à « noyer l’expression populaire et s’accaparer de la volonté du peuple et de sa souveraineté ».

Nouveaux alliés et ennemis

Pourtant, quoiqu’il n’ait pas pu noyer l’expression populaire pendant ce scrutin, le camp présidentiel est parvenu, quand même, à les battre lourdement. Avec près de 40% des suffrages exprimés, Mohamed Bazoum est de tous les candidats celui qui dispose d’une vraie assise populaire à l’échelle nationale plus que son second, Mahamane Ousmane qui, lui, totalise moins de 17%. Les partis membres de la Coalition, qui le soutiennent, cherchent mordicus à l’imposer au peuple nigérien comme futur Président de la République. Son parti n’a obtenu que 7 sièges sur 171, pendant que son principal soutien, le MODEN Fa Lumana Africa de Hama Amadou, en a jusqu’à 19. Bien malin sera celui qui dira comment cet ex-président de la République va gouverner le Niger avec un allié dont le poids électoral est supérieur au sien. Bien sûr, c’est au cas où…

N’oublions pas que ces deux nouveaux amis ont été presque des ennemis pendant qu’ils étaient en cohabitation. Ils nous ont laissé un goût amer de leur temps, puisque la conséquence des actes qu’ils ont eu à poser a conduit l’armée à mettre notre processus démocratique entre parenthèses. Pour les membres de la CAP 20-21 et leur candidat commis d’office au 2ème tour des élections présidentielles, la seule et unique raison de leur échec, au 1er tour et pendant le scrutin local et régional en plus des législatives, est « la fraude multiple et massive, le bourrage d’urnes, l’achat de conscience, l’abus de pouvoir, de confiance, la perversion de la conscience des responsables chargés des élections ».

Pourtant, les observateurs internationaux ont, ensemble, fait l’éloge des différents scrutins tenus récemment au Niger. Ils ont salué la transparence, l’inclusivité et l’atmosphère paisible qui les ont caractérisés. Ils n’ont rien remarqué qui puissent remettre en cause leur régularité.

De toutes les façons, c’est l’opposition nigérienne. Elle est capable de faire feu de tout bois, pourvu que ça entache l’image du pouvoir en place. Qu’elle aille jusqu’à dire que les élections locales, régionales et présidentielles couplées aux législatives sont « les plus frauduleuses de l’histoire de notre démocratie, plus malhonnêtes même que celles de 2016, pourtant rentrées dans l’histoire des élections les plus honteuses à travers le monde et l’histoire », ne peut surprendre un observateur averti.

Allégations mensongères

Dire qu’elles sont « les plus honteuses à travers le monde et l’histoire » est un mépris à l’égard du peuple nigérien. Ce n’est pas étonnant, puisque c’est habituel de sa part de mentir sur tout et à tout va à notre peuple. Beaucoup de Nigériens ont connu l’époque des partis uniques et de la guerre froide. Peu de peuples et de pays connaissaient alors la démocratie telle qu’elle nous est enseignée depuis la chute du mur de Berlin. Cette parcelle de l’Histoire de l’Humanité a eu la particularité de nous léguer au moins l’expression « score soviétique » parce que les présidents à vie d’alors gagnaient les élections à plus de 99% des suffrages.

En 2016, par contre, nous avions un président qui, bien qu’il soit aux commandes de l’Etat, n’a gagné les élections qu’au second tour, alors qu’il pouvait le faire dès le premier. Le moins qu’on puisse dire est qu’il a tenu à respecter les normes démocratiques en vigueur au Niger.

Qu’a-t-on fait au niveau de l’opposition pendant ces élections de 2016 ? N’y avait-il pas la possibilité de donner sa chance au troisième homme dans le classement des résultats desdites élections, puisque le deuxième était dans les mailles du filet de la justice ? Bien sûr, c’était à cette personne arrivée deuxième d’avoir le détachement nécessaire pour laisser la place à la troisième afin que les élections en question se tiennent avec moins de tensions. En morale, est-il acceptable que l’on soit mêlé dans une affaire sordide et prétendre à un poste électif, peu importe lequel ? Ailleurs, on évacuerait le plancher, couvert de honte, pour laisser la place aux personnes qui ont l’avantage d’être propres.

La déclaration des partis membres de la CAP 20-21 a, aussi, servi de tribune pour s’attaquer vertement au président de la République, lui adresser des menaces, de faire un appel du pied à l’armée pour que celle-ci prenne en charge l’organisation des élections et pourquoi pas… faire entendre ses bruits de bottes ? Tous les acteurs ont été égratignés dans cette saute d’humeur de l’opposition, comme la CENI qui, selon eux, « s’est montrée partisane et malhonnête », la Cour constitutionnelle, les chefs traditionnels et les opérateurs économiques. Bref, la déclaration de CAP 20-21 a été un véritable cocktail explosif dans lequel se bousculent aussi des antivaleurs comme, entre autres, le régionalisme, le racisme et l’ethnocentrisme dirigés contre un seul candidat, Mohamed Bazoum.

Bassirou Baki Edir

Niger Inter Hebdo N°004