Nous sommes dans un monde en perpétuelle évolution où les pays et les régions sont dans une rude compétition les uns avec les autres, engendrant des disparités et des inégalités. C’est pourquoi, au Niger, nous devons éviter de nous attarder sur des évidences. Pour contribuer à changer le monde et le rendre plus juste, notre approche et notre conduite doivent être inscrites dans une logique panafricaniste et internationaliste. Cependant, à l’instar de beaucoup de peuples, nous devons d’abord pérenniser et renforcer nos acquis à l’interne. Nous avons aussi le devoir de sauvegarder et renforcer coûte que coûte les toutes récentes compétitivité, exemplarité et fierté du Niger dans le concert des nations.
Ces atouts qui font la grandeur du Niger sont la résultante d’une gouvernance démocratique. De nos jours, quelles que soient nos ambitions, nos prétentions ou nos illusions, nous ne pouvons pas nous retrouver et nous épanouir en dehors de la République et de la démocratie. C’est seulement dans ce cadre que nous pouvons défendre et garantir le respect des droits et libertés publiques et cultiver la paix, la stabilité, la sécurité et le vivre ensemble, conditions sine qua non à notre développement économique et social.
Aujourd’hui, nous sommes à un tournant décisif de l’évolution socio-politique de notre pays. Bientôt, le nom du Niger sera gravé dans les annales de l’histoire contemporaine en figurant sur la liste des pays qui sont en train de réussir le parachèvement de leur processus démocratique. En effet, dans quelques mois, le premier passage démocratique du témoin aura lieu au Niger. C’est dire que nous sommes tous d’accord qu’un président démocratiquement élu cédera sa place à un autre président qui sera aussi l’émanation de l’expression de la souveraineté populaire. C’est une étape importante pour toutes les Nigériennes et les Nigériens.
Nous devons tous nous réjouir de cette avancée considérable, appréciable et louable. En conséquence, les lois et règlements de notre pays ont prévu les conditions du cheminement et de l’aboutissement de ce processus. Il suffit tout simplement de les respecter. Des contradictions peuvent exister, mais pour peu qu’on soit démocrate et progressiste, il faut savoir les aborder, les contextualiser et les prioriser dans l’intérêt bien compris du plus grand nombre de Nigériennes et de Nigériens qui aspirent au progrès et au développement de leur pays. En démocratie, la seule et unique voie pour conquérir le pouvoir et l’exercer, c’est bien sûr à travers le suffrage.
Les Nigériens sont avertis, ils savent que relever les défis du développement est incompatible avec une certaine mentalité qui veut faire bégayer l’histoire. Les partisans de l’ochlocratie, ceux qui prêchent l’insurrection comme moyen de conquête du pouvoir, peuvent se tromper, mais ils doivent vite se ressaisir. Si dans l’histoire des peuples, l’insurrection s’est un moment avérée salvatrice dans certaines sociétés et dans certaines situations, qu’ils sachent que pour le cas bien précis du Niger, dans notre contexte démocratique actuel, elle est tout simplement une vue de l’esprit. C’est une action sans lendemain qui a fini par décourager et désillusionner bon nombre d’utopistes. D’ailleurs, dans un passé très récent et pas loin de chez nous, ceux qui avaient pensé s’en servir comme tremplin pour accéder au pouvoir, n’ont eu que remords, déception et désillusion. Ils ont été victimes de leur stratégie jusqu’au-boutiste. Ils ont fini par plomber leur processus démocratique et ont créé les conditions de son recul et du retard sur beaucoup de plans de leur propre pays.
Au Niger, le déclenchement de notre processus démocratique a été l’œuvre d’une jeunesse de gauche convaincue et engagée. Nonobstant leurs divergences, ces jeunes ont consenti des sacrifices et ont convenu de la nécessité de l’émancipation de notre peuple du joug de la dictature. Notre processus démocratique est aujourd’hui irréversible, il est sur la bonne voie et doit arriver à bon port. Certains de nos concitoyens doivent comprendre que vouloir faire sortir la foule dans la rue est très différent de la défense des intérêts du peuple. Comme l’a dit Victor Hugo, « souvent la foule trahit le peuple ». Dans le contexte actuel, l’insurrection est ochlocratique, l’élection est démocratique. Contribuons tous ensemble à l’aboutissement de notre processus électoral qui est un pas vers le parachèvement de notre processus démocratique !
Zakaria Abdourahaman