DÉTOURNEMENT DES DENIERS PUBLICS : LES INDÉLICATS DOIVENT PAYER

Le scandale du détournement des fonds au Ministère de la Défense Nationale continue d’alimenter l’actualité avec une très grande passion. Sur les réseaux sociaux, des documents faisant état des extraits tirés du rapport d’inspection commanditée par le président de la République dans les livres dudit Ministère absorbent le quotidien des nigériens. A longueur de journées, ces documents sont partagés, alimentant ainsi les débats, les uns plus fournis que les autres et chacun y va de son commentaire.  

Pendant ce temps, l’attention des nigériens les plus lucides (non passionnés) est orientée vers la justice, notamment le Procureur de la République, près le Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Niamey qui annonçait en avril dernier dans un communiqué de presse avoir reçu « le rapport définitif sur le contrôle à posteriori des marchés publics au Ministère de la Défense Nationale passés de 2017 à 2019 et certains, à raison de leur spécificité, sont antérieurs à 2017 ».

En substance, indique le communiqué du Bureau du procureur, « ce rapport fait état d’insuffisances des cadres institutionnel et réglementaire de marchés publics spécifiques et passe au peigne fin un total de 177 dossiers dont les conditions de passation, d’exécution et de paiement de certains d’entre eux sont susceptibles de qualifications pénales ».

Par ce communiqué, le Procureur de la République a tenu aussi à rassurer les citoyens que « l’Etat sera intégralement mis dans ses droits et que force restera à la loi ».

Depuis lors, apprend-on des sources proches du dossier, la machine judiciaire s’est mise en mouvement avec des auditions à la police judiciaire de Niamey de plusieurs personnes présumées impliquées dans ce vaste scandale de détournement des fonds destinés à la défense nationale.

Au même moment, les nigériens constatent d’importants changements qui sont en train d’être opérés au niveau de l’administration du Ministère de la défense nationale et dans le rang de la hiérarchie militaire.

Le dernier cas en date est le limogeage intervenu le 22 mai dernier du chef d’état-major de l’armée de l’air et de son adjoint. Ils ont tous été remplacés respectivement par les colonels Amirou Abdoulkader et Salifou Mainassara. Selon plusieurs sources, leur limogeage n’est pas étranger à l’affaire dite de détournement au Ministère de la défense nationale.

Au stade actuel de la procédure judiciaire enclenchée qui se déroule sans pression et en toute indépendance, l’assurance donnée aux citoyens que « l’Etat sera mis dans ses droits et que force restera à la loi » est plus que plausible.

D’ailleurs, comment en être autrement quand on sait que la lutte contre l’impunité, la corruption et le détournement des deniers publics constitue un des axes prioritaires du Programme de renaissance du président de la République, Issoufou Mahamadou.

En 2011 déjà, dans son discours d’investiture, le président Issoufou promettait aux nigériens que « la corruption, les passe-droits, les trafics d’influence, les détournements des deniers publics, notamment les fausses factures et les surfacturations ainsi que toutes les autres dérives seront combattus…».

Un engagement que le Chef de l’Etat est en train de respecter comme en témoignent tous les rapports d’inspection qu’il a commandité, les multiples actions et autres opérations menées   dans le sens de recouvrer des fonds dilapidés par des fonctionnaires et autres responsables politiques indélicats. Aujourd’hui encore, ces actions se poursuivent avec la même détermination bien que cette lutte se révèle être très difficile en dépit de l’existence de tous les instruments juridiques concourant à l’atteinte de cet objectif.

Mais lentement et surement, le Niger est en train de gagner un grand pari, celui de la promotion de la bonne gouvernance en combattant les mauvaises pratiques dans la gestion des biens publics. En un mot, dans ce scandale du Ministère de la défense nationale, les indélicats doivent payer. C’est du moins l’attente des Nigériens.

 Oumar Issoufa