Insécurité au Sahel : vers les derniers instants du terrorisme ?

Suivant des informations qui se recoupent, des individus armés auraient donné un ultimatum de 24 heures aux habitants de Tamalaoulaou et d’Agajinaye, deux localités du Département d’Abala, pour quitter les lieux. Une façon à eux de faire régner davantage la psychose dans cette région du nord-est de Tillabéry qui, depuis longtemps, est meurtrie par des attaques meurtrières incessantes et autres atrocités que lui impose le terrorisme.

Les populations des deux villages ne sont pas seules à subir de telles épreuves dans la région du moment où quelques jours après les attaques terroristes d’Inatès et de Chinagoder, attaques qui ont endeuillé le Niger dans son ensemble en début décembre 2019 et début janvier 2020, des individus armés ont menacé toutes les personnes qui habitent les environs de partir sous peine de représailles.

Ces ultimatums qui rappellent certains âges révolus, oublieux qu’ils sont de toute question de droits humains, font partie, en réalité, de tous ces actes de nuisance et de terreur que font peser les terroristes sur les populations civiles dans la Région de Tillabéry.

En effet, des assassinats ciblés de personnes sont si fréquents dans cette région qu’il n’est pas rare d’apprendre que des individus armés sont passés dans un village ou tel autre pour, spécialement, égorger ou tuer par balles des chefs traditionnels, des individus considérés par eux, à tort ou à raison, être des informateurs des FDS, des personnes fortunées, des enseignants, etc.

D’ailleurs, nul ne peut échapper à la mort s’il refuse de payer cette autre exaction que les terroristes appellent la Zakat, à moins de prendre la route de l’exil vers des villes ou des villages où la sécurité est garantie. Plusieurs sources font souvent part, aussi, des séances de prêches que des djihadistes organisent dans certains villages, prêches au cours desquelles chaque villageois est tenu d’être présent sous peine d’une mise à mort certaine.

La conséquence de tous ces actes macabres est la fermeture de nombreuses écoles et le déplacement forcé des populations vers des horizons plus accueillants. En atteste l’arrivée de près de 7000 personnes dans les villes de Banibangou et de Oualam après l’attaque de Chinagoder le 9 janvier 2020, attaque au cours de laquelle 89 soldats nigériens ont perdu la vie.

En ce qui concerne les populations des villages de Tamalaoulaou et de Agajinaye, il est vrai que le contexte dans lequel elles ont reçu l’ordre de quitter les lieux n’est presque pas le même avec celui d’Inatès et Chinagoder. En effet, à Inatès, Chinagoder et autres villages environnants, les terroristes y ont lancé des ultimatums après qu’ils aient fait subir à l’armée nigérienne de sérieux revers. Pour rappel, nos FDS perdirent jusqu’à 71 hommes le 10 décembre 2019 à Inatès et 89 autres le 9 janvier 2020 à Chinagoder face à des assaillants venus en surnombre et lourdement armés.

A notre avis, pour pouvoir expliquer un peu la situation de détresse dans laquelle sont jetées les populations de Tamalaoulaou et Agajinaye, il y a lieu de rappeler un à deux évènements qui sont encore frais dans nos mémoires.  En effet, nul n’a oublié qu’aux environs de 15h30mn, le jeudi, 2 avril 2020 à Tamalaoulaou, soit à 40 km au nord d’Abala, près de la frontière malienne, nos FDS « en mission dans le cadre de l’opération Almahaou ont eu un accrochage avec un groupe de terroristes lourdement armés à bord de plusieurs véhicules et une cinquantaine de motos », comme l’a annoncé le Ministère de la Défense Nationale à travers un communiqué.

Face à la puissance de feu de nos soldats, les terroristes ont été contraints de « prendre la fuite », abandonnant sur place « des corps et du matériel », apprend-on dans le communiqué. Le Bilan de l’accrochage fait état de 4 soldats qui ont été tués et 19 autres blessés. Du Côté des terroristes 63 ont été neutralisés, des dizaines de motos, des armes et des équipements leur appartenant ont été saisis.

Ces lourdes pertes infligées à ces assaillants qui sont habitués à conduire des assauts meurtriers contre nos FDS doivent les avoir mis aux abois et auraient éveillé en eux des soupçons de collaboration entre les populations et l’armée nigérienne. Ils ne s’attendaient visiblement pas à croiser les éléments de notre armée aux endroits où eurent lieu les hostilités. D’où ce baroud d’honneur qui a consisté à chasser les populations du terroir qu’elles occupaient depuis des lustres.

Autre évènement qui peut être à la base du désarroi des terroristes, est cette autre victoire acquise sur eux par nos FDS, cette fois-ci, avec l’appui des forces armées partenaires. Il s’agit  de l’attaque perpétrée par eux contre la Brigade Territoriale de Gendarmerie de Banibangou le dimanche 5 avril 2020, à 14h30mn, attaque au cours de laquelle deux gendarmes perdirent la vie.

Evidemment, ce qu’il faut retenir ici est que deux d’entre eux furent neutralisés pendant les échanges de tirs et que « la riposte spontanée » des gendarmes, « en service à la Brigade », les a obligés à « prendre la fuite », comme l’a indiqué un autre communiqué du Ministère de la Défense Nationale.

« Par ailleurs, des éléments de l’opération Almahaou, appuyés par l’aviation de la Force Barkhane, ont spontanément engagé des opérations de poursuite et de ratissage ayant permis la destruction de la quasi-totalité des assaillants », a souligné le Ministère de la Défense Nationale dans son communiqué.

Avec les victoires que ne cessent d’engranger nos FDS et leurs partenaires dans la ‘’Zone de Trois Frontières’’ et la récente déroute de Boko Haram dans les îles du Lac Tchad face à l’armée tchadienne soutenue par les forces armées du Niger, du Nigéria et du Cameroun, on serait tenté de dire que nous sommes au crépuscule du Terrorisme au Sahel.

Bassirou Baki Edir