Tribune :    La récupération activiste flétrie 

                

De même que la vieillesse mange nos neurones, les années amenuisent l’agilité d’esprit de certains acteurs de la société civile. Ce fut décevant de voir des affrontements suppléer de pacifiques marches et meetings, à cause d’une exploitation inopportune des résultats provisoires d’une inspection, des résultats unanimement reconnus accablants et d’une haute gravité. Il est normal qu’au prime abord, la position gouvernementale soit comprise comme blocage des dossiers censés atterrir à la Justice. Mais anormal que ceux qui sont permanemment à l’affût des moindres erreurs, s’engouffrent dans la brèche d’une communication qui masque quelques détails.

Une si exécrable affaire doit être fermement combattue par les gardiens de l’orthodoxie financière, pour inquiéter les auteurs de pareilles forfaitures et faire trembler ceux qui sont certains d’être mis à l’index dans les futures inspections. Elle doit être rigoureusement tranchée pour confirmer la volonté du régime à réduire tous les fléaux qui rôdent autour des caisses du trésor public. Ceci n’explique pas la mutation opérée par ceux-là qui naguère, étaient des acteurs sociaux se conformant rigoureusement aux règles établies. Il n’y aurait pas eu d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre puis des arrestations si la mutation était suivie d’une soumission aux consignes d’urgence sanitaire rendues plus drastiques quarante-huit heures après les tristes tumultes du dimanche. L’ancienne société civile, celle qui ne se précipitait pas sur n’importe quelle occasion pour se défouler, à défaut d’attendre les résultats définitifs, serait allée recueillir au bon endroit, les précieuses informations sur le Ministère de la défense.  Elle ne se serait pas ruée sur les déficiences contenues dans les révélations du gouvernement pour programmer une méga contestation. Ce peuple à mobiliser subit à l’envers ce qu’il adore qu’on lui fasse, c’est-à-dire, l’aider sincèrement à comprendre les faits pour lui permettre de concevoir sa propre conduite à tenir, au lieu de penser à sa place puis le jeter dans les rues. Ce qu’exècrent les citoyens, c’est de se sentir au centre d’épisodes foireux et d’être toujours engagés dans de cuisants et récurrents échecs. Ils exècrent aussi que tout anodin arrêté soit sujet à caution ou qu’une loi défavorable à un groupuscule soit une source de détraction. L’ampleur des fautes économiques commises par des agents financiers, des collaborateurs ou des opérateurs économiques, suffit à elle seule pour tourmenter l’Etat. Et lorsque cet Etat se résout à voir clair dans une gestion pour sortir du tourment, il doit inspirer confiance une totale, plutôt qu’un déni de l’exploitation administrative de ses investigations.

Ayons confiance en ce ministre de la Justice, parfaitement connu des activistes et qui n’a sûrement pas oublié d’où il vient. Nul ne doit discuter son libre choix d’aller prêter main forte à ses camarades, après une victoire sur pour la restauration de la démocratie. Nous devons croire à sa sincérité quand un gouvernement décide de faire restituer les fortunes frauduleusement soustraites d’un circuit. Sans chercher à ressusciter dans nos mémoires quelques opérations juxtaposables, élucidées ou non, nous sommes convaincus que, cette fois-ci, ni la rupture d’égalité, ni l’impunité encore moins une improbable absolution, ne pourront plus enterrer de délicates transactions.

Cependant, ce n’est pas en bravant une interdiction d’ordre général et en prétextant l’absence ou en interprétant à convenance un arrêté de l’autorité de la ville de Niamey, (qui ne peut supplanter mais plutôt relayer un communiqué gouvernemental) que l’on peut obtenir des concessions. Pour être plus crédibles et plus porteuses de succès, les méthodes de lutte doivent changer en bannissant la récupération inconvenante de toute prérogative politique ou administrative de l’Etat. Sinon, cela fera toujours

Innocent Raphael D.