Les partis politiques membres du Front pour la Restauration de la Démocratie et la Défense de la République (FRDDR) ont rendu publique une déclaration le samedi 18 janvier 2020 au siège du Mouvement Démocratique Nigérien pour une Fédération Africaine (MODEN FA Lumaana Africa). Il n’y a rien à redire sur la libre expression d’une Opposition politique. Mais son discours est à mille lieues de la réalité.
Elle entend, par cette sortie médiatique, « face à la dégradation continue de la situation sociopolitique, économique et sécuritaire du pays, dénoncer les avatars du régime et d’alerter le peuple nigérien sur les menaces qui pèsent sur notre cohésion nationale et la paix dans notre pays du fait de l’affairisme, des provocations à la fois inutiles et stupides ainsi que des velléités guerrières et totalitaires du régime ».
Cette déclaration du FRDDR ne constitue en rien une surprise pour tout observateur averti de la scène politique nationale. En effet, chaque fois qu’un malheur s’abat sur le Niger, l’opposition en fait une récupération politique dans le seul et unique dessein de tirer une rente politique en rendant le pouvoir seul responsable même face aux phénomènes des plus complexe comme le terrorisme.
Maintenant que toute la nation pleure ses morts suite aux attaques terroristes perpétrées à Agando, Inatès, Sanam et Chinagodar et qui ont fait de nombreuses victimes au sein de nos FDS, elle en profite pour réclamer le départ du Président Issoufou de la tête de l’Etat. C’est vraiment prendre des vessies pour des lanternes.
Que celui-ci s’en aille, c’est une chose sur laquelle, normalement, elle ne devrait pas se presser puisqu’il a, à maintes reprises, affirmé qu’il cèdera sa place à un Président élu au terme de son second mandat.
L’on ne peut s’empêcher de rire lorsque l’Opposition FRDDR clame : « Issoufou Mahamadou a lamentablement échoué du fait de son incompétence notoirement connue et reconnue même au-delà de nos frontières », a-t-elle tambouriné, estimant qu’il est « le principal facteur de désunion et de discorde nationale ».
Une thèse difficilement défendable. Pourtant, un aspect que l’opposition ne veut pas du tout souligner, c’est sous le régime du Président Issoufou que le Niger est devenu une destination plus que prisée pour de nombreuses manifestations d’envergure internationale. Par le passé, c’était, véritablement, faute d’un leadership conséquent et d’infrastructures appropriées que, pendant longtemps, notre pays fut, en tous points, relégué en arrière-plan du concert des nations.
A propos de la désunion entre les nigériens dont fait cas le FRDDR dans sa déclaration, tout le monde sait qu’elle ne date pas sous l’unique présidence d’Issoufou Mahamadou. Le Niger est, en effet, à sa 7ème République et ce n’est guère la faute des nigériens dans leur majorité écrasante.
Les ambitions et les inimitiés entre les hommes politiques y sont pour quelque chose et ne concernent qu’eux-mêmes, non les paisibles citoyens. Ce n’est, non plus, de la seule responsabilité du Président de la République qui, de manière répétée, a tendu la main à l’opposition dans le but unique de renforcer l’unité nationale.
De ce point de vue, nul n’a oublié qu’en 2013, il appela à la formation d’un Gouvernement d’union nationale pendant qu’un certain de partis politiques, membres de la coalition l’ayant porté au pouvoir, travaillait en souterrain pour le mettre en cohabitation.
A ce propos, les nigériens se rappellent, comment, au nom de ce que ses partisans ont appelé « des coquilles vides », ledit parti rejoignit le camp de l’opposition pour servir à celle-ci de porte-flambeau.
Peut-être que cette opposition ne se rend-elle pas compte qu’elle participe à la désunion de notre peuple par un choix plus que délibéré ? C’est elle qui refuse de répondre à l’appel au dialogue en boycottant les réunions du CNDP et les activités de la CENI, rejetant de facto le Code Electoral. Mais avec une aberration déconcertante, elle n’hésite pas, de l’autre côté, à être présente dans les commissions administratives de l’enrôlement biométrique. Une belle façon à elle de nuire au bon fonctionnement du processus électoral, faire échouer celui-ci pour conduire le pays dans un vide institutionnel et profiter de la confusion que cela peut engendrer dans l’espoir d’accéder au perchoir. Mais au cas où ses manœuvres auraient échoué, elle a pris déjà ses précautions en vue d’une participation pleine et entière aux joutes électorales qui s’approchent.
Elle brouille les pistes aux citoyens sur l’effectivité des futures élections, s’en lave les mains au sujet du blocage dialogue politique et en fait porter le chapeau au Président Issoufou avec, selon elle, « le refus catégorique » de celui-ci de tout dialogue avec elle « et la société civile alors même qu’il tend la main à des soi-disant « repentis d’organisations terroristes » et son obstination de croire à une possible réédition, comme en 2016, du plan, insidieusement satanique, de fraudes électorales et de confiscation du pouvoir ».
Pour d’avantage semer le doute et l’incertitude dans les cerveaux de certains concitoyens afin de leur faire perdre tout espoir d’une quelconque alternance aux futures élections, elle ne s’empêche pas de tempêter et dénoncer « le semblant d’audiences foraines, la parodie d’enrôlement biométrique, la CENI maison, la Cour Constitutionnelle composée uniquement de militants du principal parti au pouvoir ».
Ce qui, d’après elle, est une vaste machination parce que « le régime n’a nullement l’intention d’organiser des élections conformes ni aux règles démocratiques encore moins aux standards internationaux ».
Très logique avec elle-même dans ses contradictions, elle considère que « seule l’union sacrée des fils et filles de notre pays autour de la défense de la démocratie, de l’Etat de droit et une détermination commune de bâtir ensemble un Niger de paix et de progrès, permettront de faire face aux périls qui menacent notre pays ». Ce qui est en soi une très bonne chose.
Seulement, il y a lieu de se demander comment le FRDDR va-t-il y aboutir en prônant le rejet des autres concitoyens dont les convictions sont portées dans l’action de la majorité au pouvoir ? Comment parler d’union sacrée tout en rejetant le dialogue avec le régime en place avec toute la jouissance qu’il a d’une majorité confortable ? Peut-on souhaiter le péril d’un régime démocratiquement mis en place et prétendre défendre la démocratie et la République ?
L’opposition politique pose des préalables avant tout dialogue, on le sait, elle exige un Décret Présidentiel pour créer un cadre où seront présents les grands témoins et fait une fixation sur l’article 8 du Code Electoral.
Elle prétexte que c’est aussi face à « l’aggravation de la situation socio-économique, du contexte funeste et plein d’incertitudes dans lequel nous vivons ainsi que de l’imminence des échéances électorales que l’Opposition politique a proposé l’organisation d’un dialogue national inclusif, comme solution idoine ».
Mais, elle s’en est tenu simplement de souligner que le dialogue par elle proposé est « rejeté par Issoufou Mahamadou », mettant en sourdine les préalables dont elle veut lui imposer le respect. Une posture vraiment anachronique.
Bassirou Baki Edir