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Opposition politique : Bisbilles au Front Démocratique et Républicain

L’Opposition est en effervescence. Depuis quelques jours, ce n’est qu’un secret de polichinelle.  Le mardi dernier l’opinion publique a bien noté qu’au sein des ‘’frontistes’’ la cohésion a vécu. Un problème de leadership serait la base de la pomme de discorde de ce qu’on peut appeler désormais crise interne à l’Opposition nigérienne.

Pour les faits, nous apprenons qu’il y avait la nécessité de redynamiser le cadre de lutte qu’est le Front Démocratique et  Républicain (FDR) avec une direction nationale de la coalition de ces regroupements épars des partis politiques et la société civile. Cette difficulté est réelle du fait de l’absence du chef de file de l’opposition, Hama Amadou en exil pour ses déboires judiciaires.

 C’est ainsi que Amadou Boubacar Cissé et l’ex chef de l’Etat et député national Mahamane Ousmane sont pressentis pour assurer le leadership. Un simulacre d’élection a eu lieu en l’absence du FRDDR en élisant Cissé comme président du FDR. Dans une déclaration, le président par intérim du FRDDR, Falké Bacharou a écrit au président du FDR. Après avoir notifié les irrégularités qui caractérisent le procès-verbal du président sortant du FDR, Falké Bacharou a martelé : « Au vu de ce qui précède, le FRDDR déclare le procès-verbal en question ainsi que les prétendues décisions qu’il tente de faire entériner, comme étant nuls et de nul effet et ne sauraient en aucun cas l’engager. »

 Falké Bacharou dénonce ici ce qui serait un passage en force d’Amadou Boubacar Cissé (ABC) à la présidence du FDR. Un confrère avait même fait croire à l’opinion que l’élection d’ABC aurait la caution du principal parti de l’Opposition et de son leader en reprochant à Mahamane Ousmane son infidélité à l’endroit de ses alliés opposés au régime en place. Mais en fait d’infidélité, il est reproché à Mahamane Ousmane d’avoir reçu des membres de la MRN à l’occasion du mariage de sa fille !

 Du moins à en croire ce confrère. Un argument à l’emporte-pièce. Le confrère en question avait également fait croire à l’opinion qu’il y a élection au FDR et que Cissé aurait battu Ousmane après un vote. Selon ce confrère Falké Bacharou était tellement déçu qu’il a aurait quitté la réunion pour exprimer sa sympathie à son mentor Ousmane. Mais après la déclaration du FDR, l’on comprend aisément que c’était un autre argument tiré par les cheveux en ce sens que le FRDDR avait quitté la réunion bien avant pour des raisons avancées par son président.

Les raisons de la discorde…

Ce conflit de positionnement  des leaders de l’Opposition politique est assez curieux pour un cadre de lutte déjà assez amorphe. Pourquoi une opposition en mal de leadership et plongée dans une profonde léthargie expose publiquement ses contradictions internes ?

Il y a d’abord ce retour d’Amadou Boubacar Cissé de la Centrafrique où il était coopté conseiller du président de la République. Une fois à Niamey, ABC aurait nourri l’ambition d’occuper les places de l’opposition à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) avec certains partis politiques de l’opposition. Une approche iconoclaste en porte-à-faux avec la politique de la chaise vide comme réplique de l’Opposition sur le processus électoral en cours.

Pour revenir à la crise en cours, le même ABC serait aux prises avec Mahamane Ousmane pour la présidence du FDR, dit-on. Certes l’ancien premier ministre de Mahamane a le fric pour s’offrir ce poste comme le susurrent quelques-uns mais n’a ni le charisme ni le poids d’Ousmane sur l’échiquier politique. Et d’ailleurs, la teneur de la déclaration du FRDDR résonne comme un avertissement pour Cissé qui risque d’être chassé de l’opposition organisée comme un malpropre à l’image de Ladan Tchiana avec la MRN.

Certes selon certaines indiscrétions, Hama Amadou aurait suggéré le consensus dans le choix  du guide du FDR. Mais, disons-le tout net, il est difficile que Hama Amadou jette son dévolu sur Cissé au détriment d’Ousmane ne serait-ce par calcul ou par realpolitik. Lumana et son leader peuvent avoir des reproches contre Ousmane mais de là à penser qu’ils allaient le mettre entre parenthèses pour préférer ABC serait assez hasardeux. Mais cette crise larvée pourrait avoir des lourdes conséquences sur l’opposition dont le déficit de leadership n’est qu’un lieu commun.

Les griefs contre Mahamane Ousmane

L’ancien président de la République, Mahamane Ousmane a la carrure d’être le chef de file de l’opposition malgré la fuite de Hama Amadou. Il a la stature qu’il faut. Il jouit  de la sympathie réelle ou supposée de son fief de Zinder. Il a, comme qui dirait, l’envergure requise pour être chef de file de l’Opposition. Mais Mahamane Ousmane a battu sa carrière politique sur des valeurs républicaines. Démocrate et républicain convaincu, Mahamane Ousmane ne cautionnerait pas certaines méthodes de lutte antidémocratiques prônées par l’Opposition politique actuelle. En effet, Ousmane n’était pas prêt d’être le mouton de panurge en recourant à la violence comme alternative pour ceux qui n’ont envisagé que l’insurrection et la violence comme stratégie de lutte face au régime du Guri. Tout se passe comme si Mahamane Ousmane n’est pas prêt d’assumer les conséquences d’une telle posture et cela gênerait l’ardeur des pyromanes tapis dans cette opposition. Comment l’ancien chef d’Etat pourrait-il se comporter en pyromane alors que le chef de file de l’Opposition a fui pour ‘’sauver sa peau’’ ? En effet, Mahamane fait face à la contradiction ainsi créée par Hama Amadou qui a préféré prendre des risques mesurés en s’adonnant à un exil doré. Qui plus est, le leader de Lumana est un le principal tombeur de Mahamane Ousmane de son piédestal avec l’appui de ses alliés d’hier. Leur cohabitation n’a été que la pire humiliation qu’on pourrait faire à un chef d’Etat en exercice. N’étant ni amnésique ni pyromane, Ousmane avait préféré  faire montre du sens de la répartie et de patriotisme. Et les partisans de la sédition n’ont pas aimé cette attitude. D’aucuns disent que Ousmane aurait boycotté certains mots d’ordre non conformes à ses convictions et principes d’homme républicain, démocrate et pacifiste. Ce qui le grandit aux yeux de l’opinion publique qui ne saurait cautionner la violence aveugle. ‘’Faire contre mauvaise fortune bon cœur’’, est un principe très cher au président Ousmane. En un mot comme en mille, c’est dire que Mahamane Ousmane reste et demeure un homme politique rationnel et foncièrement démocrate. Ce n’est pas le genre à faire un serment pour aller à l’encontre des valeurs républicaines notamment la justice. On voit bien qu’aujourd’hui que ses pourfendeurs de la CDS n’ont ni son sens de la vie associative encore moins de la démocratie.

L’opinion publique attend donc de voir l’évolution de cette crise larvée au sein du FDR. Mais en attendant, il y a des signes qui ne trompent pas. Le refus de Lumana à Amadou Boubacar Cissé de son siège pour inaugurer sa présidence du FDR en dit long sur le désaveu de ce parti de la démarche de Cissé. Il est probable dans ce sens que Cissé soit exclu du FRDDR s’il ose se prévaloir de son élection jugée irrégulière selon le président du FRDDR. Dans le cas où Cissé affirme son leadership du FDR sans accroc alors c’est en ce moment que les choses sérieuses vont commencer entre les ténors de l’opposition. Pour le moment, tout se passe comme si Cissé vient de commettre une bévue avec la complicité de Dodo, le président sortant du FDR. D’ailleurs, hier le secrétaire général du parti Tabbat d’ABC avait annoncé son retrait du FRDDR et son adhésion aux partis non alignés. L’on apprend également la décision du responsable des réseaux sociaux Lumana d’exclure Intinicar de tous les groupes whatsaap où ce dernier était inscrit. C’est dire qu’il y a vraiment de l’électricité dans l’air.  Pour le reste, tout le reste…time will tell.

Elh. Mahamadou Souleymane