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Editorial : le danger du populisme

La gestion d’un Etat ne rime pas avec le populisme. C’est une triste vérité à laquelle ont été confrontés tous les pays qui ont cédé aux maîtres chanteurs et tous ceux-là qui mettent en avant leurs fantasmes au détriment de la réalité.

Ces démagogues tapis généralement dans l’opposition politique et la société civile font croire à l’opinion que tout est facile, tout est simple à obtenir. Si la vie coûte chère, si le peuple n’est pas dans le bonheur, si la situation sécuritaire se dégrade au Sahel c’est la faute des gouvernants.

Après le drame d’Inatès, le bouc émissaire est tout trouvé : la France, l’allié d’Issoufou qui serait ‘’l’un des plus grands alliés de l’impérialisme français au Sahel’’, selon un acteur de la société civile nigérienne commentant le discours du chef de l’Etat nigérien à la réunion extraordinaire du G5 Sahel.

Selon Wikipédia : « Le populisme se réfère à un peuple homogène fantasmé, constitué par la masse qu’on estime exclue du pouvoir et non écoutée par la démocratie représentative jugée coupée des vraies réalités … »

Sous nos tropiques, une partie de l’élite intellectuelle en fait partie. Ils officient souvent sur les réseaux sociaux et sont repris par des médias en mal d’inspiration. Ces populistes de tout acabit dont certains brillent par leur nihilisme ont tendance à discréditer la démocratie représentative et les dirigeants du pays.

Au Niger, c‘est un truisme de dire que la montée du populisme a atteint son paroxysme. Certains illuminés voudraient nous mener en bateau si on n’y prend garde. Après leur cuisant échec d’instaurer la chienlit dans le pays par la contestation de la loi des finances 2018, désormais ils voudraient récidiver avec la question sécuritaire.

Contre leur attente, le président Issoufou a martelé en toute responsabilité : « Ceux qui s’attaquent à nos alliés, ceux qui veulent les défaire, font pire qu’attaquer nos troupes ». N’est-ce pas le vœu d’Iyad Aghali, Al Saharaoui et consorts de voir les forces étrangères quitter le Sahel ?

L’on comprend bien que l’impuissance de nos armées face aux terroristes génère le ressentiment. Mais à l’épreuve des faits est-ce une posture responsable de penser que le départ des alliés serait la panacée pour la sécurité au Sahel ? Quelle alternative proposent les populistes après le départ de Barkhane ?

Les faits ?  C’est qu’au Mali voisin la situation sécuritaire est très dégradée : Kidal, le centre, le delta sont entre les mains des terroristes. L’Etat malien est en passe de perdre encore le contrôle de la majorité de son territoire, si on n’y prend garde, même si par ailleurs l’Opposition malienne se complait d’apporter de l’eau au moulin des terroristes dans l’espoir d’une rente politique. Une illusion de perspective puisque désormais les terroristes demanderaient purement et simplement l’édification de l’Etat d’Azawad. Plus de transition politique pour que l’Opposition accède au pouvoir par voie démocratique.  Au Niger, un peu partout les terroristes sont disséminés pour soit sévir sur les postes militaires avancés ou sur les civils à travers le pays. La fragilité des trois frontières (Burkina, Mali et Niger) met en évidence toute la gravité de la situation au Sahel. Notre grand voisin, le Nigeria est à genoux. Des soldats tchadiens viennent d’arriver en rescousse aux forces de défense de ce pays très éprouvé par Boko Haram.

On le voit, nos armées ont plutôt besoin d’équipements, du renseignement, du temps pour se former. Dans ce sens la coopération militaire est plus que nécessaire. A Inatès, contrairement à la manipulation de l’information, le combat a bel et bien eu lieu entre nos soldats et les terroristes. Nos militaires ont bien vu venir l’ennemi mais le rapport de force n’était pas à leur faveur, apprend-on de sources dignes de foi. L’avion imaginaire qui serait aperçu avant et après serait de la pure intoxication tout comme les audios qu’on avait voulu attribuer à des soldats, nous ont confié les mêmes sources. Et toujours des sources bien informées, Barkhane aurait tué plus de terroristes que les armées du Burkina, Mali et Niger réunies. C’est en ce sens que le Président Issoufou voudrait dire que ceux qui demandent le départ de Barkhane seraient des alliés objectifs des terroristes. Face à la dégradation de la situation sécuritaire au Sahel, une riposte internationale est nécessaire. C’est pourquoi le Président de la République du Niger a toujours développé des thèses conformes à la réalité et à la vérité. Et c’est justement pourquoi il rassure les partenaires au plan mondial sur les questions de sécurité.

C’est dans ce contexte d’insécurité criard que nos populistes cherchent à affaiblir l’Etat. La voie la plus sure pour basculer le pays dans l’incertitude et l’anarchie. Il importe d’avoir la mémoire de l’essentiel : certains de nos populistes ont déjà fait montre du pire soit en contribuant à la démolition de la constitution de la 5ème République par leur complicité ‘’active’’. Et que dire de leurs mauvaises fréquentations des milieux sulfureux qui les financent ?

On le sait, le populiste se moque souvent de la réalité et de la vérité. La responsabilité commande à dire ce qui est conforme à la vérité. Un homme d’Etat n’a pas peur d’assumer ce qu’il sait être conforme à l’intérêt général. Le président Issoufou est conscient qu’hier, aujourd’hui et demain il y aura des alliances face aux ennemis de la liberté et de la paix. L’irresponsabilité serait de céder au chant de sirène populiste.

La position du Président Issoufou sur la sécurité au Sahel n’est pas une vue de l’esprit. A preuve, c’est une constante, l’une des revendications des terroristes c’est le départ des forces alliées. Et c’est conformément à cet agenda des terroristes que nos populistes voudraient imposer au Sahel une épreuve de plus en feignant d’ignorer les graves conséquences qui pourraient en découler. A notre humble avis, ce serait dangereux de faire le jeu de ces barbares qui voudraient être seuls maîtres pour réaliser leur rêve d’un ‘’sahelistan’’, un no man’s land synonyme de la négation des libertés.

Entre la position de nos chefs d’Etat bien renseignés et celle des populistes souvent irresponsables (au propre comme au figuré), nous avons le choix. Nous avons le choix entre préserver l’essentiel ou basculer dans l’anarchie.

Nous ne le disons jamais assez que dans notre pays où tout est prioritaire, il serait hasardeux de penser que l’activisme en vogue des populistes serait la panacée. Un simple survol de notre récente histoire politique pourrait convaincre ceux qui ont tendance à céder au chant des sirènes des populistes. Ces offres en apparence séduisantes, mais pouvant se retourner contre ceux qui l’acceptent. Il faut se méfier du danger du populisme.

Tiemago Bizo