L’invitation du Président français adressée aux chefs d’Etat du G5 Sahel, le 16 décembre prochain, afin de clarifier leur position sur la présence militaire française continue de défrayer la chronique. Internautes, acteurs de la société civile, chroniqueurs chacun va de son commentaire avec des propos désobligeants à l’endroit des chefs d’Etat du G5 Sahel ravivant ainsi le sentiment anti français déjà très critique au Sahel.
Aux yeux de certains leaders d’opinion, ce serait un sacrilège de la part des présidents du G5 Sahel de répondre à cette injonction d’Emmanuel Macron. Certains acteurs de la société civile envisageraient des manifestations de rue pour exprimer leur indignation à l’encontre de ce qu’ils considèrent comme du ‘’paternalisme’’.
Mais il y a lieu de se demander si la posture de Macron ne serait pas une opération de charme à l’endroit des français notamment quand on sait que sa mesure est intervenue juste après la disparition de 13 soldats français de l’opération Barkhane au Mali.
En effet, autant nous avons une opinion publique très contraignante sur la présence militaire dans nos pays, autant sur cette question l’opinion française est également très critique sur le gouvernement français. Par exemple la présence de Barkhane et la perte en vies humaines est une question très sensible en France, apprend-on. Qui plus est, malgré les efforts budgétaires du gouvernement français, l’opinion publique française ne comprend pas le sentiment anti français qui se développe de plus en plus au Sahel. Les français s’offusqueraient d’apprendre que Barkhane est accusée être de mèche avec les terroristes et n’est présente au Sahel que juste pour les intérêts économiques français.
Le bilan de plus en plus lourd de Barkhane tant sur les plans humain et financier pourrait amener Emmanuel Macron à changer de fusil d’épaule. Du moins à revoir sa stratégie au Sahel. Et quoi de plus normal de prendre l’opinion publique française à témoin en exigeant des chefs d’Etat du G5 Sahel de réitérer leur demande sur le maintien de Barkhane.
Les chefs d’Etat du G5 Sahel entre le marteau et l’enclume…
Nul doute que les réseaux sociaux ont favorisé la montée du populisme à travers le monde. Les citoyens sont de plus en plus exigeants sur la façon dont leurs pays sont gouvernés. Face à la détérioration de la situation sécuritaire au Sahel, les citoyens condamnent la présence des bases militaires dans leur pays. Tout se passe comme si Barkhane avait pour mission de se substituer aux armées locales tant les attentes sont réelles au regard des moyens réels ou supposés de cette force française. Une attaque a lieu au Burkina, au Mali, au Niger, au Tchad, d’aucuns pensent que Barkhane devrait renseigner le pays concerné. Bref, de proche en proche, pour les sceptiques Barkhane pactiserait avec les terroristes et ferait ombrage aux armées locales dans leur mission régalienne. Ce qui serait contre productif pour Macron qui pourrait craindre des représailles de l’opinion publique française.
A noble humble, la responsabilité qui incombe aux chefs d’Etat du G5 Sahel est de rassurer leur opinion publique sur l’apport de la présence militaire française au Sahel et à ne pas céder au nihilisme de ceux qui demandent le retrait pur et simple de Barkhane sans aucune proposition alternative. Dans ce sens, l’invitation de Macron serait un cadre de débat pour crever l’abcès pour un nouveau départ. Il serait à cette occasion proactif que nos chefs d’Etat prennent l’initiative de définir les contours de la coopération militaire avec l’Hexagone en tenant compte notamment des avis des stratèges militaires locaux. Ces derniers, à tort ou à raison, d’aucuns pensent qu’ils ne seraient pas très impliqués dans la gestion de la sécurité au Sahel.
Il faut aller à Pau. Le Sahel n’a rien à perdre. Bien au contraire. Pourvu que nos chefs d’Etat sachent défendre les intérêts du Sahel…sans tabous.
EMS