« Les opérateurs économiques de Zinder sont fiers aujourd’hui de ce complexe économique, un bijou au grand centre de la ville de Zinder qui fait la joie de tous les zinderois. Quelle que soit l’atmosphère d’avant la construction de ce marché, aujourd’hui je pense que c’est la joie qui anime les uns et les autres. », déclare Elhadji Amani Mahaman Laminou
Elhadji Amani Mahaman Laminou est le Directeur régional de la Chambre de commerce et d’industrie du Niger (CCIN) de la circonscription consulaire de Zinder. A travers cet entretien, il brosse un état des lieux du grand marché de Zinder en ce qui concerne son domaine de compétence. Il y a des boutiques non encore occupées à cause du tarif prohibitif selon les commerçants contactés par nos soins au sein dudit marché. Dans l’ensemble, des activités économiques intenses se passent à ‘’Kassoua Dolé’’ qui force vraiment l’admiration du visiteur tant par la largesse de ses quartiers et le grand monde qui commerce à l’intérieur comme aux alentours de ce marché.
Niger Inter : La rénovation du grand marché de Zinder dit ‘’Kassoua Dolé’’ avait suscité réticence et désapprobation au départ. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Elhadji Amani Mahaman Laminou : Merci beaucoup de susciter cet échange sur le grand marché de Zinder. Effectivement, de nature comme de tradition, quand vous êtes habitué à vivre dans une case le jour où on va vous de dire de déguerpir on va vous construire une villa, cela peut paraitre comme une équation à savoir est-ce que vous allez disposer de votre case ou bien vous serez dépossédé du tout. Il y a eu réticence parce qu’il y avait un grand monde au niveau du marché traditionnel ‘’Dolé’’ et à l’approche d’une idée de rénovation ou même de la reconstruction d’un marché moderne, cela a posé certaines équations pour certains opérateurs économiques. Plus de 80% étaient réticents et très peu de commerçants étaient pour cette initiative. Et effectivement il y a eu pas mal de mécontents quand il y a eu la casse des boutiques. Après avoir tout a été englouti et on est revenu sur la phase de reconstruction, le marché a été reconstruit avec des installations modernes. Les boutiques sont construites en matériaux définitifs. Il y a des classements par quartiers et il y a eu des infrastructures modernes qui ont tenu des comptes des standards d’un marché digne ce nom. Aujourd’hui ‘’Kassoua Dolé’’ c’est un complexe moderne de commerce qui est à la disposition des opérateurs économiques. Les opérateurs économiques de Zinder sont fiers aujourd’hui de ce complexe économique, un bijou au grand centre de la ville de Zinder qui fait la joie de tous les zinderois. Quelle que soit l’atmosphère d’avant la construction de ce marché, aujourd’hui je pense que c’est la joie qui anime les uns et les autres.
Niger Inter : Que dites-vous de la gestion de ce marché aujourd’hui ?
Elhadji Amani Mahaman Laminou : La gestion du grand marché de Zinder est confiée à une équipe chapeautée par un comité de suivi composé par les représentants des opérateurs économiques et de l’administration. A mon avis, ce comité a fait montre de courage pour avoir réussi à mettre en place un système de gestion très fiable et ouvert. Ce comité permet aujourd’hui des rencontres avec les opérateurs économiques pour discuter de leurs problèmes et éventuellement apporter des solutions. Tout n’était pas gagné d’avance mais à l’épreuve des faits, tout le monde est satisfait de ce comité. Jusqu’à une date récente les tarifs des boutiques étaient la pomme de discorde entre les opérateurs économique et l’administration mais le comité de gestion a fini par revoir les tarifs mensuels des boutiques à la baisse et bientôt les opérateurs économiques vont bénéficier de la nouvelle tarification.
Niger Inter : Selon vous quel pourrait être l’impact d’un centre commercial organisé comme ‘’Kassoua Dolé’’ aujourd’hui à Zinder ?
Elhadji Amani Mahaman Laminou : Je pense que le premier impact c’est l’adressage des opérateurs économiques. Ensuite, la municipalité a un rôle à jouer y compris le service des impôts. En dehors de cela, il faut admettre qu’avec un service de sécurité disponible, l’environnement est beaucoup plus fiable. C’est vous dire que l’impact est grand du point de vue sécuritaire et de point de vue des revenus pour l’Etat. Et mieux encore, ce sera une grande société qui sera créée même si aujourd’hui encore le marché est sous tutelle. Elle sera certainement constituée en société anonyme et c’est cela qui permettre à l’Etat d’engranger assez de revenus et effectivement aux opérateurs économiques de s’asseoir sur des bonnes pistes. Et c’est cela qui va attirer les grandes industries qui vont en vouloir prendre plus de boutiques et installer leurs produits pour leur commercialisation. En un mot, c’est un centre de commerce attractif de plus en plus. Et je pense que le grand marché va être davantage connu à travers une campagne de promotions qui vont être mises en place plus tard notamment en matière d’organisation des foires, des quinzaines commerciales ou autres. Avec une campagne d’informations et de sensibilisation, le grand marché de Zinder pourrait être un marché africain comme objectif à lui fixé par les plus hautes autorités de ce pays.
Niger Inter : Que fait la chambre du commerce pour que cela soit une réalité ?
Elhadji Amani Mahaman Laminou : La chambre de commerce en elle-même a 7 attributions qui visent à faire la promotion de tout ce qui est commerce et industrie au niveau de la région. Aujourd’hui nous sommes censés organiser des foires, des rencontres et faire venir des grandes industries africaines vers la région de Zinder. Aujourd’hui nous sommes censés aller même vers le Nigeria voir les grandes industries qui sont implantées et faire en sorte que ces industries puissent venir à Zinder expliquer comment leurs produits sont fabriqués et comment ils peuvent être accessibles aux opérateurs économiques de Zinder.
Une de nos missions c’est aussi faire connaitre les produits nigériens et les promouvoir au niveau de la sous-région : au Nigeria, au Tchad, en Algérie et bien d’autres pays voisins. Je rappelle que Zinder fut un ancien carrefour commercial et qui a fait beaucoup parce que pendant les échanges dans le temps, tous les produits qui venaient des pays asiatiques passent par l’Algérie ou la Libye et rentrent au Niger à travers Agadez en destination de Zinder et de Zinder acheminés jusqu’au Nigeria. Du Tchad également il y avait une voie qui passe par Zinder pour aller vers le Nigeria. A l’époque il y avait donc ce commerce triangulaire qui va d’Algérie vers Agadez, d’Agadez vers Zinder et de Zinder vers le Nigeria. Zinder était à l’époque habitée par des libanais et des arabes. Aujourd’hui il y a un peu de vide de ce commerce parce qu’il manque de voies sahariennes comme avant pour permettre aux opérateurs économiques d’accéder facilement à Zinder.
Niger Inter : quel est votre message de la fin ?
Elhadji Amani Mahaman Laminou : Nous sommes dans un milieu où le secteur informel est important. Lorsque le secteur informel est important c’est que les structures administratives ne peuvent recouvrer ni les impôts ni les cotisations ni le respect des taxes municipales. Et lorsqu’il n’y a pas d’entrées dans les caisses de ces structures c’est l’Etat qui perd. Au niveau des opérateurs économiques, leur problème avec la douane c’est vraiment un casse-pied car le système est tel que beaucoup d’opérateurs économiques ont des statuts d’entreprises qu’on appelle SARL (NDLR : société à responsabilité limitée) mais opèrent en tant que personnes physiques. Comme vous le savez, celui qui a un statut de société doit savoir qu’il doit venir à la chambre de commerce les chercher pour vaquer à ses occupations mais dans la réalité il n’y a que deux ou trois personnes sur cent personnes déclarées qui sont à jour. Tout le monde ferme les yeux parce qu’on dit que c’est informel. Nous sommes en train de sensibiliser les opérateurs économiques pour les amener à utiliser leurs documents de commerce sans quoi ça ne peut pas marcher indéfiniment.
Propos recueillis à Zinder par Elh. Mahamadou Souleymane