Alors que chacun s’attend impatiemment à des conversations instructives, c’est très souvent une déception qui sanctionne la conclusion des débats qui nous sont aimablement recommandés pour meubler nos heures creuses. Nous sommes certains qu’en les initiant, les concepteurs de ces échanges avaient librement décidé de faire en sorte que les présentateurs et leurs invités nous offrent une à deux heures de discussion de bonne facture. Malheureusement, les nigériens qui en raffolent, se retrouvent lassés et s’en détournent quelques minutes après le début de l’émission.
Ils s’en détournent parce que, quand ce n’est pas la mouche de la bagarre outrancière et la discourtoisie qui les pique, c’est la qualité qui s’absente du langage de ceux qui se sont érigés en nomades des plateaux de médias. Les préjugés et les supputations (des plus virulents aux plus saugrenus), sont répandus par ceux-là mêmes qui, du fait de leur participation, œuvrent, d’une façon ou d’une autre, à démontrer l’effectivité de la liberté d’expression et de la liberté de pensée. Il nous semble superflu de rappeler que ces dernières font partie des solides piliers de tout État de droit. L’on peut aisément relever la légèreté de certaines argumentations et la frivolité des affirmations qui paraissent provenir d’une divagation de l’esprit.
Or, bien menés, ces entretiens devaient avoir à la fois, un effet préventif et palliatif sur les préoccupations politiques, sociales et économiques du pays, mais les pessimistes invétérés peinent chaque fois à prouver qu’ils sont dans la droite ligne des décryptages sincères. Ils ne trouvent pas mieux que de s’échiner à invectiver, par de vaines incitations, l’ultime objectif étant d’entraver des réformes, de fomenter de futiles manœuvres visant à paralyser le système ou débiter des contre vérités visant à déprécier les acquis. Le fait même de dédaigner de se mettre au diapason d’une meilleure ouverture des intelligences, les oblige à se verser dans de ridicules balbutiements.
La conséquence immédiate est la désertion que génère le dégoût ressenti par quelques uns de leurs confrères de la presse (de redoutables critiques); un dégoût ayant entraîné une chute vertigineuse de l’Audimat. Il ne veut plus s’ennuyer à prêter une attention aux bonimenteurs ressassant les mêmes opinions dans les mêmes termes et des années durant, en affichant cette posture de donneurs de toutes sortes de leçons. Ces plaisantins dont les plus fortes idées ont connu des fortunes diverses, miroitent détenir les formules magiques de la bonne gouvernance et qu’il suffit de leur donner les moyens financiers pour qu’ils produisent des miracles. Le comble est la tendance des modérateurs à occuper et aveugler les consciences en poussant leurs invités vers la réplique qu’ils désirent, aidant visiblement certains à acculer leurs vis-à-vis d’avis contraire, dans leurs plus profonds retranchements. Les séances de sensibilisation patriotique, véritables foires d’empoigne, écœurent les auditeurs, souvent groggys de ne voir apparaître aucun enseignement à tirer à la fin des calvaires qu’on leur fait subir.
Que ceux qui nous maltraitent par le caractère un peu brouillon des débats, veuillent bien les relever en vue d’améliorer cette insuffisance en imitant les bons exemples, à l’image du »Mu tattauna » du 30 décembre. Il ne pourrait en être autrement si des adeptes de la polémique continueront de s’aventurer sur des terrains sans en avoir une réelle maîtrise. Les prestations qui nous sont servies depuis un certain temps ne sont pas à la hauteur de nos attentes. Heureusement que ce ne sont pas tous les animateurs de ces face-à-face qui entretiennent sans arrêt des incitations à une permanente contestation ou qui s’agitent dans d’interminables jérémiades afin d’insuffler le doute dans nos pensées.
Innocent Raphael D.