Sommet interparlementaire du G5 Sahel : Mise en place d’un organe de contrôle démocratique

Un sommet interparlementaire des pays du G5 Sahel s’est tenu à Niamey au Niger le mardi 17 Juillet 2018. Ont participé à cette réunion de haut niveau, outre les parlementaires des pays membres du G5 Sahel, Antonio Tajani, Président du Parlement Européen et Jacques Maire, Vice-président de la Commission des Affaires Etrangères de l’Assemblée Nationale Française en même temps Président du Groupe d’Amitié France-Niger. Il s’est agit aux députés réunis de créer un organe de contrôle démocratique de la gouvernance du G5 Sahel afin d’améliorer l’orientation stratégique de celui-ci et les mécanismes d’appropriation de ses objectifs par les populations.

Le Sommet de Niamey s’est penché sur l’opérationnalisation de la Force Militaire Conjointe qui a été mise sur pied pour lutter contre le terrorisme, le grand banditisme, le trafic de drogue et des personnes dans les pays membres du G5 Sahel.

Au cours de leur réunion, les parlementaires des pays du G5 Sahel, ont aussi examiné, en compagnie de leurs homologues français et européens, les mécanismes de financement de la Force Militaire Conjointe et les questions liées au développement économique de toute la Région.

Dans le discours qu’il a prononcé, S.E Ousseini Tinni, Président de l’Assemblée Nationale du Niger, hôte du Sommet, a souligné la pertinence d’une telle rencontre de haut niveau en brossant d’abord la situation dans laquelle se trouve le Sahel, cette « terre de vieilles civilisations, de culture, de grande tradition et d’une histoire plus que millénaire, est aujourd’hui, de part en part, assaillie de menaces multiformes aussi dangereuses les unes que les autres. Sans être exhaustif, j’évoquerai le fait migratoire, piège mortel pour notre jeunesse, le développement du fanatisme religieux, les velléités de repli identitaire cultivées par certaines franges de nos populations ; mais, il y a surtout le terrorisme aveugle, ce terrorisme qui traine dans son sillage une spirale de violence que, ni des revendications territoriales, ni des raisons idéologiques ne justifient. Mais, il devient de plus en plus certain que son objectif non avoué n’est ni plus ni moins que la destruction de nos Etats ! Comme par effet de contagion, il menace l’ensemble de la sous région… »

S.E.M Ousseini Tinni a, ensuite, souligné que « face à tous ces défis, en dépit de nos moyens limités, nous avons réagi avec vigueur et détermination. Nous affrontons sans faiblesse tous nos ennemis apparents et cachés ; nous le faisons avec cet engagement et ce courage qui ont permis à nos ancêtres de bâtir des empires prestigieux dont les vestiges jalonnent nos paysages encore aujourd’hui ! » Et le Président du Parlement Nigérien de citer le Président de la République Issoufou Mahamadou qui a dit : « face au danger commun nous devons organiser une riposte commune et concertée. En effet, le terrorisme a effacé les frontières géographiques entre pays et donc aussi la frontière entre sécurité intérieure et sécurité extérieure ».

D’où la nécessité de la création d’une organisation telle que le G5 Sahel pour prendre en charge toutes les contraintes auxquelles les populations se trouvent confrontées. Car les défis sécuritaires sont généralement liés aux problèmes économiques. Ainsi, pour combattre le terrorisme, un relèvement économique de la Région est indispensable au-delà de l’utilisation des moyens militaires. Et le G5 Sahel a pour vocation de servir de « cadre de coordination et de suivi de la coopération régionale en matière de politique de développement et de sécurité », a expliqué Ousseini Tinni.

Aujourd’hui,  toutes les structures de fonctionnement de cette organisation sont en train d’être mises en place. « Quant au Programme d’Investissement Prioritaire, instrument de mise en œuvre de la Stratégie pour le développement et la sécurité du G5 Sahel, il reçoit progressivement le soutien appuyé de nombreux partenaires au développement », s’est-il réjouit.

Le seul instrument manquant pour le bon fonctionnement de l’organisation sahélienne reste, selon lui, un organe de contrôle démocratique, une structure interparlementaire pour « compléter les organes déjà opérationnels du G5 Sahel. A cet organe, j’estime qu’il faudrait attribuer une vocation de veille, de conseil et d’information pour mieux créer une synergie des actions visant à assurer la pérennité des programmes de développement et de sécurité dans cette zone ».

Le G5 Sahel est une organisation qui a été créée en Février 2014 et qui regroupe 5 pays de l’espace sahélo-saharien à savoir : Le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. Il a pour vocation la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue, la migration irrégulière, la traite de personnes.

Il a pour objectifs de garantir les conditions de développement et de sécurité dans l’espace des pays membres, d’offrir un cadre stratégique d’intervention permettant d’améliorer les conditions de vie des populations, d’allier le développement et la sécurité, soutenus par la démocratie et la bonne gouvernance dans un cadre de coopération régionale et internationale mutuellement bénéfique et de promouvoir un développement régional inclusif et durable.

Bassirou Baki