L’Etat de droit s’est à nouveau manifesté, au Niger, dans le dossier des acteurs de la société civile interpellés et détenus suite aux manifestations de rue contre la loi de finances 2018 qu’ils ont organisées, et qui se sont soldé par des destructions de biens publics et privés.
Le procès qui a été vidé, ce mardi 24 juillet, a achevé de convaincre même les plus sceptiques que le Niger est un Etat de droit. L’Etat de droit, c’est parce que ces acteurs de la société civile ont été détenus en vertu d’une décision de justice. L’Etat de droit, c’est parce qu’ils ont été présentés devant le juge et qu’ils ont bénéficié d’un procès juste et équitable avec toutes les garanties de la défense. L’Etat de droit, c’est parce que le juge a décidé suivant son intime conviction et en application de la loi sans aucune interférence témoignant ainsi de la nette séparation des pouvoirs.
C’est ainsi que les 3 principaux responsables de la société civile et un autre militant ont été condamnés à 3 mois de prison avec sursis et 20.000 FCFA d’amende. Une dizaine de militants ont été purement et simplement relaxés et 8 autres ont été condamnés à 1 an d’emprisonnement dont 6 mois avec sursis.
Un des avocats des acteurs de la société civile n’avait pas tari d’éloges à l’endroit de la justice nigérienne qui a fait preuve d’indépendance et qui n’a dit que le droit. Il a souligné sa fierté de continuer à porter sa toge parce que les juges ont tranché sans recevoir des instructions de qui que ce soit. Un pays, c’est des lois et une justice indépendante qui veille pour que les droits de chaque membre de la société soient protégés et les dérapages sanctionnés. C’est la principale leçon qu’il faut tirer de ce procès qui a fortement retenu l’attention.
Ce n’est pas la première fois que la justice dise le droit. Sans état d’âme. Même dans le cadre des manifestations de la société civile contre la loi de finances 2018, combien de fois les autorités municipales à Niamey comme à l’intérieur du pays ont perdu la partie, sur le plan judiciaire, pour avoir empêché la tenue des manifestations sur les territoires de leurs compétences ? Au Niger, l’exécutif qu’il soit local ou central n’a pas le monopole de la vérité. Il a, en face de lui, le contre-pouvoir de la justice. C’est là un énorme capital que nous avons, et il importe de le préserver à tout prix.
Tiémogo Bizo