La décolonisation des mentalités d’une certaine élite politico-intellectuelle et par extension de la masse laborieuse de notre pays se pose avec acuité. Rappelez-vous la mobilisation, l’effort fourni, l’argent et les énergies dépensés par l’opposition pour convaincre le Président Français Emmanuel Macron que la France reste encore toute puissance en Afrique et qu’il peut se permettre de tirer les oreilles d’un Président d’un pays souverain et indépendant il y a presque 60 ans.
Comment Frantz Fanon, Amilcar Cabral et Thomas Sankara auraient qualifié ce genre de comportement. Reflexe du colonisé ? Peu importe la qualification, ils l’auraient rejeté et condamné sans détour. Nous devons aussi condamner et rejeter ce genre d’attitudes nocives et délétères qui ne feront que retarder la prise de conscience et l’engagement individuel ou collectif de notre peuple à se prendre en charge et à tourner définitivement le dos à la mentalité d’assisté ou de colonisé. La création du ministère de la renaissance culturelle et de la modernisation, les programmes et les projets de changement de comportements qui vont être conçus et mis en œuvre vont sans doute aider à sensibiliser le Nigérien sur l’urgence et la nécessité d’adopter des comportements favorables au renforcement de la résilience de nos populations. Nous comprenons bien que certaines insuffisances ne sont observées qu’au Niger. Elles semblent être communes à l’Afrique subsaharienne. On a pu observer, par exemple, des Togolais qui apostrophent le même Président Français et le supplient de donner des injonctions à leur Président au sujet de la crise politique qui perdure dans leur pays. Loin de moi l’idée de comparer ce qui se passe au Togo à ce qui se passe dans notre pays malgré la volonté affichée de notre opposition à montrer qu’il y a une crise politique au Niger. Nous ne cesserons de le rappeler ou de le répéter, le Président Issoufou Mahamadou est jaloux de la forme républicaine de l’Etat et des institutions sur lesquelles elle se repose. Il l’a suffisamment démontré pendant la tenure de Tandja. Il ne cessait de répéter qu’il ne donnera jamais à l’armée l’occasion d’interrompre le processus démocratique en cours dans notre pays malgré les frasques et le comportement prébendier du gouvernement d’alors.
Aujourd’hui, au lieu de renvoyer la balle, l’opposition ne cherche qu’à faire croire à l’existence d’une prétendue crise politique au Niger. Elle a perdu presque tous les combats : du refus de siéger à l’assemblée nationale à celui de prendre part aux réunions du CNDP. Les effets désastreux de ses échecs lui paraissent à la fois insupportables et insurmontables au point qu’elle commence à accuser certains grands témoins de partis pris. Et pourtant, c’est elle-même qui a fait de leur médiation un préalable. Pire encore, elle s’éclate et s’éparpille de plus en plus et les principaux partis politiques qui la composent se rétrécissent et perdent du terrain en renvoyant systématiquement ceux qui osent exprimer leurs propres opinions. « C’est dur, dur d’être bébé!»
D’autres, non moins mal inspirés, critiquent les investissements lourds que le régime est en train de faire ; oubliant du coup que c’est l’une des missions dévolues à tout Etat y compris les Etats développés. Aux Etats Unis, par exemple, le gouvernement américain continue à construire des routes, des ponts et les entretiennent régulièrement pendant que des Américains y compris des militaires retraités sont des homeless (Sans domicile fixe). On a jamais entendu les Américains demander à leur gouvernement d’arrêter la construction des ponts, des routes ou leur entretien parce qu’ils savent que l’économie américaine sera étouffée rien que par les difficultés de manutention. Même le secteur privé ne saurait se développer s’il ne se repose pas sur des infrastructures solidement bâties. Des entreprises comme Google, Facebook, Microsoft et Apple dominent le monde à partir de Silicon Valley. Ces géants de la technologie ne vendent ni Uranium, ni pétrole et moins encore du charbon ou de la bauxite. L’internet et l’informatique ont vu le jour grâce aux projets de recherches financés et pilotés par le gouvernement des Etats Unis d’Amérique.
Ici, nous sommes loin des fabulations des libéraux panafricanistes et les sucs vénéneux qu’elles secrètent et injectent sur les réseaux sociaux, dans les fadas et même sur les lieux de travail lesquels infestent et empoisonnent les rapports interpersonnels. Une certaine composante diasporique de notre pays doit être désintoxiquée et initiée aux exigences d’un débat contradictoire, sain et démocratique en lieu et place des invectives, des outrages, de malheureuses excentricités et impostures auxquelles jusque-là elle est exposée. Mais, nous sommes conscients qu’il ne suffira pas seulement de formuler les vœux, croiser les bras et les voir se réaliser. Nous devons les convaincre à travers notre conduite, le soutien que nous apportons au gouvernement et à travers un véritable travail d’information, d’éducation et de communication sur le bien-fondé de l’action gouvernementale en amont et en aval de celle-ci.
Les propos de Sun Tzu selon lesquels dans un combat on est toujours vaincu par sa propre faute et on est vainqueur par la faute de l’adversaire illustrent la situation dans laquelle se trouvent certains leaders politiques de premiers plans. Les fautes, bien sûr, celui que ses partisans présentent, à tort ou à raison comme le brillant politicien de notre pays, il en a commises ; et ma foi, des plus fatales et des moins attendues. Rappelez-vous son obstination à faire du Président Tandja Mamadou un président à un seul mandat malgré la popularité de celui ; les appels publics à la violence, à l’expédition punitive de certains militants du MNSD, ses tentatives forcées de mettre le Président en cohabitation, son imprudente affaire de supposition d’enfants sont autant d’erreurs qui ont assombri son avenir politique. Je ne parle pas de la mauvaise gestion et de l’emprisonnement arbitraire des journalistes et des militaires sous la gloriole de l’actuel chef de file de l’opposition en déchéance. Son départ attendu mais anticipé de la majorité présidentielle. Il y a un proverbe Haoussa qui dit : Si Dieu veut liquider un chien il fera pousser une plaie au milieu de sa tête, autrement dit à un endroit où il ne pourra pas la lécher donc la nettoyer et l’aseptiser. Il succombera forcément à ses blessures. C’est en quelque sorte ce qui arrive aux Messieurs Abdou Labo et Hama Amadou. La seule différence est que le premier a, avec courage, honneur et dignité, affronté son sort et purgé sa peine tandis le second a pris, sans grande surprise, la clé des champs. Il court toujours cherchant désespérément à échapper à la justice de son pays.
Tahirou Ibrahim Garka