Dans bien d’établissements d’enseignement secondaire publics, il y a 2 types de recrutements d’élèves : il y a les recrutements officiels c’est-à-dire des élèves qui sont régulièrement transférés d’une école à une autre ou qui passent du CM2 à la 6è, et les recrutements parallèles qui sont faits par les chefs d’établissements en complicité souvent avec les inspections contre espèces sonnantes et trébuchantes. Un élève renvoyé d’une école privée pour indiscipline ou insuffisance de travail peut être recruté au public pourvu qu’il débourse de l’argent suivant les tarifs fixés par les chefs d’établissement.
Cette pratique qui dure depuis des années s’amplifie chaque jour qui passe. Aujourd’hui, il n’est pas rare de trouver des complexes d’enseignement secondaire avec des classes de 80 voire 100 élèves. Cette pratique mafieuse, tolérée par les pouvoirs publics, pose trois problèmes majeurs : premièrement, elle consacre des pratiques corruptives à l’école, qui doit être le lieu par excellence de la promotion des valeurs ; deuxièmement, elle bat en brèche les normes pédagogiques, ce qui est un facteur d’aggravation de la baisse de niveau des élèves ; troisièmement, elle oblige l’Etat à un surcroit d’investissements en termes de construction de salles de classes, de déploiement de plus d’enseignants, de matériels et manuels pédagogiques ; de gros investissements pour tout juste permettre à quelques individus de se faire de l’argent.
C’est pourquoi, le poste de proviseur est devenu un poste « juteux » pour paraphraser certains politiciens. Il est juteux au point où beaucoup de personnes se bousculent au portillon pour se faire nommer. Les partis politiques se battent aussi pour caser leurs militants.
A quoi rime ce laisser-aller de l’administration notamment scolaire où la rigueur doit être de mise pour mieux assainir nos mœurs déjà corrompues ? A l’ère de la renaissance culturelle comme volonté politique des plus hautes autorités de la République n’est-ce pas une aberration de laisser prospérer ces mauvaises pratiques dans nos écoles ?
Pourtant, il existe bel et bien des inspecteurs, un système de contrôle pour une bonne administration scolaire censée promouvoir l’excellence et les bonnes mœurs à l’école. Il est inadmissible que certaines tares se perpétuent au vu et au su de ceux qui sont habilités à les redresser ou obliger les responsables de ces mauvaises pratiques à se reprendre.
C’est vraiment le monde à l’envers. Si hier les médiocres et les indélicats étaient exclus de l’école publique pour se retrouver dans les écoles privées, c’est parce que sur toute la ligne les administrateurs tenaient à préserver la société en inscrivant leurs actions dans la droite ligne. Celle d’une école publique de qualité pour le bien du Niger. Si certains ont trouvé aujourd’hui un malin plaisir à inverser la tendance dans le mauvais sens c’est parce qu’ils ont trouvé très certainement un terreau favorable.
La traque des corrompus et corrupteurs doit être particulièrement sans pitié à l’école. Il urge de sauver l’école nigérienne. Car si on laisse les ennemis de la jeunesse continuer à sévir en s’adonnant à ce petit jeu on ne peut plus mercantiliste alors soyons sûrs qu’il sera impossible de réaliser une quelconque renaissance au Niger. Sur ce phénomène de recrutement parallèle dans les écoles publiques, il faut dire que tous les indicateurs sont au rouge tant les gens en parlent comme d’une simple banalité. Il y a quelques jours, apprend-on, le ministre a dû surseoir à des nominations de proviseurs. En pleine année scolaire !
T.B
*photo DR