Déclaration de presse relative à l’arrestation du Coordonnateur Régional du CODDAE M. Abdou Dan Néto et du Journaliste Kaougé Mahamane Laouali à Maradi

Le mardi 11 juillet 2017, nous avons appris avec indignation l’arrestation arbitraire du Coordonnateur Régional du CODDAE à Maradi, M. Abdou Dan Néto, un des principaux acteurs de la société civile dans la région.

M. Abdou Dan Néto est détenu dans les locaux de la Police Nationale de Maradi depuis 48 heures sur plainte du Maire central, M. Ayouba Moussa pour avoir dénoncé la vente d’une rue dans le quartier Ali Dan Sofo. Il lui a été notifié deux chefs d’accusation : outrage à l’agent dans ses services et provocation à un attroupement.

Exerçant ses activités de défense des droits humains depuis plusieurs années, M. Abdou Dan Néto, a donné une interview en français et en haoussa au Journaliste de la radio privée Saraounia, Kaougé Mahamane Laouali qui fut
également interpellé dans l’après-midi puis libéré dans la nuit du 12 juillet. M. Abdou Dan Néto serait mis en sursis depuis des mois par les autorités régionales pour motif qu’il dénonce quotidiennement leurs travers.

Dans la matinée du 12 juillet 2017, le Gouverneur de la région M. Zakari Oumarou et le Chef de Canton de Djirataoua, Laouali Oubandawaki, ont à leur tour déposé une nouvelle plainte contre M. Abdou Dan Néto pour les avoir soupçonné de corruption d’un montant de 900 millions de francs CFA dans le cadre de l’affectation d’un terrain de plusieurs dizaines d’hectares devant abriter l’Université Mariama Abatcha de Maradi.

Par voie de conséquence, le CODDAE saisit cette occasion pour attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale et particulièrement du Ministre de la Justice que cela relève purement et simplement d’une cabale et
d’un harcèlement, parfaite illustration de la grave situation que vivent les acteurs de la société civile dans la région de Maradi dont la responsabilité incombe totalement à M. Zakari Oumarou. Dès lors, les populations de la ville de Maradi vivent dans la terreur et la psychose.

N’est-il pas inadmissible qu’un dénonciateur d’actes illégaux et de corruption soit gardé à vue à la Police sur la base d’une action judiciaire savamment montée et que les personnes dénoncées soient libres de tous leurs mouvements ? Qu’est ce qui a poussé le Gouverneur de la région de Maradi, détenteur de l’autorité de l’Etat et le Chef de canton dépositaire de nos traditions à poser sans motif valable une plainte contre un acteur de la société civile qui n’a défendu que les biens publics ?

Au regard de tout ce qui précède, le CODDAE :

1. Salue le courage et les actions héroïques de M. Abdou Dan Néto dans la
région de Maradi ;

2. Dénonce avec véhémence les circonstances qui entourent l’arrestation
de M. Abdou Dan Néto et du Journaliste Kaougé Mahamane Laouali ;

3. Fustige l’instrumentalisation de la justice pour opprimer et terroriser
tous ceux qui osent penser différemment ou librement ;

4. Condamne fermement l’arrestation arbitraire de M. Abdou Dan Néto et
les fausses accusations des autorités régionales de Maradi ;

5. Rejette en bloc l’attitude machiavélique et les manigances dont M.
Abdou Dan Néto et les Journalistes sont victimes à Maradi ;

6. S’insurgent contre l’acharnement digne des régimes totalitaires des
autorités régionales de Maradi et met en garde contre tout acte
d’opportunisme illustrant une quête de positionnement ;

7. Exige du Gouvernement de poursuivre tous les auteurs et complices du
pillage des terrains appartenant à la Commune rurale de Safo et de
Djirataoua ;

8. Demande à la HALCIA de diligenter des investigations sérieuses afin de
démasquer les vrais coupables ;

9. Demande à la CNDH d’exiger la libération immédiate de M. Abdou Dan
Néto et de veiller à ce que les défenseurs des droits humains et d’autres
membres de la société civile aient le droit de mener leurs activités sans
ingérence et sans que leur liberté soit menacée ;

10.Demande au parquet de Grande Instance de Maradi de ne pas se servir
de champ de règlement de comptes, plutôt d’exercer sa mission
régalienne suivant l’esprit des textes et de la Constitution et de s’occuper
des auteurs des actes dénoncés à travers des enquêtes objectives.

Enfin, le CODDAE appelle les responsables de la société civile nigérienne, les
Journalistes, les Travailleurs, les Etudiants et tous les citoyens soucieux de la
préservation du cadre démocratique à la mobilisation générale pour déjouer
les velléités des nostalgiques d’un passé révolu.

Fait à Niamey, le jeudi 13 juillet 2017
Pour le BEN/CODDAE, le Président

MOUSTAPHA KADI OUMANI