Au Républicain nous tenons à la confraternité. Un principe sacro-saint de notre corporation. Mais tout est relatif : il y a des limites à ne pas franchir. Entre la patrie et les intérêts privés, notre choix est vite fait. Notre confrère Le Courrier a franchi le Rubicond en se prêtant au petit jeu d’un escroc international contre les intérêts de notre pays. Il n’est pas le premier confrère nigérien à faire montre de relents apatrides, mais avec lui, la chose prend une résonnance toute particulière. Car ce journal, Le Courrier, c’est de lui qu’il s’agit, s’est tapé une image au sein de l’opinion nationale même si assez souvent il ne fait aucun mystère de son inféodation à l’opposition radicale. Tout cela pourrait passer comme normal. Mais là où le bât blesse c’est la légèreté avec laquelle il vient d’ouvrir ses colonnes à un pickpocket international qui voudrait sans rien faire sévir sur le trésor national, comme qui dirait par un coup de baguette magique. Décryptage d’une prétendue entrevue.
L’axe des voyous !
Mais avec cette parution N°469 du Jeudi 15 juin, Le Courrier vient totalement de sauter au delà des lignes rouges que lui impose la morale de son métier et l’intérêt supérieur de son pays, en donnant largement la parole et en mettant en exergue de façon éhontée, un personnage, Dany Chaccour PDG d’Africard, que l’opinion nigérienne perçoit majoritairement comme un VOYOU, l’un de ses pires ennemis du moment. Il faut le dire, cette publication a frontalement agressé la conscience de plus d’un nigérien défenseur de l’intérêt général de son pays. Et comme il fallait s’y attendre, celle-ci a soulevé plus de questions sur les « sordides motivations » de son auteur que sur « les éléments compromettants » qu’elle était censée apporter.
En effet, rien qu’en exposant de manière ostentatoire, dans une « interview exclusive », un escroc patenté qui traine et humilie son pays dans la boue des juridictions internationales, Le Courrier se range de facto du coté de l’axe des voyous, celui des prédateurs des intérêts vitaux du Niger. Il confirme se faisant tous les soupçons de collusion, de concussion et de corruption qui planent autour de ses publications, depuis le déclenchement de cette affaire. Le seul mérite de cette publication, notent certains internautes nigériens, c’est de mettre « un visage pas très rassurant » et un nom derrière cette société Africard dont les « saisies » sur les avoirs nigériens à l’extérieur ont impacté le développement de ce pays vulnérable.
Aussi l’auteur de cette « interview exclusive » n’a pas précisé s’il s’agit d’un entretien téléphonique ou toute autre forme d’interview à distance. L’un dans l’autre, cela signifie bien qu’il était en contact direct ou même avait rencontré physiquement cet « aigrefin ». A moins que Dany ait acheté cette opération de communication. Ce qui pourrait être perçu ailleurs comme un business « normal ». Dans tous les cas de figure, c’est en soi une collusion avec les intérêts ennemis ; un acte de grande trahison !
Totale compromission…
Au-delà de la forme, c’est surtout dans le fond qu’on trouve en abondance les éléments les plus compromettants pour le « journaliste » Ali Soumana et son journal.
Les lecteurs avertis ont d’abord été scandalisés de constater que les questions fondamentales ont été tout simplement éludées. Et pourtant, les nigériens voulaient bien savoir si Dany Chaccour était en âme et conscience sincère dans son projet, s’il avait produit le moindre passeport biométrique pour le Niger, s’il avait perçu une avance de démarrage et surtout, qui l’avait introduit à la Présidence et à la Primature de la République du Niger ? En lieu et place de ces questions pertinentes, Le Courrier a servi à ses lecteurs des « questions arrangées », genre « qu’en savez-vous ? », dans lesquelles l’escroc international était à l’aise et profitait pour se livrer à un réquisitoire déplacé contre les autorités de Niamey.
Répondant à la première question du journaliste complice, Dany Chaccour commence par une mise au point maladroite : « Africard n’est ni PNDS ni opposition… ! » A supposer même que ce chapardeur libanais soit né au Niger, il ne serait pas assez inspiré pour résumer la majorité présidentielle au PNDS et éviter de confondre l’opposition au MODEN/FA Lumana. Aussi l’on est interloqué de lire plus loin que Dany parle de « Gury system », un vocabulaire qui n’est connu que des seuls opposants nigériens et qu’aucun « chercheur de marchés publics » ne saurait utiliser même en mauvaise posture. C’est là des éléments qui compromettent la crédibilité de l’interview.
Autre bourde de Dany, c’est quand il tire à boulets rouges sur son ex avocat Me Souleymane Yankori dont il savait qu’il était radié du Barreau de Niamey depuis 2015 pour faux et usage de faux, mais avec lequel il a tout de même « signé des engagements de plusieurs milliards sans déclarer au fisc ». Dany tombe si bas jusqu’à divulguer qu’il avait gracieusement payé la scolarité des enfants de l’avocat en France et aux USA. Mais à escroc, escroc et demi comme on dit. Me Yankori sentant que son pays était arnaqué, a retourné casaque. Pour la petite histoire, c’est en perquisitionnant l’ordinateur de l’avocat et son bureau que les enquêteurs nigériens ont mis la main sur les « nouveaux éléments compromettants » pour Africard et qui sont aujourd’hui en train de changer la donne. Bref si le PDG d’Africard était sérieux avec lui-même, il ne devrait même pas évoquer cet épisode.
Le moment le plus compromettant et le plus embarrassant de cette interview, c’est quand le journaliste fait un lien direct entre l’affaire Africard et l’affaire de l’uraniumgate, toutes des affaires ébruitées par le même journal. Et de demander à l’escroc international s’il en savait quelque chose. Les deux affaires étant totalement différentes, en réalité il s’agissait pour Le Courrier d’ouvrir une fenêtre pour charger les autorités nigériennes en invoquant pêle-mêle, l’uraniumgate dans laquelle est impliqué un autre libanais (Georges Hawa), le détournement du riz pakistanais, les supposés avoirs des responsables nigériens à l’étrangers aux noms de leurs proches, l’or de Samira, l’affaire du collège Bédir, jusqu’aux prétendus « paiements clandestins en échange de décisions politiques » et même la révision de la constitution ! On l’a bien compris, Dany veut faire comprendre aux nigériens qu’il n’est pas seul à arnaquer le Niger et surtout, qu’il ne va pas couler seul ! Tant mieux !
Interview fictive ?
Ces quelques indices, il y’en a d’autres, suffisent pour révéler que cette « interview exclusive », n’est en réalité qu’une interview fictive concoctée par Ali Soumana à partir de son bureau. Les allusions, les abréviations et les critiques impertinentes et déplacées qu’elle contient, montrent clairement qu’Ali Soumana n’a pas rencontré Dany Chaccour pour cette interview. La photo d’illustration montrant un Dany avec une bonne tête de voyou, prouve quant à elle que celle-ci n’a pas été fournie par l’intéressé et serait antérieure à « l’interview ». Aussi, manière dont Le Courrier adore les scoops qui le mettent en valeur, on voit mal comment il n’a pas précisé le lieu de l’interview et n’a pas mis la photo où Ali Soumana tendait son enregistreur vers le VOYOU.
Un dernier détail. Dany Chaccour prétend détenir « …une preuve de nature audio, non visuel » qu’il garde « pour le moment convenu… ». Il y’a lieu, avant de commencer un quelconque déballage, de demander au Courrier de publier l’audio ou tout autre document pour crédibiliser son « interview exclusive » et se disculper. Car les éléments contenus dans cette interview montrent clairement qu’elle n’en est pas une, parce que fabriquée de toute pièce dans un obscur bureau de Niamey ou d’ailleurs.
Et ça, Norbert Zongo dont le nom a été utilisé pour crédibiliser ce « mensonge », ne va pas adorer !
El Kaougé Mahamane Lawaly
(Le Républicain N° 2134)