L’affaire école Bédir continue de défrayer la chronique. Pourtant une chose est sûre et jusqu’à preuve du contraire : l’école Bédir reste et demeure une école privée. Une école d’excellence comme on en trouve d’ailleurs à travers le monde à l’initiative des fondateurs de cette école qui ont fait des secteurs de la santé et de l’éducation leur cheval de bataille. Aux dernières nouvelles les deux ministres du Niger en charge de l’éducation ont notifié dans un point de presse en compagnie de l’ambassadeur de la Turquie au Niger la confiscation de Bédir. Le ministère et une ONG turque ont la charge de la nouvelle gestion de Bédir nouvelle version. Commentaire.
A l’origine de l’imbroglio turc au Niger, il y avait la tentative du putch échoué en Turquie. Ce coup d’Etat que le président Erdogan a désigné Fethullah Gulen comme l’instigateur principal. Depuis sans la moindre preuve, le gouvernement turc a engagé une véritable chasse aux sorcières en arrêtant des intellectuels et fermant médias, hôpitaux et universités d’obédience du mouvement Hizmet dont F. Gulen est l’inspirateur.
On le sait, non content d’avoir sévit contre ce mouvement et ses biens à l’intérieur de la Turquie, le gouvernement turc a demandé à tous les pays de procéder à la fermeture à l’étranger des écoles comme Bédir. Cette demande du pouvoir turc n’a pas prospéré car après investigation, les États se sont rendu compte que ces écoles sont bien au-dessus de ce qui leur est reproché à savoir d’être le creuset du terrorisme.
Bien au contraire, le mouvement ‘’hizmet’’ qui signifie servir a une approche qui rime avec le développement intégral de l’humanité à savoir vaincre les défis du monde que sont l’ignorance, les maladies dans le partage et la solidarité. Au Niger dans un premier temps les responsables turcs avaient été sommés de quitter le pays. Mais là aussi l’investigation, apprend-on, avait établi l’innocence des fondateurs de Bédir par rapport à ce qu’on leur reproche. Entre temps, ces turcs ont dû trouver un modus vivendi en confiant la gestion de cette école à des nigériens tout en changeant de régime et les statuts de Bédir.
L’opinion publique nigérienne qui croyait cette page Bédir définitivement tournée, vient d’apprendre avec surprise la confiscation en pleine année scolaire de cette école qui fait la fierté des nigériens. Au moment où le Niger enregistre une reconnaissance internationale dans le climat des affaires ou ‘’doing business’’ on se demande si cette immixtion du gouvernement dans une entreprise privée n’est pas contre-productive ? le respect de l’autorité de l’Etat commande à l’Etat de protéger les affaires publiques comme privées. C’est justement pour une meilleure protection, une meilleure garantie contre les assauts du gouvernement turc à leur encontre que les propriétaires de l’école Bédir ont fait recours à la justice.
Nul doute que le président Erdogan a fait montre de leadership pour son pays. L’histoire retiendra de lui un grand bâtisseur de la Turquie moderne notamment quand il était premier ministre. Cependant aller à contre-courant de l’histoire en s’attaquant aux valeurs : les libertés fondamentales, les écoles et les hôpitaux cela ne grandit aucun homme d’Etat. L’école Bédir même si elle n’est pas accessible à tous, admettons qu’elle est d’utilité publique puisqu’elle offre l’excellence à portée de quelques parents nantis pour offrir à leurs enfants ce qui doit être dans un pays où la qualité de l’éducation reste une véritable gageure. Nous disons simplement qu’il faut sauver l’école Bédir des assauts du gouvernement turc.
Elh. M. Souleymane