Evolution de l’activité économique récente, inflation, prix des matériaux de construction, production industrielle, finances publiques, commerce extérieur, ou situation monétaire, autant d’éléments conjoncturels sur le premier trimestre de l’année 2016 présentés dans le numéro de juin de « Note de Conjoncture ». On y retrouve aussi l’opinion des chefs d’entreprises et des ménages sur la situation, et aussi par rapports aux perspectives pour le deuxième trimestre de l’année 2016. En somme une situation qui nécessite plus d’efforts de recouvrement des recettes fiscales pour les finances publiques, même si certaines opinions sont optimistes et confiantes quant à l’évolution de la conjoncture au deuxième trimestre de l’année 2016.
Pour ce qui est de l’évolution de l’activité économique récente, le bulletin « Note de conjoncture » indique que les estimations de croissance réelle du PIB de 2015 ont été revues à la baisse en avril. Toutefois relève l’étude, les perspectives tablent sur une reprise de l’activité économique en 2016 et en 2017. L’étude explique que les estimations du taux de croissance économique de 2015 ont été revues à la baisse de 0,1 point de pourcentage, par l’Institut National de la Statistique, en avril 2016 par rapport à celles de novembre 2015. Ainsi, le taux de croissance réel du PIB est estimé à 3,5% en 2015 contre 7% en 2014. Cette décélération de la croissance est essentiellement imputable à la faible augmentation de la production agricole (1,2% contre 11,9% en 2014) et aux chutes des productions d’uranium (-1% contre -36,9% en 2014) et de pétrole brut (-12,7% contre 0,3% en 2014).
Le taux de croissance du PIB serait de 5,2% et 5,6% respectivement en 2016 et en 2017 d’après les résultats du cadrage macroéconomique et budgétaire 2017- 2019 révisé de mai 2016. Le taux de 2016 a été revu à la baisse de 0,2 point de pourcentage par rapport aux prévisions de mars sous l’hypothèse d’une augmentation de la production agricole moins importante et un rythme de progression plus faible des activités extractives. Et en ce qui concerne 2017, la croissance serait essentiellement portée par la bonne tenue des activités agricoles, pétrolières et la reprise de la production minière. Quand à l’Inflation, les prix à la consommation sont en hausse de 1,9% en mai 2016 par rapport à avril de la même année. Cependant relève l’étude, cette inflation est nettement en dessous de la norme communautaire fixée à 3% dans le cadre des critères de convergence de l’UEMOA.
En ce qui concerne les prix des matériaux de construction une baisse de 1,7 point de pourcentage a été enregistrée au 1er trimestre 2016 par rapport au 4ème trimestre 2015. Une situation qui peut s’expliquer pour ce qui est du ciment par l’accroissement de l’offre sur le marché nigérien, par l’arrivée de la marque de «ciment de Dangoté». Au niveau de certains points de vente, le prix de la tonne de ciment est passé de 135 000 FCFA en 2015 à 110 000 FCFA, en 2016. La production industrielle a connu, quant à elle, une évolution au quatrième trimestre 2015 avec une hausse de 59,1% par rapport au trimestre précédent. Une évolution expliquée par la hausse combinée des productions de produits miniers, de pétrole brut et de l’uranate qui ont augmenté respectivement de 42,8%, 75% et 31,7%.
17,5% de taux de réalisation de recettes contre 18% de dépenses au premier trimestre
La « Note de Conjoncture », relève au sujet de la situation des finances publiques pour le premier trimestre de l’année 2016, un taux de réalisation des recettes de 17,5% soit un montant de 146,8 milliards de FCFA et un taux d’exécution des dépenses de 18% en fin mars 2016.
Ces recettes, explique-t-on, sont en baisse de 12,8% par rapport à leur niveau de fin mars 2015 où le taux de réalisation était de 19,8%. Cette contre-performance dans la mobilisation des recettes se décompose en une baisse de 9,6% des recettes intérieures et de 10,8% des recettes douanières par rapport à mars 2015. Le niveau des recettes pour le trimestre sous revue s’explique pour l’essentiel par une progression des recettes fiscales qui sont passées de 46,4 milliards de FCFA en janvier 2016 à 53,9 milliards de FCFA en mars 2016. Les recettes intérieures cumulées ont augmenté de 17,2% entre janvier et mars 2016. Les recettes douanières quant à elles ont progressé mais dans une proportion moindre que les recettes intérieures (11,8% contre 17,2%).
Quant aux recettes non fiscales, précise l’étude, elles n’ont pas connu une évolution significative au cours du trimestre sous revue. Toutefois, ces dernières ont reculé entre février et mars 2016 (2,1 milliards en février et 1,1 milliards en mars). Le montant de ces recettes est resté le même en janvier et mars 2016 (1,1 milliards de FCFA). Les recettes non fiscales cumulées à la fin du mois de mars 2016 s’élèvent ainsi à 4,3 milliards contre 4,9 milliards un an plus tôt soit respectivement des taux de réalisation de 11,2% et 6,5%. Les dons cumulés s’établissent à 28,1 milliards à fin mars 2016 contre 5,3 milliards à fin mars 2015. La « Note de conjoncture », fait remarquer que les dons ont connu un pic en février 2016 (22,4 milliards de FCFA) mais ont baissé de manière drastique en mars 2016 (3,8 milliards de FCFA).
Les dépenses totales et prêts nets se sont chiffrés à 247,9 milliards de FCFA soit un taux d’exécution de 18% par rapport aux prévisions de la loi de finances 2016. Ce taux d’exécution s’explique par une exécution des dépenses courantes budgétaires de 48,2 milliards de FCFA et des dépenses d’équipement de 46,8 milliards de FCFA à fin mars 2016. Ce sont les dépenses d’équipement qui ont le plus augmenté (134,5%) par rapport aux dépenses courantes budgétaires (18,9%). L’évolution des recettes et des dépenses ont conduit à la détérioration du solde global au premier trimestre 2016. Le déficit cumulé s’est établi à 61,9 milliards de FCFA. Ce déficit est financé à hauteur de 61,4% sur ressources extérieures et à 38,6% sur ressources intérieures.
Pour le commerce extérieur au premier trimestre de l’année 2016, les échanges avec l’extérieur sont marqués par une forte détérioration du solde commercial, par rapport à la fin de l’année 2015. Le déficit commercial est passé de 143,2 milliards au 4ième trimestre 2015 à 286,7 milliards au premier trimestre 2016, soit une dégradation de l’ordre de 100,3%. Et la situation monétaire s’est traduite en mars 2016, par un accroissement des crédits intérieurs et une détérioration des avoirs extérieurs par rapport à décembre 2015. La tendance haussière affichée par la masse monétaire s’est établie à 1187,7 milliards de FCFA contre 1153,2 milliards de FCFA à fin 2015 soit une hausse de 3%.
Optimisme et confiance quand aux perspectives au 2ème trimestre
L’enquête d’opinion réalisée du côté des entreprises indique que l’activité est moins dynamique au premier trimestre 2016, comparativement au dernier trimestre de l’année 2015. En revanche chez les ménages, l’opinion est qu’au premier trimestre de l’année 2016, leur situation financière s’est améliorée comparativement à la fin de l’année 2015. Une opinion qui confirme l’attente exprimée par les ménages lors des enquêtes à la fin de l’année 2015 sur cet aspect conjoncturel. Et en ce qui concerne les prix à la consommation, l’enquête révèle que les ménages ont le sentiment que leur progression est maîtrisée, ce qui devrait renforcer le pouvoir d’achat de cette catégorie d’agents économiques et en principe stimuler leurs dépenses de consommation ou d’investissement.
Pour les Perspectives au cours du deuxième trimestre de l’année 2016, l’optimisme est de mise du coté des entreprises. La « Note de Conjoncture », annonce le retour de la confiance et de l’optimisme en ce qui concerne l’évolution de la conjoncture économique, au cours du 2ème trimestre 2016 chez les chefs d’entreprises. Ce qui selon l’étude augure d’une bonne disposition pour le recrutement, les commandes et les investissements. Chez les ménages également l’enquête indique que le deuxième trimestre 2016 reste prometteur. Ils croient ainsi être fondés à espérer bien mieux sur le plan de l’amélioration des indicateurs conjoncturels.
Conjoncture plus ou moins bonne, pour le premier trimestre, malgré l’optimisme et la confiance de certains acteurs comme les chefs d’entreprises et les ménages, en ce qui concerne les perspectives pour le deuxième trimestre. Ce que confirmera peut être la prochaine édition de «Note de Conjoncture». En attendant l’étude recommande en ce qui concerne les finances publiques la poursuite des efforts de recouvrement des recettes fiscales.
Souley Moutari(onep)