Allocution de SEM. Ousseini Tinni à la clôture de la 1ère Session de l’Assemblée Nationale

Mesdames et Messieurs,

Par la grâce de Dieu, le Tout Puissant, le Miséricordieux voici que nous arrivons au terme de cette session si particulière pour avoir été à cheval sur deux législatures. Ouverte par la première, elle a été, en effet, poursuivie dans l’effort et la sérénité par la deuxième législature.
Distingués invités, n’y voyez pas là un fait anodin, mais plutôt le signe visible de l’enracinement progressif de la démocratie dans notre pays. En effet, si l’on faisait abstraction de l’époque du parti unique, ce n’est que la deuxième fois dans notre histoire récente qu’une législature succède à une autre dans le respect des textes fondamentaux, sans violence et sans déchirement. Il faut s’en féliciter et s’engager, tous et chacun à travailler afin que cela devienne, dorénavant, la règle incontournable au Niger. Il faudrait que chaque citoyen de ce pays contribue à rendre l’État de droit et la démocratie irréversibles. Mais, il ne s’agit pas de rester au niveau du souhait, il faut œuvrer résolument afin que ces deux concepts soient sous-tendus par des institutions fortes, crédibles et efficaces.

Nous devons tous agir pour que ces institutions deviennent de plus en plus impersonnelles, et dans leur fonctionnement, et dans le système de dévolution des compétences à ceux qui sont, momentanément, appelés à les diriger. A cet égard, chers collègues députés, après les élections générales que le Niger vient de conduire avec succès, je voudrais en votre nom à tous remercier et féliciter le peuple nigérien pour la grande maturité et la sérénité dont il a fait montre en la circonstance.

Ceci dit, aujourd’hui, la période électorale est derrière nous ; les invectives, les diatribes, les disputes qu’elle a occasionnées doivent aussi être derrière nous. Autant elles étaient normales en période de compétitions électorales, autant leur survivance après la proclamation des résultats est anachronique et malsaine ; fort heureusement tous les acteurs politiques l’ont maintenant compris. Il faut, à présent, que toute la classe politique s’attèle à la gestion du pays, majorité et opposition, chacun dans son rôle constitutionnel. Comme cela a été dit par toutes les éminentes personnalités de ce pays, « au Niger, nous sommes tous les mêmes, nous avons plus de points communs que de différences ». Identifions et développons donc, ensemble, les facteurs de cohésion nationale car les défis que nous avons à relever transcendent tous les particularismes.

A cet égard, je voudrais saisir la présente occasion pour demander à nos compatriotes de répondre avec bonne volonté et enthousiasme à l’invitation du Président de la République, son Excellence M. Mahamadou Issoufou à s’engager dans un processus de Renaissance culturelle.
La Renaissance dont il est question n’est pas un slogan politique de circonstance, mais plutôt l’affirmation de notre commune volonté de voir notre pays amorcer un véritable changement qualitatif; il s’agit d’une invitation à un réarmement moral nous permettant de lutter avec efficacité contre le sous-développement; il s’agit du viatique essentiel pour le cheminement vers l’émergence que nous appelons tous de nos vœux.

A mon sens, à l’image de la Renaissance qui a fait passer l’Europe des ténèbres du moyen âge aux lumières qui ont rendu possibles la révolution industrielle et le progrès, notre Renaissance culturelle doit conduire à une rupture entre le Niger plongé dans les pesanteurs séculaires et celui, ouvert à la modernité, jaloux de la diversité de ses valeurs culturelles, où chacun et tous, avec une foi inébranlable, se dépassent pour améliorer le sort commun.

En effet, la Renaissance, j’en ai la conviction, est aussi bien l’affaire d’individus que de la communauté. Nous devons, nous persuader, chacun à son niveau, que le changement qualitatif, porteur de progrès ne doit pas être attendu uniquement de son prochain mais d’abord de soi-même.

A cet égard, permettez-moi de vous inviter à méditer ces mots pleins de signification tenus par le Président de la République Son Excellence Monsieur Mahamadou Issoufou, le 2 avril dernier lors de son investiture, je cite : «l’accent doit être mis sur l’individu, le renforcement de sa loyauté par rapport à la patrie et son attachement au bien public. C’est là des conditions nécessaires pour mieux combattre le népotisme, la concussion et la corruption, renforcer la justice, l’égalité et la cohésion sociale.»

A une autre occasion, le Président de la République nous invite à travailler, individuellement et collectivement pour «asseoir une base solide et irréversible pour un Niger prospère ».
Chers collègues députés, pour notre part, la contribution qui devra être la nôtre dans ce travail de renouveau est celle de donner au Niger les bonnes lois qui doivent accompagner les programmes économiques et sociaux qu’appelle la Renaissance. Il me semble que nos lois devront surtout préparer et encourager l’indispensable changement de mentalité qui doit lui servir de soubassement.

Pour réussir ce pari, nous devons, au préalable, mieux nous organiser, et c’est dans ce cadre que je viens de mettre en chantier un programme de modernisation du travail parlementaire. Les deux objectifs principaux que j’assigne à ce programme sont les suivants : accompagner le programme de la Renaissance avec une législation des plus appropriées ; améliorer l’efficacité du travail parlementaire et la gestion de l’outil administratif de l’institution.

S’agissant de la procédure législative, avec ce projet, il nous faut revisiter tous les textes fondamentaux dont la lourdeur et l’imprécision retardent bien souvent notre travail. Il s’agit notamment du Règlement intérieur, des Règlements administratif et financier qui devront être remaniés en profondeur.

En matière de contrôle parlementaire, nous devons multiplier les initiatives tant en plénière qu’en commission pour mieux suivre la mise en œuvre des principaux programmes de la Renaissance. Il ne s’agit pas pour l’Assemblée nationale de verser dans l’inquisition politicienne ou de perturber inconsidérément l’agenda gouvernemental, mais plutôt d’exercer, avec intelligence, toutes les prérogatives dévolues au pouvoir législatif.

Concernant notre outil administratif, l’urgence est de rationnaliser nos choix budgétaires, de donner au personnel le complément de formation dont il a si grand besoin et de créer les conditions d’une meilleure utilisation des TICS.

En définitive, chers collègues, je voudrais pouvoir compter sur votre participation pleine et entière pour conduire à bon port ce programme de modernisation dont je viens d’esquisser les grandes lignes.

Distingués invités, Mesdames et Messieurs, pour en revenir à la présente session, Je voudrais saluer et remercier chacun des députés pour en avoir fait une grande réussite. En effet, en dépit des nombreux problèmes logistiques auxquels nous avons été confrontés tout le long de ces deux mois, c’est plus d’une vingtaine de lois qui ont été adoptées outre la ratification de l’ensemble des ordonnances que le Gouvernement a prises pendant l’intersession. Nous pouvons donc affirmer que l’entrée en matière de cette législature aura été des plus réussies. Cette réussite, nous la devons à l’ambiance studieuse qui a caractérisé nos travaux et surtout à l’assiduité de tous les députés, en commission comme en plénière.

Chers collègues, Je m’en voudrais de ne pas associer à cette réussite le personnel de l’Assemblée nationale ainsi que la presse qui relaie nos débats avec un professionnalisme achevé.
Par ailleurs, alors que se termine notre première session, il me semble nécessaire de vous rappeler l’une de vos missions souvent méconnue du grand public. Il s’agit de la mission de représentation qui consiste, tout en restituant aux citoyens de base le résultat du travail législatif, à recueillir leurs attentes collectives. C’est pourquoi, je pense que c’est un abus de langage de parler de vacances parlementaires. En effet, la période pendant laquelle l’Assemblée nationale ne siège pas ne doit pas être considérée comme un moment de repos, mais plutôt celle d’un travail de proximité avec le souverain primaire qui est le peuple qui nous a mandatés.
Je vous exhorte donc, chers collègues, à mettre la prochaine intersession à profit pour parcourir notre beau et vaste pays à l’écoute des ruraux, comme des citadins, afin que l’étymologie du mot député, représentant de la nation, ait toute son acception. Chers collègues, nous devons en toute circonstance être en phase avec le peuple qui nous a élus et qui attend de nous les changements promis, et également d’être les leaders qui montrent la voie.

Distingués invités, Mesdames et Messieurs, en cette veille du mois béni de Ramadan et de l’installation de la saison des pluies porteurs d’espérance pour nos vaillantes populations prions tous ensemble Dieu, le clément, le miséricordieux pour que son infinie bonté descende sur l’ensemble de notre pays.

Chers collègues, en vous remerciant, à nouveau, pour avoir démarré cette législature sous le signe de l’ardeur et de l’engagement patriotique, je déclare close la première session ordinaire de l’Assemblée nationale au titre de l’année 2016.

Vive la République,
Vive le Niger,
Je vous remercie, la séance est levée.

SEM Ousseini Tinni