Déclaration des organisations de la société civile Nigérienne suite aux arrestations arbitraires de ses deux Leaders

Considérant l’arrestation quasi simultanée des deux acteurs de la société civile nigérienne en l’occurrence, MM Moussa Tachangari, Secrétaire Général de l’Association Alternative Espaces Citoyens (AEC) et Nouhou Mahamadou Arzika, Président du Mouvement Pour une Citoyenneté Responsable (MPCR), le premier étant accusé par le Gouvernement de complicité avec la secte terroriste Boko Haram, le second d’atteinte à la défense nationale ;

Considérant que l’un et l’autre ne sont privés de leur liberté que pour avoir dénoncé par voie de presse diverses carences dans la gestion par le Gouvernement, de la situation à Diffa, tant au regard des moyens mis à la disposition de nos FDS que dans la gestion des déplacés des iles du Lac Tchad;

Considérant que les carences relevées sont incompréhensibles au regard des moyens financiers importants affectés à la gestion de l’insécurité, au besoin par l’adoption de plusieurs collectifs budgétaires ;

Considérant que c’est devant cette incompréhension que beaucoup de citoyens nigériens s’interrogent sur la véritable destination des fonds dégagés pour sécuriser notre pays;

Qu’au regard des dépenses ostentatoires faites par certains ministres du régime en lien avec la gestion de ces fonds, à l’occasion de leur quête de l’électorat, on ne peut qu’interpeller les pouvoirs publics pour faire la lumière sur la destination des moyens financiers affectés au gouvernement ;

Considérant qu’en interpellant les pouvoirs publics sur les carences relevées dans la gestion de l’insécurité à Diffa, les deux acteurs de la société civile écroués par le régime en place, n’étaient que dans l’exercice de leur action citoyenne reconnue par la Constitution de la septième République ;

Considérant la confiscation par les forces de police de la camera du groupe Radio télévision Bonfereye.

Au vu de tout ce qui précède, les organisations signataires de la présente déclaration :

1. Exigent la libération immédiate de Moussa Tchiangari et Nouhou Arzika ;
2. Interpellent la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) pour qu’elle joue pleinement le rôle qui est le sien en matière de protection des droits et libertés des citoyens ;
3. Interpellent l’Assemblée Nationale sur la fonction qui est la sienne de contrôler l’action du gouvernement par la mise en œuvre des moyens constitutionnels mis à sa disposition, tant sur la carence dans la gestion de la situation liée à l’insécurité que de l’emploi fait des autorisations budgétaires accordées au gouvernement pour faire face à cette insécurité ;
4. Devant les menaces de tous ordres sur les médias privés dans l’exercice de leur devoir d’information, et les difficultés d’accès aux médias publics, interpellent le CSC sur les obligations qui sont les siennes, entre autres la promotion de la liberté de presse et la protection des journalistes en lieu et place de la promotion de la censure qui se dessine à travers certaines de ses interventions ;

5. Réitèrent leur soutien ferme aux Forces de Défense et de Sécurité, et exigent que des moyens à la hauteur de la particularité de l’ennemi Boko haram, et des exigences de leur mission, soient mis à leur disposition,

6. Demandent à tous les oulémas de prier Dieu pour qu’il descende sur notre pays un climat de paix et sur ses dirigeants un esprit de bonté et d’amour du prochain ;

7. Lancent un appel à l’endroit de toutes les forces vives pour une mobilisation générale tendant à contre carrer les dérives autoritaires du régime actuel et une participation à la marche suivie de meeting qui aura lieu, le Mardi 2 juin 2015 pour dire non aux coupures intempestives d’électricité, au monopole accordé à l’entreprise Boloré au niveau du Magasin sous Douanes, dont la conséquence à court terme sera la hausse significative des prix des denrées alimentaires, au refus de réduction du prix de l’essence à la pompe, à la mauvaise gestion de la méningite et à l’augmentation du nombre de députés à l’Assemblée nationale.

Fait à Niamey le 26 mai 2015

Ont signé les 38 organisations de la société civile dont la liste suit : CODDHD, ROTAB, CODDAE, ROASSN, RDM-Tanafili, MOPACOP-Peau, RASCONI, ANDDH, RJSD, MPCR, Sida-santé-Nomade, ONG AJE/PA, RONIDDED, CNT, MOJEN, NCC, Kichin-Kassa, AEC, USN, SNEB, AIMMA, USPT, RMDS-S-Niger, ADDC-Wadata, CRD, AMSAD-Niger, REPPADD, SOS KANDADJI, CROISADE, Collectif Sauvons le Niger, ONDHP-ALHAQ, AAJ, COGNA, CAIDDH, ONDDCV-KULAWA DA RAYUWA, RJNCC/AYICC-Niger, MJR, AJIR POUR ETRE.