Humeur : Agents de la circulation ou coupeurs de routes ?

 

Disons-le de prime abord : un nombre important de policiers font correctement leur boulot aux postes où ils sont affectés. Dans la circulation urbaine notamment, nous en voyons de très consciencieux, qui jour et nuit veillent à la fluidité des passages de véhicules aux endroits critiques. Qui ne font que cela, et rien d’autre, souvent avec leur propre petit équipement de base.

A côté de ces agents dévoués et exemplaires, malheureusement peu nombreux, sévissent de vrais prédateurs de l’honneur du corps : des agents de la circulation qui font tout sauf ordonner la circulation, qui compliquent celle-ci plus qu’ils ne l’arrangent, devenus en fait les principaux obstacles à la fluidité de la circulation automobile à Niamey. Observez-les bien : ces agents n’interviennent pas pour dénouer les bouchons en cas d’embouteillages ; ils semblent plutôt adorer le contrôle des pièces des véhicules, qu’ils arrêtent « n’importe comment » ; en particulier, en pleine chaussée, de manière si brutale que l’interpellé bloque momentanément la circulation et manque souvent de peu d’être tamponné par les véhicule venant à l’arrière.

Non content d’être lui-même la cause d’un embouteillage et des risques d’accident, l’agent prend tout son temps pour le contrôle et, au cas où vous êtes en règle, il n’hésitera pas à engager une gentille causerie qui le mettra dans vos bonnes grâces et peut-être suscitera un geste humanitaire. On vous perd votre temps, et on attend que vous le payez en plus !

Passe encore qu’on vous arrête pour non-respect de feux optiques qui ne s’allument pas, ou encore pour n’avoir pas marqué un stop depuis longtemps déraciné. Mais nos champions de la circulation se prennent aussi au petit jeu du camouflage. Pour ainsi dire, ils se cachent derrière des véhicules ou des boutiques, dans l’intention de surprendre des automobilistes indélicats, qui les voient débouler et surgir devant eux comme par magie. Sortis du néant ! Fiers de vous prendre par surprise. Ah oui, vous ne saviez pas qu’on était là ? On vous a bien eu, hein ?

Un autre de leurs jeux préférés, ces derniers temps, est de se planquer à des endroits où on n’a pas l’habitude de  les voir. La surprise (et donc la recette) est d’autant plus garantie que la place (pardon, la planque) est changée chaque jour.

Loin de nous l’idée de défendre un usager de la voie publique indélicat. Mais nous disons ceci : le travail de l’agent de circulation exige de lui qu’il soit bien visible, et non planqué. Lorsqu’il interpelle un automobiliste pour une vérification des pièces, la moindre des choses est qu’il demande à celui-ci de bien se ranger, en serrant sur un côté et non en s’immobilisant au milieu de la voie.

Venons-en au but de tout ça : l’argent. Si les manquements aux règles de la circulation sont sanctionnés par des amendes, ces dernières ne sont pas toujours payées aux services de police. Au contraire. Les agents de la circulation vous montrent très souvent que vous avez intérêt à ne pas suivre la voie régulière, plus coûteuse, que vous devez plutôt vous entendre avec lui : ainsi, vous payez moins, et lui se met en poche le produit de l’infraction qui ne sera jamais officiellement relevée. Une opération gagnant-gagnant, permanente dans la circulation urbaine ! Ces coupeurs de routes sont plutôt déçus (on le voit à leur visage défait) lorsqu’ils constatent que vos pièces sont en règle et que vous n’avez brûlé ni un stop ni un feu rouge.

Avec un tel comportement général, notre « Circulation » a à peine plus de mérite que l’éhontée Police municipale de Niamey qui, depuis sa création, n’a jamais aidé à la mobilité ni éduqué aucun citadin au bon usage des équipements urbains, occupée uniquement à placer ses « sabots » sur les véhicules mal garés (et encore c’est discutable) d’honnêtes citoyens et à empocher leurs dix mille francs.

En conclusion, nous disons que le corps de la circulation urbaine déployé à Niamey est gravement gangrené et menace l’honneur de tous les policiers. Aux hauts responsables de la police d’y mettre de l’ordre. De toute urgence !

Habou Maîwaina  

(LE REPUBLICAIN DU 17 AU 23 Novembre 2016)