Lyon, le 18 mai 2017
Monsieur Emmanuel MACRON
Président de la République française
Monsieur le Président,
Aussitôt investi à la suite de votre élection comme président de la République française, vous avez décidé de réserver votre premier voyage hors d’Europe au Sahel, afin de rendre visite aux Forces françaises qui y sont positionnées. Il s’agit, semble-t-il, d’un geste symbolique destiné à marquer non seulement la reconnaissance de la République française pour son armée, mais aussi son envie de réaffirmer son rôle dans le monde, notamment dans la bande sahélo-saharienne.
Votre volonté de procéder à une refondation de la politique étrangère nous fait espérer que la coopération avec l’Afrique sera un volet essentiel de cette promesse. En effet, les enjeux y sont multiples, complexes, et les méthodes choisies précédemment pour endiguer les différentes situations de crise afin de faire face aux défis que la France partage avec le Sahel n’ont pas démontré leur réelle efficacité. La question sécuritaire intègre désormais la lutte contre les différents réseaux mafieux aux motivations diverses qui se nourrissent de trafics de toute sorte, notamment des flux migratoires. Ces phénomènes, nouveaux, menacent de plus en plus la stabilité de la sous-région et fragilisent d’autant la cohésion des communautés ethnoculturelles qui forment sa population.
L’expérience des situations similaires prévalant dans d’autres régions du monde montre qu’une approche purement militaire ne saurait contenir ces menaces si elle n’est pas accompagnée d’une initiative politique incluant un volet socio-économique adapté aux réalités locales. Il faudrait par conséquent se poser la question de l’efficacité d’une coopération multilatérale dont la lourdeur et la gouvernance réduisent fortement l’impact sur les populations cibles.
Compte tenu de l’importance des enjeux, des limites des méthodes déjà éprouvées, il nous semble indispensable que d’autres voies soient explorées. La France est en situation de lancer une initiative audacieuse pour accompagner les pays de la sous-région dans une sorte de Plan Marshall dont elle pourrait convaincre de la nécessité les autres pays européens. Le Niger pourrait ainsi abriter une plate-forme qui disposerait de moyens humains et techniques afin de piloter les différents volets de cette initiative.
La communauté internationale, qui reprend progressivement en main la politique sécuritaire et certains aspects des stratégies de développement, devrait se montrer plus audacieuse et aller encore plus loin en accompagnant ces pays vers une véritable refondation de leurs institutions. Les atouts dont la France jouit grâce à son Histoire et qu’elle aurait cependant pu cultiver davantage souffrent aujourd’hui des approximations liées à une incapacité des élites à moderniser leurs rapports avec l’Afrique.
Monsieur le Président,
La France, devrait se défaire des schémas archaïques qui ont longtemps compliqué ses rapports avec les peuples du Sahel notamment les touaregs. La question sécuritaire de la bande sahélo-saharienne ne peut se concevoir sans une prise en compte des intérêts et de l’apport des populations locales. Votre volonté d’insuffler une autre politique africaine suscite l’espoir de voir évoluer les rapports qu’entretient la France avec les peuples dont elle a contribué à façonner le destin depuis plus d’un siècle.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma haute considération.
Organisation de la Diaspora Touarègue en Europe (ODTE)
Abdoulahi ATTAYOUB, président