Me Yayé Mounkaila vient d’être élu bâtonnier de l’ordre des avocats du Niger lundi dernier avec 57 voix contre 52 voix pour Me Djermakoye Ibrahim son challenger. Le bâtonnier sortant Me Samna Daouda Soumana avait promis à son élection de faire un seul mandat et se retirer. Promesse tenue car malgré l’insistance de ses pairs l’encourageant à solliciter un second mandat, il a préféré passer le témoin à un autre camarade. Contacté par nos soins, Me Samna nous a confié : « Nul n’est indispensable. On peut contribuer au rayonnement de sa structure sans être forcément à la direction.»
Une très belle leçon de démocratie et de bonne gouvernance à l’endroit de nos structures de la société civile et même nos partis politiques où quand on est élu, on est président à vie. Du moins l’alternance n’est envisagée que si c’est seulement si on doit transmettre les rênes à son rejeton ou un ami sûr, histoire d’assurer ses arrières.
C’est cette mauvaise vision qui fait qu’en Afrique les élections constituent une pomme de discorde. Très peu de dirigeants africains ont osé quitter le pouvoir après la fin de leur mandat. Et les crises post-électorales en Afrique n’honorent pas l’Afrique et les africains. Pourquoi la fin d’un règne est perçue comme un drame, une fin du monde ? Pourquoi penser qu’on est indispensable même lorsque le langage du peuple n’est plus codé dans sa volonté de ne pas recomposer avec l’équipe sortante ? Un Kabila très jeune ne pourrait-il pas servir autrement son pays s’il laissait un autre congolais poursuivre après deux mandats ?
A ces interrogations, seule la Fondation Mo Ibrahim a le secret. En mesurant le leadership et la bonne gouvernance à l’échelle africaine cette Fondation ne trouve plus d’ancien chef d’Etat africain méritant et digne d’avoir accompli sa mission. C’est en cela que nous pensons que Me Samna et le barreau mérite cette mention spéciale comme un modèle au sein de la société civile nigérienne. Nous disons simplement vive la démocratie au sein du barreau !
EMS