Un scoop, ou une exclusivité, désigne dans le jargon journalistique ‘’ une information importante et exclusive’’. Lorsque Moussa Aksar révélait pour la première fois l’affaire dite des ‘’bébés importés’’ impliquant des hautes personnalités au Niger, d’aucuns ont vu en lui un laquais, un mercenaire de la plume aux ordres du régime en place à Niamey. Il avait également révélé des informations jamais démenties à l’occasion de la tentative du putsch avorté et bien d’autres sur des questions de sécurité où il excelle. Que diront les pourfendeurs de notre confrère qui s’est révélé comme un véritable journaliste d’investigation avec cette affaire de Rhissa Mohamed Ali dit Rimbo qu’on considère comme un des piliers du principal parti au pouvoir à savoir le PNDS ?
Savez-vous ce que s’est « Les Panama papers » ? Eh bien c’est le journal français Le Monde et 108 autres rédactions dans 76 pays, coordonnées par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) qui ont eu accès à une masse d’informations inédites qui jettent une lumière crue sur le monde opaque de la finance offshore et des paradis fiscaux. « Les Panama papers » révèlent qu’outre des milliers d’anonymes, de nombreux chefs d’Etat, des milliardaires, des grands noms du sport, des célébrités ou des personnalités sous le coup de sanctions internationales ont recouru à des montages offshore pour dissimuler leurs actifs ».
Notre confrère Moussa Aksar, directeur du bihebdomadaire L’Evénement, membre de ce consortium des journalistes d’investigation, vient de mettre en évidence que notre pays n’échappe pas à la mafia internationale. Rimbo Transport Voyageurs épinglé dans ce monde des « paradis fiscaux » n’est certainement qu’un élément parmi tant d’autres non encore identifiés. A propos justement de cette scabreuse affaire Rimbo, l’on peut lire sur lemonde.fr : « Tout commence le 7 août 2008, lorsque Mohamed Rhissa Ali, qui vit à Niamey, ouvre sa première société offshore aux Seychelles : Trenson LLC. Il en est le directeur et donc le responsable légal. Sept mois plus tard, ce véhicule financier change de nom pour devenir Trenson Investment & Trading Ltd. L’activité de cette société n’est autre que le transport de voyageurs au Niger.
Mohamed Rhissa Ali a d’abord fait ses classes dans l’import-export dès 1999 avec sa société « Rimbo ». Avant d’investir le secteur du transport de voyageurs au Niger en 2003 avec Rimbo Transport Voyageurs (RTV-SARL) dont il détient 50 % du capital, le reste est réparti entre deux associés. « Monsieur Rimbo » a commencé modestement avec seulement trois bus qui roulaient sur les 650 km de route cahoteuse reliant Niamey à Maradi, en bordure de la frontière avec le Nigeria. »
Et notre confrère poursuit en rapportant les hauts faits du patron de la RTV : « Entre 2004 et 2008, il se développe et créé plusieurs agences dans les sept régions du pays. Sa flotte compte désormais plus de quarante-cinq bus de soixante-dix places chacun. Pas suffisant. Il voit dans l’intégration régionale et le marché commun de l’espace de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa, huit pays) une opportunité de développement de son affaire. Le voilà qui ouvre en 2008 des agences au Bénin, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Togo. Désormais « Rimbo » voit grand, acquière 19 bus par an pour un montant de 3,5 milliards de francs CFA « sur fonds propre et le reste étant financé par les banques de la place », dit-il. Cette même année 2008, il s’essaye à la finance offshore. »
Notre confrère de conclure : « L’homme d’affaires qui dispose d’un entregent politique semble assez habile pour avoir réussi à éviter la crise qui frappe le secteur des transports et a dévasté des sociétés comme Aïr transport, SNTV et d’autres. Mais son nom s’est récemment retrouvé au cœur d’un scandale de trafic de devises. « Rimbo » a été interpellé avec 10 milliards de francs CFA en devises. Mais faute d’enquête des autorités, le pactole lui a été restitué ainsi qu’à ses complices à l’été 2015. Ce qui n’a pas manqué de provoquer l’ire du syndicat national des agents des douanes qui a dénoncé une intervention de l’Etat. Et la condamnation de l’Association nigérienne de lutte contre la corruption. Des Seychelles au Niger en passant par le Panama, la fortune de Mohamed Rhissa Ali semble alimenter des circuits opaques. »
Et pour éviter toute ambigüité sur l’authenticité et le sacerdoce de Moussa Aksar, il est loisible de lire sur lemonde.fr cette précaution d’usage : « Cette enquête a été réalisée par Moussa Aksar du journal nigérien L’Evénement et l’African Network of Center for Investigative Reporting (ANCIR), en coordination avec le Consortium international de journalistes d’investigation (ICIJ). Le texte original a été adapté par Le Monde Afrique. »
Lorsqu’il a été reçu en interview par le site Niger Inter, Aksar n’a pas trahi la perception qu’avaient de lui nos confrères qui écrivaient : « Flegmatique et drôle, ce targui d’Agadez est venu à la presse par passion. S’il y a un domaine où il se démarque de ses confrères nigériens c’est bien sûr dans le traitement de l’information sur les questions de sécurité. Il a osé prendre des risques souvent même dans les affaires concernant la grande muette. Avec un carnet d’adresses bien garni, après un séjour à la radio Saraounia de son ami Moussa Kaka de RFI, il fonda son journal L’Événement qui a fini par s’imposer comme « un canard » avec lequel il faut compter dans le microcosme médiatique nigérien. En août dernier, le Groupe Africain d’Expertise en Communication (GAEC) a décerné à N’Djaména au Tchad, à l’occasion d’une rencontre internationale sur les Médias et la lutte contre le terrorisme dans la zone sahélo saharienne, le prix des médias africains pour le leadership et la paix au président Idriss Déby Itno et une distinction à Moussa Aksar ». Il est également récipiendaire d’un certificat en journalisme aux USA et d’une attestation de bonne gouvernance de Mo Ibrahim, le fondateur de la très rigoureuse Fondation Mo Ibrahim qui récompense les anciens chefs d’Etat africains en matière de bonne gouvernance. Disons simplement mention spéciale à Moussa Aksar et bon vent pour d’autres exploits ! Pourvu qu’il inspire des journalistes nigériens.
Elh. M. Souleymane
*photo : de gauche à droite Mo Ibrahim, Moussa Aksar et Albert Chaibou