Par ces temps qui courent et qui bouleversent ou tentent de bouleverser tant d’équations, il nous semble opportun de dire quelque chose. En effet , face à toute cette cacophonie et prises de positions au nom de Dame démocratie, il y a lieu d’appeler les uns et les autres à moins de dérapages, disons à plus de sagesse sinon à plus de retenue. Certes , au nom de la liberté de parole, d’opinions et autres , tous les citoyens ont le devoir de s’exprimer sur tous les sujets de Société qui touchent leur pays. Ici , nous parlons du notre : le Niger. C’est d’ailleurs la preuve que notre démocratie s’épanouie au point où la malmenons sans ménagement et sans discernement. Une vitalité qui peut honorer notre engagement à embrasser et à vivre avec cette démocratie qui nourrit notre espoir et fixe nos droits et nos devoirs. Mais, depuis un certain temps cette belle recette acquise à la sueur du front du peuple , commence à souffrir , j’allais dire à perdre des plumes et mêmes ses repères. Nous devons faire donc attention si nous voulons profiter de ses grâces .
RETROSPECTIVE
Le 28 Février 2014 j’avais publié une contribution dans laquelle il était écrit ceci « L’année 2O16, c’est déjà bientôt et le Niger élira un nigérien ou une nigérienne parmi nous ou plutôt parmi les candidats « Nous regrettons qu’il n’y ait aucune candidature féminine au vu de celles déposées C’est bel et bien un dommage et nous devons regretter cela sincèrement. Celle qui est en vue s’est longuement expliquée devant le peuple en donnant des raisons qui motivent son intention de ne pas briguer la Présidentielle Mais, comme on dit « le cœur a des raisons que la raison ne connait pas » Et comme on dit « dont acte » Toujours dans mon intervention j’avais ajouté que cette candidature à la Présidentielle serait pour occuper une place , une seule place que vont lui octroyer les 17 millions de Nigériens qui répondent au nom de peuple Souverain .Ce qui est à n’en pas douter un véritable signe de confiance. Ce qui suppose que la législature de 2011 s’est belle et bien achevée dans des bonnes conditions qui permettront au Président sortant de briguer un second mandat selon la prescription de la Loi Fondamentale. Parce que notre pays , disons les régimes qui se sont succédé , avaient dans la plupart été « balayés selon le terme courant utilisé à quelques mois de leur fin. Nous vous épargnons la triste comptabilité des actes qui y ont mis fin par la violence ,que cela s’appelle coup d’Etat militaire ou Constitutionnel et qui ont brisé notre élan. Nous devrons apprendre à conjurer ce mal politique qui nous empêche de gouter à la démocratie tout court. Nous pourrons ouvrir une nouvelle page de notre histoire , politiquement glorieuse. Mais à condition qu’une législature arrive à son terme comme nous le pensons et l’espérons pour celle qui va s’achever afin d’accéder à des élections consensuelles en Février prochain .Dans l’intérêt de nous tous en donnant une chance à cette jeunesse qui se bat ainsi qu’aux plus démunis qui attendent tout de nous tous. Cela à juste titre. »
Cette parenthèse de ma contribution de 2014 étant fermée je me tourne vers les véritables enjeux des toutes ces prochaines consultations Présidentielles et autres qui s’annoncent à la porte en Février 2016 dans un mois. Et qui sont le lot quotidien des conversations et des préoccupations des nigériens. C’est de bonne guère parce qu’il s’agit de l’avenir de notre peuple qui aura à se choisir ses dirigeants pour 5 ans .C’est d’ailleurs le lieu où chaque citoyen aura son mot à dire parce que c’est son avenir qui est en jeu . Et qui dit avenir, dit destin. Un destin est en quelque sorte cette trajectoire qui conduit l’homme de son berceau à sa dernière demeure Un chemin qu’on doit baliser par une vie honorable et digne .L’adage précise même « que la vie ne vaut rien mais que rien ne vaut la vie » Soit !
LES IMMUABLES REGLES D’UN ETAT DE DROIT
L’Etat de droit est un fait et ne doit en aucun cas , devenir une marchandise que l’on doit monnayer comme des centimes ou des billets de banque qu’il faut fructifier pour s’en servir à sa guise . Un Etat de droit est un ensemble de valeurs cardinales partagées et qui font du citoyen une personne humaine égale devant la justice qui lui dicte sa place selon les faits et actes qu’il a accomplis . Au sein d’une Nation organisée en République, le socle de notre appartenance à une Communauté de Destin .D’où le slogan « Nul n’est au dessus de la loi »
C’est pourquoi la Constitution a balisé les différentes Institutions pour ne pas dire les divers pouvoirs par une ligne de démarcation . Même si tous les pouvoirs encourent à la prospérité de leurs peuples. Dans un pays où la démocratie est de règle, il ne doit pas être question de substitution d’un pouvoir à l’autre ou de superposition . La Constitution est claire comme l’eau des roches . Même si des textes de lois peuvent être caution à des interprétations dans certains cas, il n’en demeure pas moins que « force revient à la loi » Le refuge des lois est la justice elle même, avec ses Magistrats de siège ou non, avec comme guide la loi et le droit symbolisés par la Balance qui penche du côté de la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. A ce titre nous devons laisser notre justice dire le droit tout le droit ,rien que le droit Nous lui devons respect . Même si nous ne respectons pas des juges et non les juges , nous devons avoir à l’esprit que notre justice est au service du peuple . D’ailleurs elle demeure le 3ème pilier de notre République .Elle se doit d’exercer pleinement sa mission à elle confiée par la Constitution d’où elle tire sa légitimité. De la même manière que le Droit de grève est prescrit par la Constitution et doit s’exercer dans un cadre strict.
AU NOM ET PAR LA VOLONTE DU PEUPLE
Le Niger a rendez vous avec l’Histoire et nous espérons que la volonté du Peuple sera accomplie .II s’agit de la stabilité, de la paix et de la mise en place des structures électorales qui auront en charge d’appliquer scrupuleusement les consignes de vote sur l’ensemble de notre vaste Territoire . Afin que la démocratie triomphe Mais , pour cela il faut que nous procédions ( toutes tendances politiques et sensibilités confondues ) à des analyses profondes de la situation du pays. En effet, nous devons séparer politique partisane et la gestion de l’Etat Ce qui revient à dire que le Président doit se tenir au dessus de la mêlée étant le premier des Magistrats du pays. Parce que cette confusion peut conduire à des amalgames au niveau du citoyen et du militant ou du partisan tout simplement . Père de la Nation , il gère chaque jour une population de 17 millions de personnes avec leurs problèmes auxquels il est tenu de trouver des solutions Sa véritable famille c’est bien celle là. J’imagine qu’il n’a pas le temps ni l’occasion de rencontrer assez longtemps sa propre famille compte tenu des immenses charges qui pèsent sur ses épaules. Parce qu’au finish c’est lui seul qui sera tenu de rendre des comptes au Peuple . Ses collaborateurs nombreux qu’ils soient , affrontent aussi chaque jour les mêmes problèmes mais à une échelle plus réduite. IIs ont aussi leurs lots de difficultés Mais, comme on dit ils ont tous fait ce choix et ils seront tenus un jour ou l’autre de rendre le tablier et de répondre aussi à leur niveau aux questions du Peuple. Responsabilité oblige.
Si j’étais Président comme dit la chanson Mais, je ne le suis pas et c’est pourquoi en tant que citoyen libre d’un pays souverain et démocratique je me permets au nom de mon bulletin de vote , de m’adresser à mon et à notre Président , s’en m’en inquiéter. En écrivant ces lignes , quelques idées et souvenirs me remontent en surface IIs s’agit du rôle de l’Etat et du Pouvoir . Lorsque je dispensais des Conférences à l’EFOFAN, au Prytanée Militaire de Niamey et à l’Ecole de Police , il m’arrivait souvent de causer à bâtons rompus avec ces étudiants .Je leur disais « vous voyez c’est le citoyen qui par ses impôts vous entretient et jusqu’à l’arme que vous portez . Pour le protéger contre tout danger Une arme que vous ne devez retourner que contre celui qui veut s’en prendre à ce citoyen ou à ses biens. La défense du territoire et la sécurisation de nos frontières dans une République et un Etat où la loi vous autorise à utiliser votre arme C ’est une leçon que l’on vous rabâche tous les jours et vos Chefs y veillent constamment. C’est pourquoi je dis souvent que la caserne est une véritable école de discipline où l’on apprend le respect de l’ être humain et de la vie tout court . J’en sais quelque chose .C’est une école de la solidarité , du sacrifice et de la discipline. où l’on cultive l’amour de son prochain de la Patrie et de la République le Drapeau .Les jeunes nigériens devraient y faire un tour et il ne le regretteront jamais. Parce que nos Forces de Défense et de Sécurité qui sont issues de la Nation sont naturellement au service de cette Nation qu’elles ne cessent de protéger en tous lieux et en toutes circonstances . Elles ont payé un lourd tribut dans ce sens .
Le peuple souverain n’a pas de préférence en dehors de celui qu’il a choisi d’applaudir lorsqu’il est au pouvoir. Nous sommes en démocratie et nous devons faire beaucoup attention en tirant les leçons de notre récent passé et notre conduite vis à vis du pouvoir Nous sommes dans un Etat de Droit ou l’applaudimètre ne doit rimer qu’avec les objectifs de développement et lorsque le peuple a étanché sa soif et mangé à sa fin.
Nous devons nous éloigner des régimes de parti Etat, d’Etat d’Exception et même tout récemment lorsque notre cher Président S E M TANDJA Mamadou avait eu l’idée du Tazarché, tout le peuple l’avait applaudi parce que même les Forces Armées avaient voté son référendum Cependant , le jour où il avait été délogé par un coup d’Etat militaire , le même peuple avait applaudi Ce que je comprends bien Nous avons connu ces genres de situations tout le long des différentes législatures C’est ainsi qu’à la veille du coup d’Etat Militaire contre le Président DIORI , un journaliste de l’organe de l’Etat avait rédigé un article contre les Militaires et qu’il avait intitulé « le Carnaval des vautours » Mais, il n’avait pas eu le temps de le publier lorsque le coup d’Etat du Colonel KOUNTCHE avait eu lieu Et le lendemain le journal parut sans l’article mais plutôt avec des éloges des Militaires .Comme quoi « la chèvre ne broute que là où elle est attachée » Ce journaliste et le Journal appartenaient à l’Etat. C’était pour conserver son pain parce qu’on ne doit jamais ramer à contre courant. La vie des hommes et de l’Etat sont cousues de beaucoup de fils de ce genres .Sous tous les cieux. Si j’ai tenu à raconter ces choses , c’est d’abord parce que la nature humaine est ce qu’elle est et que depuis la nuit des temps le monde n’a pas changé malgré les profondes mutations. Nous devons nous en accommoder de certaines et nous débarrasser d’autres comportements .Ceux qui sont nuisibles
Pour terminer mon propos , je pense que le moment est venu où le Président de la République qui sera sans doute plébiscité aux prochaines élections prochaines , devrait ( je pense qu’il l’a à cœur ) prendre des dispositions et des mesures pour calmer la tension qui prévaut . Ainsi, nous irons à des consultations dans une ambiance paisible, sereine et courtoise. Ce à quoi aspirent tous les Nigériens aussi bien de l’Intérieur que ceux de la Diaspora . Bonne campagne électorale à tous les candidats à qui nous demandons de faire montre de responsabilité, de sérieux et surtout de faire Play. D’autant plus que les uns auront toujours besoin des autres en vue de tisser des Alliances pour gouverner ensemble En effet, la Campagne électorale , une fois achevée nous allons tous revenir à nos préoccupations : construire notre pays Courage et bonne chance à tous : Magistrats, Journalistes, Société Civile et surtout au peuple . Et que le meilleur gagne !
Abdoulaye HASSANE DIALLO Dr en Sciences Politiques, Journaliste .