C’est désormais officiel. L’ancien président du CDS-Rahama, Mahamane Ousmane est candidat à l’élection présidentielle du 21 février 2016. Il se présentera sous le parrainage d’une jeune formation politique, le Mouvement des Nigériens pour le Renouveau Démocratique (MNRD Hankouri) qui l’a annoncé le week-end dernier, à l’occasion des assises de son Conseil des cadres, tenu à Niamey. Cette investiture de Mahamane Ousmane par le MNRD intervient après l’échec de mobilisation des militants par ce dernier, à travers son fameux Comité de soutien à Mahamane Ousmane (COSMO) et l’Alliance des démocrates indépendants qu’il a tenté de mettre en place. En changeant de fusil d’épaule pour s’agripper au MNRD Hankouri, Mahamane Ousmane a-t-il pris les devants pour assurer ses arrières, alors même qu’il attendait impatiemment, le 4 janvier prochain, le verdict du procès en appel qu’il a interjeté devant la Cour d’Appel de Niamey qui doit statuer sur la légitimité ou non de la nouvelle direction du parti CDS, dirigée par Abdou Labo ? Certainement. C’est conscient qu’il n’a aucune chance de le remporter que Mahamane Ousmane, en bon calculateur, a vite fait d’anticiper sur les événements.
Un parrainage de sauvetage
S’agissant de l’investiture du candidat du parti aux élections présidentielles de 2016, annonce la déclaration rendue publique par le bureau politique national du MNRD Hankouri, «une seule candidature a été proposée par ledit bureau. Il s’agit en l’occurrence de la candidature de M. Mahamane Ousmane». Cette dernière, poursuit la déclaration, «peut paraitre ambiguë et même absurde pour ceux qui méconnaissent les textes fondamentaux du parti, en disant certainement, comment un parti politique peut investir à la présidence de la République, un candidat qui n’est pas militant dudit parti». Alors, dit le bureau politique de Hankouri, la réponse est toute simple, avant de renvoyer l’opinion publique à l’article 67 du Règlement intérieur du parti qui stipule : «Pour des raisons particulières et sans avoir besoin de les motiver, le parti peut ne pas présenter des candidats aux élections présidentielles. Dans ce cas, il peut soutenir ou investir un candidat qui n’est pas militant du MNRD Hankouri». Mieux, expliquent les cadres du parti, cette décision a non seulement été prise du fait que le président du parti Hankouri n’a pas «l’âge requis pour se présenter à la magistrature suprême du Niger», mais aussi et surtout par «la volonté du parti à défendre la tenue des élections inclusives en 2016 au Niger».
Le dilemme de Mahamane Ousmane
Malgré qu’il ait réussi à obtenir le parrainage du MNRD pour se présenter à la présidentielle de 2016, le goulot d’étranglement reste pour Mahamane Ousmane sa capacité de mobilisation des militants, surtout quand on sait que l’homme a beaucoup perdu de plumes. À tout point de vue, la tâche ne sera pas facile pour l’ancien président du CDS à pouvoir rallier un grand nombre d’électeurs autour de sa candidature. En effet, l’homme a presque tout perdu de sa popularité, même dans les zones géographiques qu’il considère comme étant ses propres fiefs électoraux et ce, depuis que le label CDS-Rahama lui a complètement échappé. Un autre handicap de taille qui entachera sérieusement cette candidature, c’est la jeunesse du parti Hankouri qui n’est nullement connu des nigériens, si ce n’est avec cette annonce de parrainage de l’ancien président de la 3ème République pour lui permettre de se présenter à la future présidentielle.
De ce fait, comment Ousmane et le MNRD Hankouri, pourront, en moins de deux mois, se faire connaitre auprès des populations, jusqu’à les convaincre à leur accorder leurs suffrages? En plus, Mahamane Ousmane s’est beaucoup fragilisé depuis le congrès CDS-Rahama de 2011 à Zinder dont les décisions ont toutes été annulées par la justice. Et pour ne rien arranger à sa situation, une dissidence conduite par Abdou Labo a fini par avoir raison sur lui. Il a d’abord perdu définitivement la présidence du parti, avant d’être exclu du CRS-Rahama, un parti qui l’a pourtant porté aux hautes fonctions de président de la République.
Comme on le voit, c’est avec une candidature dépouillée de toute sa substance que Mahamane Ousmane se lancera à la course pour la présidentielle de 2016 face à des candidatures beaucoup plus sérieuses et tenaces, à l’exemple de celle du président Issoufou Mahamadou, auréolée de tous les soutiens possibles que ne cessent de lui apporter les nigériens, très satisfaits de ses réalisations en seulement cinq ans de gestion du pouvoir d’Etat. Quelle déchéance pour cet ancien président de la République, démocratiquement élu après la Conférence nationale souveraine, puis ancien président de l’Assemblée nationale pendant 10 ans, sans compter les hautes fonctions qu’il a occupées dans des instances internationales comme l’Union interparlementaire, le parlement de la CEDEAO, etc. de se rabaisser aussi bas, cherchant de gauche à droite un point de chute pour se maintenir en politique.
Un «hassadiste» attitré
La «hassada» vous connaissez? C’est un mot Hassoussa emprunté de l’Arabe qui signifie envie extrême et dont Dieu invite les musulmans dans un des chapitres du saint Coran à se protéger. Un «hassadiste» se défini comme un envieux, qui, par la «méchanceté noire» ne veut pas de la réussite de son prochain. Eh bien, ce comportement cole à l’ancien président de la République, Mahamane Ousmane qui vient encore de prouver au peuple nigérien et à la face du monde entier, qu’il ne sera jamais un homme d’Etat avec tout ce que cela comporte, malgré qu’il fut le premier président démocratiquement élu post conférence nationale souveraine.
Pour cause, l’interessé, malgré son satatut d’ancien Chef d’Etat a encore brillé par son asbence aux festivités marquant l’anniversaire de la proclamation de la République du Niger, le 18 décembre dernier à Maradi.
Pourtant, un ancien putchiste, devenu Chef de l’Etat en la personne de Salou Djibo, était aux côtés du président Issoufou pour commémorer cet anniversaire.
Mahamane Ousmane n’est pas à son premier coup. L’homme a toujours brillé par son absence aux côtés des plus hautes autorités de la 7ème République, à toutes les fêtes de la République, devenant ainsi un abonné de boycott de toutes les invitations qui lui sont régulièrement transmises pour honorer de sa présence à ces genres de manifestations et ce, depuis que son ancien Premier ministre tient les brides du Niger.
Mahamane Ousmane, rongé par la «hassada» avait annoncé les couleurs dès 2011, en s’abstentant de participer à l’investituture d’Issoufou Mahamadou, alors nouveau président élu du Niger, pretextant un voyage de «tourisme» au Nigéria voisin. En plus, musulman de surcroit, l’ancien président Ousmane en a poussé l’outrecouindance jusqu’à banir les invitations à la rupture du jeune durant le mois de Ramadan, initiées par le président Issoufou.
Ce comportement d’un autre âge traduit à lui seul le désaroi de cet homme aux abois qui a eu tant de privilèges et qui se comporte comme un «collégien». De la présidence du CDS Rahama, un grand parti qui a fini par éclater en diverses formations politiques du fait de l’attitude «boulangère» d’Ousmane, en passant par la présidence de la CEDEAO et du parlement nigérien, l’interressé a tout eu qui peut lui permettre de se comporter en grand avec un grand G. Mais comme dit l’adage «quelqu’en soit la durée d’un tronc d’arbre dans l’eau, il ne se transformera jamais en caïman». Arrivé au pouvoir par le hasard de l’histoire, Mahamane Ousmane, au lieu de faire l’histoire comme les grands hommes, a malheusreusement raté l’histoire. A l’image d’un tenancier de bar et de maisons closes en faillite qui faisait crédit à ses clients, Mahamane Ousmane sort malheuseusement par la toute petite porte d’un Niger qui se reveille par les actions salvatrices de la renaissance au profit des populations.
Source : L’Evenement N0 845