En cette fin d’année 2015, on peut penser à un bilan. J’ai aussi pensé à parler de notre pays le Niger à quelques mois des consultations électorales alors que nous traversons une période cruciale . Celle de quelques tensions sociales et politiques qui vont de l’affaire des « bébés achetés » à une tentative de coup d’Etat. Un pays qui a besoin de toute sa lucidité et de toutes ses forces pour poursuivre sa marche vers son développement.
Les jours , les mois et les années se succèdent et se complètent . Nous avançons aussi avec le temps qui nous gère et nous dicte sa loi . Nous sommes ainsi pris en otage dans un tourbillon comme dans une nasse. Et lorsque l’année tire à sa fin , nous procédons à nos comptes en tirant une conclusion sur nos actions.
En tant que citoyen , nous nous interrogeons sur notre sort, sur notre vie, en nous demandons ce que nous avons apporté aux autres et vis-versa . Nous nous demandons ensuite ce que nous avons obtenu de notre pays au cours des divers mandats des dirigeants. Dans 24 h nous aurons égrené 365 jours et ouvrirons une nouvel le page , ce saut dans l’inconnu Mais, en famille aussi on fait le bilan et on s’organise pour affronter l’année qui sonne à la porte.
L’ETAT ET NOUS
Nous profitons justement de cette étape pour parler de notre pays. Nous devons nous interroger sur la destination que nous prenons à quelques mois des élections , compte tenu de l’atmosphère inquiétante qui prévaut. Sinon comment peut on comprendre que depuis la Conférence Nationale Souveraine du Niger , que la marche démocratique de notre pays , soit entravée par des irruptions de la grande muette dans la vie Nationale ? Si nous nous rappelons que ce sont les forces vives de la Nation, celles qui sont aux affaires aujourd’hui qui avaient participé pour briser la pensée unique ? Comment , après cette rencontre de famille au cours de laquelle nous nous sommes « engueulés » , pouvons nous accepter de revenir à chaque fois à la case de départ ? Comment après voir lavé en cette circonstance, notre linge en famille , que nous empruntions le chemin en sens inverse ? Comment , après avoir fait le serment de nous consacrer à la construction de notre pays , que nous en soyons au médiocre résultat de 9 Présidents, 7 Républiques, 4 Coups d’Etats et tout récemment victimes d’ une tentative de déstabilisation ? Un triste recors dont nous en sommes tous responsables. Comment depuis 1991 que nous avons embrassé la démocratie , que celle ci nous drible à l’approche de chaque fin de législature pour nous ramener au cycle infernal de Transition … militaire ? II y a quelque chose qui cloche , disons qui ne va pas et que nous devons examiner la tête froide avec lucidité afin de trouver la solution . Même s’il est vrai que notre pays est devenu par la force des choses , un véritable laboratoire d’expériences politiques . Un pays qui a connu des régimes de parti Etat, d’Exception, d’Alliance contre – nature, de Cohabitation , de Transition civile et Militaire . Un tel palmarès devrait nous amener à nous éloigner des politiques et des gestions de « navigation à vue » pour respecter la direction de la boussole qu’on tient. Celle que le peuple a façonnée et tendue à la direction du pays. A qui amputer la faute ? Certainement pas au pacifique peuple et au citoyen « lambda ». Pourquoi des pays qui regorgent des Maréchaux, des Généraux de tous ordres, des militaires de carrière comme chez nous ne sont ils pas victimes des coups d’Etats en dépit des empoignades de la classe politique ? Nous devons assumer notre échec en remettant en cause tant de comportements et de dérives qui parfois risquent de faire tanguer notre très chère République . Une République que nos ainés et devanciers ont édifiée avec sueur, sang et intelligence .
Nous devons avoir le courage de nous assoir et de tout mettre sur la table puis de revoir ce qui nous empêche d’avancer dans la construction de notre cher pays. Nous ne comprenons pas que, pendant que des nigériens se sacrifient pour donner le meilleur d’eux que , d’autres se complaisent dans la destruction. Ce n’est nullement une affaire de majorité et d’opposition ni de pouvoir et de ceux qui ne l’exercent pas. II ne s’agit pas de telle groupe contre un autre parce que notre pays est un et indivisible. Et parce que les nigériens tous confondus aiment leur pays II s’agit de justice tout court , cette denrée indispensable à la bonne marche de chaque groupe ou communauté. Un pays comme le Niger où nous disposons de toutes les institutions aussi bien traditionnelles qu’Etatiques et qui fonctionnent, nous n’avons pas le droit de tourner en rond.
LE NIGER EST NOTRE BIEN COMMUN
A la veille de cette nouvelle année, nous souhaitons tous paix et prospérité à notre pays et que les hommes politiques s’entendent pour le bien de nous tous. Et qu’ils en prennent bien soin II nous faut terminer l’année et entamer la nouvelle avec espoir et assurance pour accéder à des consultations électorales justes, inclusives, libres et transparentes, en 2016 comme notre pays a toujours su les organiser . Nous voulons la paix, la tranquillité et la stabilité pour entamer encore une année pleine de bonheur . Nous souhaitons surtout que cette législature s’achève normalement afin que notre pays entre aussi dans les grâces de la véritable démocratie. Et que le meilleur gagne. Pour cela nous devons taire nos inutiles querelles qui nous éloignent de nos aspirations. Nous voulons être des citoyens d’une République où les pouvoirs et les régimes se relaient à travers le suffrage universel, selon la volonté du peuple. Nous devrons nous tendre la main en posant chacun notre brique sur le mur de la construction nationale . Parce que rien ne peut se faire de durable si nous nous ignorons ou ramons à contre courant. Ce qui équivaudrait de tresser sur des poux. Nous devons nous pardonner et pourquoi pas , nous présenter des excuses parce que les pouvoirs et les hommes passent alors que le peuple ne se souviendra que de leurs actes et actions. Parce que le peuple n’a pas la mémoire courte. Et parce qu’il est inimaginable que nous allions à des élections dans quelques mois , sans une paix sociale . Nous y gagnerons tous si nous organisons des consultations sereines .
UNE DIASPORA RESPONSABLE
Je vais terminer ma réflexion en adressant toutes mes félicitations à la Diaspora Nigérienne de France réunie en Conseil des Nigériens de France. En effet, de mémoire de Nigérien résidant en France c’est la première fois depuis des décennies que cette importante Communauté a consacré à travers deux évènements en direction du pays. D’abord elle a organisé une journée culturelle pour consolider ses liens avec notre Ambassade et pour s’impliquer ainsi dans la construction du pays. A cette journée culturelle du Niger à Paris, on notait la présence de SEM MAYAKI Abdrahamane. Une journée qui a vu la participation des nigériens de toutes les Régions de France avec des danses, des chants, des conférences sur notre pays . Ce fut un échange fructueux entre les nigériens et leurs partenaires français. Un message qui est bien passé
Enfin le 19 Décembre 2015 le CONIF avait organisé un Forum à Paris auquel au moins 200 personnes avaient participé comprenant des délégations de toute la France et celles d’Europe. L’ambassadeur du Niger en France SEM ADO Elhadj Abou avait participé en apportant ainsi le soutien de l’Etat à une Communauté organisée et qui entend occuper toute sa place dans la construction et le développement de son pays. Le Président du CONIF Mr Adam OUMAROU avait appelé tous les nigériens à se rassembler et à s’impliquer entièrement dans la lutte contre le sous-développement de notre pays. Un exemple dont devrait s’en inspirer toute la Diaspora Nigérienne éparpillée à travers le monde et dont les Délégués avaient plaidé pour la création d’un Haut Conseil des Nigériens de l’Extérieur à la Conférence Nationale Souveraine en 1991. Un Haut Conseil dont la Conférence Nationale avait autorisé la création par l’acte XXIII. Reste que le chemin est long mais il faut l’emprunter avant d’arriver à bon port. C’est une question de volonté , de bon sens d’engagement et surtout de patriotisme.
Dr Abdoulaye HASSANE DIALLO, Politologue